My two cents - Le livret A

Pour cette première chronique "My two cents", la hausse du livret A, décidée hier par le gouvernement, est dans mon viseur. Le livret A est le placement préféré des français : plus de 60 millions de comptes ouverts. Mais seulement 9% des épargnants atteignent le plafond et seule une petite partie d'entre eux (à priori les français les plus aisés) auraient la capacité d'ajouter de l'argent sur leur livret. Par conséquent, cette hausse est-elle judicieuse étant donné le contexte économique ? Quelle est son utilité ? Est-elle risquée pour le budget de l'Etat ?

Plutôt que l'austérité pour sortir l'Etat de la spirale de la dette, François Hollande a choisi la voie de la croissance. Or, le gouvernement a annoncé hier la hausse du plafond du livret A de 25% puis de 25% supplémentaires à la fin de l'année. 

Cette décision est-elle logique ? A priori non car le meilleur moyen de stimuler la croissance est la consommation, or la consommation des ménages a chuté de 0,2% au deuxième trimestre 2012. Inciter à l'épargne est donc à priori une erreur car il serait plus judicieux d'inciter les français à dépenser !

Seconde erreur stratégique : en augmentant le plafond du livret A, l'Etat va également encourager les français à déplacer une partie de leur épargne soumise à l'impôt (tel qu'un Plan Epargne Logement), vers ce placement défiscalisé. Ainsi, le gouvernement va réduire ses recettes fiscales !

On pourrait cependant penser que cela serait bénéfique pour la construction de logements sociaux, car elle est principalement financée par le livret A via la collecte de la Caisse des Dépôts. Mais cela ne sera pas le cas. Pourquoi ? Premièrement, la hausse du plafond apporterait 8 milliards d'euros. Une somme dérisoire face aux 220 milliards qui existent déjà sur les livrets A. Ensuite, le gouvernement souhaite construire 150.000 logements sociaux. Mais le problème du logement vient plutôt des projets et des terrains que du financement

En effet, la Caisse des dépôts dégage déjà "un excédent structurel non employé". Fin 2011, le total des fonds du livret A, celui du livret de développement durable (LDD) et celui du livret d'épargne populaire (LEP) s'élevaient à 222,5 milliards d'euros, pour seulement 133,1 milliards d'encours de prêts, selon les chiffres de la Caisse des dépôts. Dans un communiqué envoyé mercredi, la Fédération bancaire française répète que "la collecte nette sur le livret A est en forte augmentation" et que les fonds affectés au logement social ne sont pas encore complètement utilisés. Par conséquent, augmenter le plafond du livret A n'augmentera pas le nombre de logements sociaux. 

Samuel Cour

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