Le gouvernement passe à l'action sur le livret A et les carburants

Taxé d'immobilisme à droite, critiqué pour ses hésitations sur sa gauche, Jean-Marc Ayrault est monté en première ligne mercredi pour la rentrée du gouvernement en annonçant le relèvement du plafond du livret A et une baisse de la fiscalité sur les carburants pour tenter d'enrayer leur flambée...

Parlant au micro de BFM-TV et de RMC dans la matinée puis, de façon inhabituelle, à la sortie du conseil des ministres dans la cour de l'Elysée, le Premier ministre a indiqué que le gouvernement entendait ainsi montrer qu'il "est prêt à agir sur toutes les situations d'urgence" tout en menant à bien des réformes de fond. Parmi celles-ci, il a confirmé la réforme de la fiscalité dans le cadre du projet de loi de finances 2013 puis la présentation d'un nouveau cadre réglementaire pour les banques, au dernier trimestre 2012.

Il a évoqué aussi les problèmes de coût du travail dans l'économie française et n'a pas fermé la porte à un relèvement de la CSG (contribution sociale généralisée) dans le cadre du débat à venir sur le financement de la protection sociale.

Figurant dans les promesses de campagne de François Hollande, les mesures annoncées mercredi tiennent compte toutefois de l'environnement budgétaire difficile. Le plafond du livret A défiscalisé, que le candidat socialiste s'était engagé à doubler, ne sera relevé rapidement que de 25% puis par la suite "en fonction des besoins". Quant aux taxes sur les carburants, elles feront l'objet d'une baisse "modeste et provisoire", alors que le futur chef de l'Etat avait évoqué un blocage des prix en cas de forte hausse.

Jean-Marc Ayrault a indiqué que le gouvernement demanderait aux producteurs et distributeurs d'assumer "leur propre part de l'effort" et annoncé son intention de mettre en place un mécanisme de régulation des prix des carburants.

Il a confirmé l'objectif de réduction des déficits publics à 3% du produit intérieur brut en 2013, soulignant que le gouvernement "s'adaptera" si la croissance de l'économie française, qu'il estime à 1,2% l'an prochain, n'est pas au rendez-vous.

Les grandes lignes de la réforme du livret A ont été dévoilées lors du conseil des ministres de rentrée, avant la présentation la semaine prochaine du premier grand texte social du gouvernement, qui porte sur la création de 150.000 "emplois d'avenir" pour les jeunes peu qualifiés.

Suivra le 19 septembre le projet de loi sur la ratification du pacte budgétaire européen, qui suscite de fortes réserves à l'aile gauche du Parti socialiste et chez ses alliés écologistes. Le Premier ministre a adressé une mise en garde aux députés de la majorité tentés de ne pas voter le texte. "Je crois que ce n'est pas possible", a-t-il dit.

"Quand on est dans la majorité et qu'on soutient le président de la République, on doit être solidaire (...) ces quelques députés, j'espère, prendront leurs responsabilités parce qu'ils savent bien qu'ils ont été élus après l'élection de François Hollande et qu'ils lui doivent aussi leur élection".

Jean-Marc Ayrault s'en est pris d'autre part au leader du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui multiplie les critiques contre le gouvernement depuis le week-end dernier, lui reprochant son manque de "lucidité". "C'est vrai que lorsqu'on revient de cinq semaines de vacances au Venezuela avec M. Chavez, peut-être qu'on manque un peu de connaissances réelles de la situation de la France et de l'Europe", a-t-il dit. L'intéressé lui a répondu en déclarant qu'il n'entendait pas changer de ton "pour faire plaisir à cette équipe mi-chèvre mi-poisson, qui a toujours l'air de se réveiller continuellement".

"Je ne suis pas l'opposition, nous sommes les ayants droit, c'est nous qui avons fait la victoire, donc nous voulons notre dû", a-t-il dit lors d'une vente de fruits et légumes organisée à Paris par des producteurs soutenus par le Parti communiste.

A droite, l'ancienne ministre du Budget Valérie Pécresse a dénoncé comme un "marché de dupes" la baisse annoncée des prix des carburants. "Si on baisse les taxes pour les consommateurs d'essence, il faudra bien qu'un autre contribuable paye d'autres taxes pour rééquilibrer le budget de l'Etat", a-t-elle dit, avant de s'interroger de la même façon sur le coût de la défiscalisation d'un livret A au plafond relevé.

Jean-Vincent Placé, un des chefs de file d'Europe Ecologie-Les Verts, a fait part de son côté de sa "perplexité quant à la réalité, à la portée" de la baisse des taxes sur les carburants. "Nous aurions pu nous tourner vers une aide directe aux ménages les plus défavorisés et qui ont besoin d'une aide publique pour compenser cette baisse dramatique du pouvoir d'achat", a-t-il dit.

Source : Reuters

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