Le cardinal-archevêque de Paris a ouvert samedi l'assemblée des évêques de France par une charge contre le mariage homosexuel taxé de "supercherie" à quatre jours de l'examen prévu d'un projet de loi autorisant cette union en conseil des ministres...
Mgr André Vingt-Trois, qui préside la Conférence des évêques de France, qui tient son assemblée plénière jusqu'à jeudi à Lourdes (Hautes-Pyrénées), s'est érigé en défenseur des enfants pour "alerter" les Français. Il a demandé l'organisation d'un large débat sur la question.
"Imposer, dans le mariage et la famille où la parité est nécessaire et constitutive, une vision de l'être humain sans reconnaître la différence sexuelle serait une supercherie qui ébranlerait un des fondements de notre société et instaurerait une discrimination entre les enfants", a-t-il dit dans son discours d'ouverture adressé aux évêques. Il a ensuite précisé sa pensée lors d'une conférence de presse, jugeant que "ce serait une supercherie de faire croire aux enfants que deux parents d'un même sexe pourraient les avoir engendrés".
Le prélat a appelé les chrétiens à "saisir leurs élus" pour témoigner de leur opposition au projet de loi . "Je demande que tout le monde réfléchisse et prenne conscience de la gravité de ce qui est en train de se mettre en route", a-t-il précisé dans une interview accordée à BFM-TV.
Il a estimé que descendre dans la rue était une option possible, alors que des associations catholiques appellent à manifester le 18 novembre à Paris. "Ça fait partie des moyens d'expression démocratique. S'ils pensent que c'est un bon moyen efficace de se faire entendre, pourquoi pas ?" a-t-il dit devant les journalistes. Il a toutefois exclu à titre personnel de manifester. "Ma fonction, ça n'est pas de mener l'action politique, c'est d'éveiller les consciences et d'alerter mes concitoyens quand je pense qu'il y a matière à les alerter."
Le député écologiste Denis Baupin, vice-président de l'Assemblée nationale, a accusé l'archevêque de tenter "une fois encore de faire pression sur les élus de la République pour les empêcher de donner les mêmes droits à tous les citoyens". "M. Vingt-Trois, respectez les élus de la République, respectez les citoyens", déclare-t-il dans un communiqué.
Promesse de campagne de François Hollande, l'union civile entre deux personnes de même sexe est déjà appliquée dans une douzaine de pays mais suscite des remous dans l'Hexagone.
Le projet de loi sur le "mariage pour tous", dont l'examen en conseil des ministres a été reporté fin octobre, doit être présenté mercredi. Ce texte mobilise contre lui presque toute la droite ainsi que l'Eglise catholique, sans pour autant satisfaire pleinement les homosexuels.
Pour Mgr André Vingt-Trois, ce texte "n'est pas simplement une ouverture généreuse du mariage à de nouvelles catégories de concitoyens, c'est une transformation du mariage qui toucherait tout le monde". "Ce ne serait pas le 'mariage pour tous' (...) Ce serait le mariage de quelques-uns imposé à tous", a-t-il déclaré dans son discours d'ouverture, avant d'évoquer devant la presse un "changement de modèle" qui s'appliquerait à tous les couples.
"Quand on disait simplement, par générosité, sentiment d'égalité: 'on va ouvrir le mariage à tout le monde', on ne disait pas qu'on allait changer le mariage de tout le monde", a-t-il souligné. Le prélat a déclaré ne pas avoir d'"autre exigence" que l'organisation d'un large débat pour informer les Français.
Il a dit avoir reçu une invitation à une audition fin novembre devant des parlementaires pour exposer le point de vue de l'Eglise catholique. "J'attends de voir comment les responsables politiques et les élus vont gérer la situation et les questions qu'elle pose", a-t-il déclaré.
Mgr Vingt-Trois a souligné que sa position n'avait pas rencontré "d'opposition explicite" lors d'un débat avec les évêques samedi matin. Dans son discours d'ouverture, il les avait auparavant exhortés à "éclairer les consciences, dissiper les confusions et formuler le plus clairement possible les enjeux".
"Nous ne sommes pas dans une défense de je ne sais quels privilèges confessionnels. Nous parlons pour ce que nous estimons le bien de tous", a-t-il expliqué. "A-t-on demandé aux citoyens s'ils étaient d'accord pour ne plus être le père ou la mère de leur enfant et ne devenir qu'un parent indifférencié : parent A ou parent B ?"
Selon un sondage BVA publié samedi par Le Parisien, une majorité de Français sont favorables au mariage homosexuel mais ce soutien recule, de même que sur le droit à l'adoption pour les couples de même sexe. Sur 1.021 personnes interrogées les 30 et 31 octobre, 58% se déclarent favorables à ce que le droit de se marier soit accordé aux homosexuels, contre 41% qui s'y disent hostiles. En 2011, la proportion de personnes favorables au mariage homosexuel s'élevait à 63% et les sondés hostiles n'étaient que 30%, note l'institut de sondage.
©Crédit photo : REUTERS/Régis Duvignau
Source : Reuters
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