Après son score "historique" à l'élection présidentielle, Marine Le Pen espère arracher des sièges de députés après quasiment 26 ans d'exclusion de l'Assemblée Nationale, une situation vécue par son parti comme un déni de démocratie...
La présidente du Front national, qui s'est efforcée depuis son accession à la présidence en janvier 2011, de "dédiaboliser" le FN, voudrait aussi profiter de la défaite annoncée de l'UMP pour lui disputer le rôle de force d'opposition. "Nous avons gagné auprès des Français du crédit (...) Nous devons maintenant gagner une part de la représentation nationale, une part que nous méritons", explique-t-elle.
Les candidats de son "Rassemblement bleu Marine" sont crédités de 14% à 15,5% dans les derniers sondages, Ipsos notant une progression du FN de 1,5 point à l'approche du premier tour. Marine Le Pen avait obtenu 17,9% des voix à la présidentielle. Cependant, la participation (entre 57% et 60%) devrait être bien inférieure à celle de la présidentielle (80%), limitant les chances de ses candidats - qui doivent obtenir les suffrages de 12,5% des inscrits - de se maintenir au second tour.
Après la présidentielle, les cadres du FN n'excluaient pas d'être présents le 17 juin dans plus de 200 circonscriptions mais le parti est revenu à plus de réalisme. Pour Alain Marleix, député UMP et spécialiste de la carte électorale, le FN serait présent au mieux dans 80 triangulaires.
Composition de l'Assemblée Nationale de 2007 à
2012 (cliquez sur l'image pour zoomer)
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Les projections des instituts de sondages accordent au FN de 0 à 4 sièges mais la bataille sera également serrée dans une dizaine de départements, là où resteront en lice pour le second tour un candidat UMP, un candidat de gauche et un candidat FN.
Les espérances du FN portent en premier lieu sur la 11e circonscription du Pas-de-Calais, où Marine Le Pen aurait une chance d'être élue - les derniers sondages montrent un résultat serré - si elle devait affronter au second tour le candidat du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon. En revanche, si le socialiste Philippe Kemel arrivait en tête de la gauche dimanche, la présidente du FN serait nettement battue au second tour, selon les mêmes enquêtes.
Les regards se tourneront aussi vers deux circonscriptions du Gard en apparence jouables pour le FN, dont celle de l'avocat Gilbert Collard, président du comité de soutien de Marine Le Pen pendant la campagne présidentielle. Toutefois, selon un sondage Ifop pour Midi-Libre, il serait battu par la socialiste Katy Guillot au second tour, après une triangulaire.
Outre la Moselle et le Vaucluse, où se présentent deux de ses figures, Florian Philippot et Marion Maréchal-Le Pen, petite fille du fondateur du parti, Jean-Marie Le Pen, le FN nourrit des espoirs dans des circonscriptions de l'Oise, de l'Aisne, de l'Hérault et des Pyrénées Orientales.
Marine Le Pen a annoncé récemment qu'elle s'efforcerait de faire battre ou élire au second tour des députés en fonction de leur "valeur humaine", une façon de briser un peu plus le "front républicain" anti-FN mis à mal depuis les dernières cantonales.
Quand ses candidats ne seront pas en mesure de se maintenir au second tour, le FN devrait appeler à faire battre ceux de droite ou de gauche, qu'il jugera particulièrement "nuisibles". Sont dans la ligne de mire des candidats UMP qui ont manifesté une hostilité résolue à la présidente du FN.
Elle pourrait ainsi appeler à voter le 17 juin pour le candidat de gauche dans la 4e circonscription de l'Essonne, fief de l'ancienne ministre UMP Nathalie Kosciusko-Morizet, qui se veut en pointe du combat contre le Front national. Elle voudrait également faire battre Claude Guéant, l'ancien ministre de l'Intérieur et bras droit de l'ex-président Nicolas Sarkozy, à Boulogne-Billancourt, près de Paris.
Dans la 6e de Seine-et-Marne, Marine Le Pen veut croire que sa candidate, Marie-Christine Arnautu, accèdera au second tour. L'objectif serait de provoquer une triangulaire fatale au secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, comme en 1997.
Inversement, des sortants UMP qui ont soit prôné une entente avec le FN, soit défendu certaines de ses valeurs, pourraient bénéficier d'un soutien du parti, comme Maryse Joissains-Masini, députée maire d'Aix-en-Provence.
Dans le Vaucluse, Jacques Bompard, maire d'Orange, ancien du FN et animateur de la Ligue du Sud, pourrait également être soutenu par le "Rassemblement bleu Marine". Mais selon l'hebdomadaire d'extrême droite Minute, Jean-Marie Le Pen aurait mis son veto malgré un accord de réciprocité passé entre La Ligue du Sud et Marion Maréchal-Le Pen.
Le maire UMP des Saintes-Maries-de-la-Mer, Roland Chassain, candidat dans la 16e des Bouches-du-Rhône, s'est dit prêt, lui, à se retirer au profit de la candidate FN locale, sous réserve de réciprocité, pour faire battre le socialiste Michel Vauzelle, sortant et président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Source : Reuters
Samuel Cour
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