On croyait que le "plombier polonais" avait disparu. L’expression avait émergé en 2005 lors du projet de traité constitutionnel européen. Elle avait créé la panique chez les salariés français. Elle faisait référence à la directive Bolkenstein qui permettait à tous les ressortissants de l’Union européenne de travailler aux conditions sociales de leur pays d’origine...
Avec des salaires et des cotisations sociales défiant toute concurrence, c’était l’invasion assurée des "plombiers polonais"… Du coup, la directive a été réformée. On avait cru le principe enterré aussi. Faux! Selon une note confidentielle du ministère du Travail, le nombre de ces ouvriers low-cost venus travailler dans l’Hexagone n’a fait que grossir : il a plus que triplé depuis 2006, pour atteindre officiellement quelque 110 000 salariés en 2010. Ce document estime même qu’ils seraient de 220 000 à 330 000 en fait.
Des effectifs qui auraient encore augmenté de 15 % l’an dernier. Motifs : absence de main-d’œuvre française dans certains secteurs malgré un fort taux de chômage, prix attractifs dans un contexte de contraintes financières de plus en plus lourdes !
Aux Polonais se sont adjoints les ressortissants de nouveaux entrants dans l’Union européenne mais aussi des Espagnols ou des Portugais frappés par la crise. "Il y a maintenant des emplois que l’on perd en raison d’étrangers qui viennent nous concurrencer sur notre propre territoire", déplore Jean Arthuis, sénateur de la Mayenne (lire ci-dessous).
Le carré de Jaude à Clermont-Ferrand ? Réalisé par des Polonais payés selon les syndicats 5 € de l’heure et employés par Sendin, une entreprise polonaise sous-traitante d’Eiffage. Les élagueurs de l’électricien ERDF à Mons, en Haute-Garonne? Des Espagnols travaillant cinquante-quatre heures par semaine pour un sous-traitant espagnol de l’entreprise publique.
Ce phénomène est d’autant plus dur à contrer qu’il s’opère en général en toute légalité grâce au dispositif mis en place par Bruxelles sur les "sociétés étrangères de prestations de services", Le Premier ministre devrait dévoiler aujourd’hui un plan afin de mieux contrôler ces prestataires.
©Crédit photo : sur ce chantier de rénovation des HLM du quartier Bel-Air, de nombreux ouvriers sont polonais, salariés d’une société prestataire de services pour une filiale du groupe Bouygues. | LP / Carol Amar
Source : Le Parisien
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