Après S&P, Moody's prive à son tour la France de son Aaa

Moody's a abaissé lundi la note de la France, de "Aaa" à "Aa1", jugeant ses perspectives de croissance affaiblies et ses perspectives budgétaires incertaines, un diagnostic en partie reconnu par les autorités françaises, qui ont rejeté la faute sur leurs prédécesseurs. L'agence de notation, la deuxième à priver la France de la note maximale après Standard and Poor's, cite notamment une perte de compétitivité graduelle et soutenue de l'économie française et des rigidités de ses marchés du travail, des biens et des services...

L'exposition de la France à la périphérie de l'Europe par le biais de ses relations commerciales et de son système bancaire est disproportionnée et ses engagements à soutenir d'autres membres de la zone euro ont augmenté, souligne-t-elle. Moody's précise cependant que l'ampleur limitée du déclassement reflète le programme de réformes suivi par le gouvernement.

L'agence maintient la perspective négative sur sa note, ce qui implique l'éventualité d'une autre dégradation à un horizon de deux ans. "Il s'agit d'une sanction de ce qui n'a pas été fait dans le passé, des réformes qui n'ont pas été conduites", a dit le ministre français des Finances, Pierre Moscovici, dans un entretien à Reuters. "C'est aussi un encouragement à mettre en oeuvre rapidement et fortement les réformes que nous avons décidées et qui vont dans la bonne direction : sérieux budgétaire, stabilisation de la zone euro, pacte de compétitivité", a-t-il ajouté.

Pierre Moscovici a souligné que "Moody's nous donne maintenant la même note que Standard and Poor's, qui nous a permis de vivre avec des taux d'intérêt bas depuis déjà de très longs mois et la note reste la plus élevée après ‘le triple A'".

Les rendements des titres de dette française, qui reflètent les taux auxquels le pays emprunte, sont proches de leurs plus bas historiques. Il était d'environ 2,07% lundi pour la dette à 10 ans sur la plate-forme de transaction Tradeweb contre un plus bas d'environ 2,01% début août.

Selon une source proche de François Hollande, les autorités françaises partagent le diagnostic de Moody's et la responsabilité de cette dégradation incombe aux précédents gouvernements. "Cette dégradation de l'agence Moody's sanctionne les errements du passé (...) ce n'est pas une surprise puisque le diagnostic rejoint celui du gouvernement et celui du rapport Gallois", a dit ce proche du président français. "Cela valide notre stratégie économique de restaurer notre compétitivité et de mettre en oeuvre des réformes structurelles", a-t-il ajouté. "Jamais un gouvernement n'aura engagé en si peu de temps autant de réformes structurelles en France."

A la suite de la décision de l'agence de notation, l'euro s'est retourné à la baisse face au dollar, cédant vers 1h50 0,25% à 1,2780 dollar.

Avant l'annonce de Moody's, des économistes avaient estimé qu'une baisse de la note souveraine de la France par l'agence de notation aurait un impact limité sur les taux d'emprunt très bas dont elle bénéfice.

Dans son communiqué, Moody's estime que "la prévisibilité de la résistance de la France à de futurs chocs dans la zone euro diminue au vu de la montée des risques pour la croissance économique, les performances budgétaires et les coûts de financement". "Les perspectives de croissance à long terme de la France sont défavorablement affectées par de multiples défis structurels, parmi lesquels sa perte graduelle et soutenue de compétitivité et les rigidités anciennes de ses marchés du travail, des biens et des services", ajoute l'agence.

"Les perspectives budgétaires de la France sont incertaines en raison de la détérioration de ses perspectives économiques, à la fois à court terme à cause d'une demande intérieure et externe faible et à plus long terme à cause des rigidités structurelles."

L'agence de notation souligne que "la France conserve une note extrêmement élevée, à Aa1, en raison des atouts importants dont dispose le pays en terme de crédit". Moody's évoque "une économie large et diversifiée qui soutient la résistance économique de la France et un engagement fort envers des réformes structurelles et la consolidation budgétaire".

Moody's avait abaissé le 13 février la perspective de la note française de stable à négative tout en restant à Aaa. Standard and Poor's avait pour sa part abaissé d'un cran le 13 janvier la note de la France, de AAA à AA+, en réaction à l'aggravation des problèmes politiques, financiers et monétaires de la zone euro.

Quant à Fitch Ratings, la troisième des grandes agences de notation internationales, elle prévoit de se prononcer courant 2013 sur l'évolution de la note AAA qu'elle attribue à l'Etat français, placée sous perspective négative.

©REUTERS/Mike Segar

Source : Reuters

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