France Télécom a annoncé jeudi anticiper une année 2013 plus difficile que prévu sous le coup d'une conjoncture économique délicate et de la guerre des prix dans le mobile en France, ce qui le conduit à réduire fortement sa prévision de dividende pour 2012 et 2013...
Le titre a débuté la séance en forte baisse à la Bourse de Paris, reculant jusqu'à 9,025 euros, son niveau le plus bas depuis fin octobre 2002, avant de réduire ses pertes pour afficher un recul de 2,6% à 9,07 euros à 13h14. "La baisse du dividende était en grande partie intégrée, et l'on se doutait bien qu'avec un cours autour de 9 euros et un environnement aussi concurrentiel, le groupe ne pourrait pas maintenir un dividende de 1,40 euro", explique Renaud Murail, gérant chez Barclays Bourse.
Le premier opérateur télécoms en France anticipe un recul de son cash flow opérationnel pour l'an prochain, qui sera supérieur à 7 milliards d'euros, soit une diminution d'environ un milliard par rapport aux 8 milliards attendus pour 2012. France Télécom prévoit de distribuer un dividende d'au moins 80 centimes d'euro par action au titre de 2012 et 2013, contre 1,40 euro versé au titre du précédent exercice.
Le groupe avait annoncé dès février qu'il prévoyait d'ajuster sa politique de dividende qui devait initialement être compris entre 40% et 45% du cash flow opérationnel de l'exercice ; soit une fourchette pour cette année comprise entre 1,21 et 1,35 euro, avait indiqué le groupe à l'époque.
"Même avec un dividende ramené à 80 centimes, l'action France Télécom restera une valeur de rendement, offrant un retour de 9%", souligne Renaud Murail, rappelant également que le cours a dégringolé de plus de 23% depuis le début de l'année et l'arrivée du nouvel opérateur Free mobile (Iliad). "Pour 2013, on a un environnement plus difficile qu'initialement anticipé", a expliqué le directeur financier Gervais Pellissier lors d'une conférence de presse téléphonique, évoquant la baisse significative des prix sur le marché du mobile en France provoquée par l'arrivée du quatrième entrant.
"Nous pensons que les niveaux de prix du marché français sont maintenant stabilisés", a-t-il toutefois précisé, en ajoutant que 85% des clients du groupe auraient achevé leur migration vers les nouveaux tarifs d'ici la fin de 2013.
Le groupe vise un retour à la croissance de son cash flow opérationnel pour 2014 à la faveur notamment d'une évolution plus favorable du chiffre d'affaires et d'une stabilisation de l'Ebitda en France.
"Nous sommes face à un choc important en 2012 et 2013 qui tient pour grande partie à la situation spécifique du marché français du mobile. Cela devrait s'arrêter d'ici fin 2013 et nous avons des éléments nous permettant d'anticiper une stabilisation du marché français en 2014", a expliqué le PDG Stéphane Richard lors d'une conférence analystes.
Il a indiqué que l'Etat français, qui détient de concert avec le Fonds stratégique d'investissement 27% de la société, soutenait "pleinement" la nouvelle politique de dividende qui pourrait se traduire par un manque à gagner de 426 millions pour ces deux actionnaires l'an prochain si un dividende plancher de 0,80 euro était versé.
Face à la dégradation de sa rentabilité, France Télécom prévoit également de passer d'une stratégie de simple maîtrise des coûts à une baisse effective, et vise des économies de l'ordre de 800 millions d'euros d'ici 2014 par rapport à 2011. L'entreprise compte notamment davantage encadrer les subventions accordées à ses clients pour l'achat de téléphones portables et maîtriser sa politique d'embauches, comme annoncé début octobre.
France Télécom prévoit également de se montrer sélectif dans sa politique d'acquisition en vue de revenir d'ici la fin de 2014 à un ratio de dette nette sur Ebidta proche de 2. Il pourrait cependant soumettre une offre "indicative" sur l'opérateur espagnol Yoigo mis en vente par le scandinave TeliaSonera, a précisé le directeur financier.
"Si un actif comme Maroc Telecom était un jour à vendre, il faudrait qu'on regarde même si nous sommes déjà présents au Maroc", a également indiqué Gervais Pellissier, en faisant référence à l'opérateur dont Vivendi, qui détient une participation de 53%, souhaite se désengager.
Au troisième trimestre, l'ensemble des activités de France Télécom ont généré un chiffre d'affaires de 10,755 milliards, en baisse de 3,5% à base comparable, tandis que l'Ebitda retraité s'est établi à 3,645 milliards d'euros, en repli de 7,3%. Le marché tablait en moyenne sur un chiffre d'affaires de 10,74 milliards et un Ebitda de 3,615 milliards, selon un consensus de la rédaction de Reuters établi à partir des estimations de 12 analystes.
Le groupe a renoué avec les conquêtes d'abonnés dans le mobile en France, avec un gain de 317.000 clients à comparer à des pertes de 155.000 clients et 615.000 clients respectivement au deuxième et premier trimestres.
©Crédit photo : REUTERS/Mal Langsdon
Source : Reuters
Montage et mises à jour : Samuel Cour
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