Dans son édition en date du mercredi 19 septembre, Le Canard enchaîné signale que Laurent Fabius a fait installer neuf tableaux de maître depuis trois semaines au ministère des Affaires étrangères qu'il dirige. Tous ont été prêtés par le musée voisin d'Orsay qui en a assuré le transport. Le ministère a, de son côté, financé l'installation des cimaises, du système de sécurité, le montage et un livret explicatif des œuvres. Le journal avance, pour la déplorer, la somme de 85.000 euros, ce qui semble excessif pour les professionnels que Le Figaro a contactés. Reste que l'exposition, qui ne doit plus durer que trois mois et une semaine, n'est pas ouverte au public (excepté lors des Journées du patrimoine du week-end dernier)...
Dans le salon des Ambassadeurs, une belle dame les épaules nues dans une élégante robe aux reflets argentés accueille les hôtes de marque. Il s'agit d'un portrait en pied de Mme Charles Max exécuté en 1896 par l'artiste du Tout-Paris Giovanni Boldini.
À sa suite, dans le salon de l'Horloge se trouvent Jeune femme à la rose d'Auguste Renoir, un portrait de Mme Colonna Romano du même peintre, un autre de Mme Georges Bizet par Jules-Élie Delaunay, La Comtesse de Keller par le pompier Alexandre Cabanel, un Paul Baudry, un Léon Bonnat et un Walter Crane. Enfin, trône toute d'étoffes d'or brodées et froufroutantes La Carmencita, du maître mondain américain John Singer Sargent (haut de 2,59 m avec le cadre).
Le Canard enchaîné rappelle que le patron du musée prêteur, Guy Cogeval, s'entend bien avec Laurent Fabius. Tous deux sont de grands amateurs d'art impressionniste (le second, issu d'une famille d'antiquaires, est premier actionnaire de l'étude Piasa de commissaires-priseurs). Tous deux sont membres du conseil d'administration du Musée des impressionnismes de Giverny, dans l'Eure. Un département situé en Haute-Normandie, une région dont Laurent Fabius a longtemps été membre du conseil.
Depuis 2002, la loi empêche les ministères et autres bureaux d'État de bénéficier de dépôts à long terme d'œuvres provenant de musées. Ils peuvent juste se meubler en empruntant - après déclaration dûment remplie - au mobilier national. Mais rien n'interdit, en revanche, des expositions temporaires. Du côté du Musée d'Orsay, qui se prépare justement à l'ouverture de son exposition sur l'impressionnisme et la mode, le 25 septembre, on ne fait aucun commentaire. La polémique aura au moins le mérite de faire parler de l'événement.
©Crédit photo : Josse/Leemage
Source : LeFigaro
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