Les pluies diluviennes à l'origine d'inondations monstres à Manille ont fait près de deux millions de sinistrés nécessitant une aide alimentaire et matérielle, en attendant le reflux des eaux, ont annoncé les secours mercredi. Le déluge qui s'est abattu sur la capitale philippine entre lundi et mercredi a directement affecté 1,95 million de personnes, dont 300.000 ayant fui leur habitation sont hébergés dans des centres d'urgence...
Les eaux ont commencé à se retirer dans une grande partie de la ville, inondée à 80% par l'équivalent d'un mois de précipitations tombées en 48 heures.
La priorité des secours est désormais d'apporter eau potable, nourriture et médicaments aux sinistrés, le plus vite possible, les services météorologiques ayant annoncé un possible retour de la pluie dans les jours à venir. "Il faudra des jours pour régler la situation, à condition que la pluie s'arrête maintenant. Mais s'il continue de pleuvoir, personne ne sait combien de temps cela prendra", a prévenu le chef de la sécurité civile des Philippines, Benito Ramos.
Faute de moyens humains, le gouvernement et les services de secours ont lancé un appel aux bénévoles pour acheminer l'aide aux sinistrés. Nous avons besoin de plus de personnes pour participer à cette opération massive, a dit Sheila Alinsangan, du ministère de la Protection sociale.
Vingt personnes ont péri dans les intempéries, à Manille et dans les provinces alentour, dont neuf membres d'une même famille emportés par un glissement de terrain dans un bidonville du nord de la ville. Ce bilan porte à 73 le nombre de victimes des pluies de mousson qui tombent sur l'archipel depuis la fin juillet.
Pour les experts, ces inondations résultent de l'incurie des pouvoirs publics, du délabrement des infrastructures, de l'absence de drainage et de la présence de bidonvilles dans les zones exposées. L'urbaniste Nathaniel Einseidel, ancien responsable de l'aménagement à la mairie de Manille, dénonce un cercle vicieux d'incompétence qui fait que la planification, la décision et la mise en oeuvre ne sont pas synchronisées. "Je ne connais pas un seul gouvernement local, une ville ou un village qui se soit doté d'un plan de drainage digne de ce nom", affirme-t-il.
Un rapport gouvernemental publié après les inondations de 2009, qui avaient fait plus de 460 morts, recommandait le déplacement de 2,7 millions de personnes vivant dans les immenses taudis de Manille près de rivières, de lacs et d'égouts. Ce projet, qui concerne près d'un habitant de la capitale sur trois, prendrait dix ans pour un coût de 130 milliards de pesos (2,2 milliards d'euros), une somme considérable dans un pays où 25 millions de personnes - sur 90 millions - vivent avec moins de 1 dollar par jour.
"Ca coûte des milliards mais nous perdons de toute façon des milliards à chaque inondations", observe cependant l'architecte urbaniste Paulo Alcazaren. Une vingtaine de typhons frappent les Philippines chaque année pendant la saison (été et automne).
Les derniers, en septembre 2011, Nesat et Nalgae, ont causé la mort d'au moins 101 personnes, et des dizaines de milliers d'autres n'ont pu regagner leurs logements à cause des inondations, ont indiqué dimanche les autorités. En 2009, la tempête tropicale Ketsana, qui avait noyé une grande partie de Manille sous les eaux, avait fait 464 victimes.
Source : AFP
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