Sprint final à Air France pour éviter le conflit social

Les négociations se tendent entre la direction d'Air France et les syndicats, qui rejettent tout licenciement sec dans le cadre du plan de redressement de la compagnie aérienne. Pour économiser un total de deux milliards d'euros d'ici fin 2014 et réduire sa dette d'autant, le groupe franco-néerlandais, dont l'Etat français détient 15,9%, compte réduire à la fois ses investissements, sa flotte et ses effectifs...

La direction de la compagnie française, largement responsable des pertes du groupe franco-néerlandais Air France-KLM, devrait chiffrer aujourd'hui à environ 5.000 postes les sureffectifs dans son plan "Transform 2015" visant à réduire de 20% ses coûts d'ici fin 2014, selon les estimations circulant en interne.

"Les négociations se déroulent au pas de course. Cela se tend à mesure que les négociations approchent de la fin", a observé Béatrice Lestic, secrétaire générale de la CFDT d'Air France. "On veut la garantie de ne pas avoir de licenciements secs sur la durée du plan 'Transform'. On ne l'a pas formellement. C'est un vrai point de blocage", a-t-elle ajouté.

Aucun syndicat ne semble pour le moment vouloir emboîter le pas à Sud Aérien qui appelle à la grève dès ce jeudi, mais tous préviennent qu'un mouvement social n'est pas à exclure en cas de blocage fin juin. "Ce ne sont pas de vraies négociations. On a beaucoup de réunions et quand on en sort, on a l'impression d'être loin du compte", a observé Philippe Chassonnery, secrétaire général de FO Air France.

L'absence d'accord début juillet pourrait déboucher sur un conflit social au moment des grands départs en vacances et empêcher une remontée du cours en Bourse d'Air France-KLM, les marchés attendant beaucoup de l'issue des négociations. 

Alexandre de Juniac, l'ex-directeur de cabinet de Christine Lagarde au ministère de l'Economie nommé à la direction générale d'Air France en novembre, avait menacé fin mai les syndicats de "mesures plus sévères" s'ils ne signaient pas les accords à l'issue de la fin des négociations, prévue le 29 juin.

Si les discussions échouent, les accords collectifs existants seront dénoncés mais continueront à s'appliquer pendant 15 mois. A l'issue de cette période, la convention collective du secteur aérien sera appliquée si aucun accord n'était signé entre-temps.

Quelque 2.400 départs à la retraite ne seront pas remplacés au cours des trois ans à venir et au moins autant de postes pourraient être supprimés dans le cadre de départs volontaires, d'après des estimations circulant en interne.

La compagnie Air France hors filiales emploie actuellement 58.000 salariés, dont 39.000 au sol.

Selon des sources syndicales, jusqu'à 350 postes de mécaniciens pourraient ainsi disparaître d'ici 2014, dont 200 en 2012, tandis que les effectifs de la maintenance des moteurs et de l'entretien des cabines pourraient, eux, être renforcés.

Les pilotes, dont la formation prend plusieurs années, seraient épargnés par un plan de départs volontaires afin de ne pas handicaper Air France en cas de reprise de l'activité. "La compagnie a besoin de conserver un sureffectif de manière permanente", a souligné Eric Thellier, président du Syndicat des pilotes d'Air France (Spaf). "S'il y avait une reprise et pas assez de pilotes, ce serait dramatique".

Les pilotes, dont le sureffectif est évalué à 250 postes sur un total de quelque 4.000, pourraient se voir proposer du temps partiel ou des mises à disposition d'un ou deux ans.

"La direction est encore en train de démontrer qu'elle plie devant ses pilotes", s'est insurgé David Ricatte, secrétaire national de la CGT Air France, le premier syndicat de la compagnie. "S'il y a un plan de départs volontaires, on réclamera une équité de traitement".

Air France, dont l'activité court et moyen courrier a perdu quelque 500 millions d'euros en 2011, devrait présenter fin juin les contours d'un pôle régional regroupant trois compagnies existantes, dont le capital pourrait être ouvert à un actionnaire extérieur.

Selon l'agence Bloomberg, Air France envisagerait également d'accueillir un investisseur au sein de Servair, filiale de restauration et de nettoyage des avions, qui a réalisé un chiffre d'affaires d'environ 900 millions d'euros en 2011. Une porte-parole d'Air France-KLM a dit que le groupe ne commentait pas les "rumeurs de marché".

Air France-KLM pourrait également ouvrir le capital de sa filiale irlandaise CityJet, voire la vendre, selon La Tribune. "Toutes les options sont ouvertes", a simplement déclaré la porte-parole d'Air France KLM.

Source : Reuters.


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