Éviter que le pire ne se reproduise avec les banques et ne pas compromettre la croissance européenne. Les réunions ont débutés mercredi à Bruxelles et hier à Barcelone. Alors que certains établissements notamment espagnols traversent de nouvelles difficultés, les 27 ministres des Finances européens ont voulu imposer hier aux banques de nouvelles règles.
Bruxelles s'inspire ainsi du "comité de réflexion de Bâle 3" et exige donc que les réserves des banques passent de 2 % du montant des prêts qu'elles accordent à 7 %. Le texte devrait être adopté le 15 mai prochain lors de la prochaine réunion des ministres des Finances. Mais hier c'était bien du rôle de la Banque centrale européenne qu'il a été question avec la réunion à Barcelone de tous les gouverneurs des banques nationales.
Le conseil des gouverneurs a ainsi décidé de maintenir son principal taux directeur à 1%, son plus bas niveau historique retrouvé en décembre. A ses yeux la politique monétaire menée actuellement est "accommodante", autrement dit, le taux d'intérêt ne bougera pas pendant quelque temps. Ce taux est un des leviers les plus efficaces pour décrisper la machine économique. A noter que même si les taux directeurs de la BCE sont historiquement bas, certains économistes dont Marc Touati militent pour une nouvelle baisse afin de soutenir la croissance.
M. Draghi n'a par ailleurs rien annoncé de nouveau en terme de mesures anti-crise tout en jugeant une nouvelle fois "prématuré" leur abandon, réclamée depuis le début de l'année par la Banque centrale allemande notamment. Pourtant, pour certains analystes la situation actuelle aurait mérité une nouvelle intervention de la BCE, qui n'a pas ménagé sa peine depuis le déclenchement de la crise financière pour tenter de préserver la zone euro (ndlr : la BCE a injecté près de 1000 milliards d'euros dans le circuit bancaire en décembre 2011 au taux ridiculement bas de 1%).
M. Draghi n'a pas évoqué l'éventualité d'un nouveau LTRO (prêt sur trois ans aux banques), estimant que les effets du deuxième, en février, n'avaient pas encore pu être analysés. "Quant aux rachats d'obligations, en sommeil depuis début février, la mesure existe", s'est-il contenté de répondre.
Il s'est en revanche montré beaucoup plus loquace concernant le "pacte de croissance" qu'il préconise, pour surtout insister sur les devoirs des dirigeants de la zone euro à poursuivre le redressement de leurs finances, tel que décidé avec l'adoption d'un "pacte budgétaire".
Alors que les dirigeants des pays de la zone euro sont de plus en plus nombreux à appeler a la fin de l'austérité qui dans certains pays serait responsable de l'aggravaton de la récession et du chômage, M. Draghi s'est fait l'écho de cette demande, renouvelant son appel à un "pacte de croissance".
"Nous devons remettre la croissance au centre de l'agenda" européen, a-t-il dit, ajoutant ensuite que cette croissance ne devait pas s'obtenir par des dépenses supplémentaires ou des plans de relance. Mario Draghi préconise de faciliter la création d'entreprise et les activités des entrepreneurs, notamment en flexibilisant le marché du travail et en facilitant la mobilité. Il demande également une plus grande justice entre les travailleurs protégés et ceux qui ne le sont pas mais aussi la mise en place de mesure pour réduire le chômage des jeunes.
Enfin en terme de croissance, la BCE table jusqu'ici sur un recul du PIB de 0,1% cette année et une augmentation de 1,1% en 2013 en zone euro.
Des questions restent en suspends.
Tandis que le sommet se poursuit dans la ville Catalane, divers enjeux sont encore à aborder.
La BCE va-t-elle émettre des euro-bonds ? C'est une des demandes de François Hollande: que l'Europe émette de la dette afin de financer des infrastructures. Mais si Angela Merkel et Nicolas Sarkozy sont d'accord pour des mesures de croissance, ils se refusent toujours à valider des eurobonds et à renégocier le pacte budgétaire européen.
La Banque Européenne d'Investissement (BEI) va-t-elle gagner en capacité et en pouvoir ? Angela Merkel s'est dite favorable à un renforcement des capacités de la Banque européenne d'investissement (BEI) qui finance notamment des projets innovants et à une utilisation plus flexible du Fonds d'infrastructure de l'Union européenne afin de soutenir la croissance. L'idée pourrait être de renforcer le capital de la BEI de dix milliards de la part des pays membres. Au final, l'effet de levier permettrait d'accroître les capacités d'investissements de 160 milliards d'euros en Europe. Mais les finances publiques sont déjà tendues pour les pays. C'est donc un autre scénario qui viserait à utiliser les douze milliards non utilisés du mécanisme européen de stabilité (MES) qui serait privilégié. Bruxelles travaille sur ce plan estimé à 200 milliards.
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