Les avocats des laboratoires Servier et de leur président-fondateur, Jacques Servier, ont tenté une dernière fois lundi de leur éviter un procès pour "tromperie aggravée" pour la commercialisation en France entre 1976 et 2009 du médicament Mediator, qui a fait de 500 à 2.000 morts.
Cette affaire, qui serait la pire catastrophe sanitaire en France depuis la Seconde Guerre mondiale si les accusations étaient confirmées, a suscité une remise en cause du système de santé français et de l'influence qu'y exercent les "laboratoires", sociétés privées vendant les médicaments.
Dans une salle du tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine) bondée et surveillée par des dizaines de policiers, Jacques Servier, 90 ans, a pris place avec quatre autres dirigeants sur le banc des prévenus, à quelques mètres des parties civiles.
Jacques Servier, hier au procès à Nanterre |
Jacques Servier et sa société sont déjà mis en examen dans une information judiciaire en cours à Paris plus approfondie et visant aussi la tromperie ainsi que d'autres délits. Me Temime, avocat des prévenus, voit cette dualité comme une violation des droits fondamentaux. Il demande donc avec les autres conseils de Servier l'annulation du procès de Nanterre.
Dans sa plaidoirie, Me Temime a estimé que son client était "victime d'une lapidation médiatique sans justification aucune". Il s'en est pris au ministre de la Santé sortant Xavier Bertrand, qui selon lui s'est montré d'autant plus virulent sur le Mediator qu'il veut "s'exonérer de sa responsabilité" en qualité d'autorité de contrôle.
Les avocats de Servier devaient plaider toute la journée d'hier diverses demandes visant à faire annuler ou renvoyer le procès, dont des questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) et une demande de renvoi pour supplément d'enquête.
Le tribunal devrait se prononcer mardi, mais la Cour de cassation a déjà a priori tranché la question fin décembre en maintenant les deux procédures parallèles de Paris et Nanterre.
Le Mediator, présenté comme antidiabétique mais prescrit par les médecins comme coupe-faim, concerne potentiellement des millions de personnes susceptibles d'avoir contracté les affections cardiaques appelées valvulopathies qui lui sont imputées. Les plaignants soutiennent que les caractéristiques du Mediator ont été dissimulées dès l'origine et que ses dangers, qui auraient été connus dès les années 1990, ont été cachés sciemment aux professionnels de santé et aux patients.
Le Mediator a été retiré du marché à l'étranger bien avant la France, de même que d'autres produits voisins, soulignent-ils. Les plaignants réclament chacun 100.000 euros de dommages et intérêts.
Si le procès se tient, il se poursuivra au moins un mois.
Source : Reuters
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