L'Espagne a annoncé mercredi que le sauvetage de Bankia, la quatrième banque du pays récemment nationalisée, coûterait au moins neuf milliards d'euros, Madrid s'efforçant d'assainir un secteur bancaire qui menace d'enfoncer encore un peu plus le pays dans la crise...
Les pertes de Bankia sont au coeur des préoccupations des investisseurs, qui redoutent que le système financier espagnol, plombé par des mauvaises créances à la suite d'un effondrement du marché immobilier, ne contraigne l'Espagne à solliciter une aide internationale.
L'Etat espagnol a pris au début du mois le contrôle de Bankia et annoncé une réforme de l'ensemble du secteur bancaire afin de rassurer les marchés sur la solidité de celui-ci. Madrid exige des banques qu'elles augmentent leurs provisions pour se protéger des pertes croissantes sur leurs prêts dans l'immobilier, tout en s'engageant à prêter des fonds aux établissements en difficulté.
La nouvelle direction de Bankia va entreprendre une évaluation des besoins en termes de capitaux de l'établissement et présentera son plan vers la mi-juin, a déclaré le ministre de l'Economie Luis de Guindons lors d'une présentation devant une commission parlementaire. L'Etat recapitalisera BFA, la maison mère de Bankia, via la FROB, le fonds de restructuration des banques mis sur pied par le gouvernement, puis abondera ensuite Bankia par le biais d'une augmentation de capital, qui comprendra des actions préférentielles pour des actionnaires existants, a-t-il ajouté.
Le sauvetage de Bankia couvrira non seulement 7,1 milliards d'euros de besoins de financement liés aux deux réformes bancaires engagées par Madrid depuis février mais aussi un "matelas" de 1,9 milliard d'euros qui doit permettre à Bankia de se conformer aux exigences européennes en matières de fonds propres.
Selon Luis de Guindos, l'assainissement de Bankia et de BFA, qui représentent 10% des dépôts en Espagne, reviendra à régler la plupart des problèmes du système bancaire du pays. "J'insiste sur le fait que BFA-Bankia est un cas spécifique et il ne convient pas d'extrapoler ses problèmes au reste du système financier espagnol", a-t-il ajouté.
Le chef du gouvernement Mariano Rajoy avait assuré dans la journée que le pays n'avait nullement l'intention de solliciter une aide financière internationale pour ses banques. Celles-ci pourraient nécessiter 76 milliards d'euros supplémentaires pour couvrir les pertes potentielles sur leurs créances douteuses, selon l'Institut de la Finance internationale.
"Le marché regarde plus loin que Bankia. Combien la banque recevra d'aides publiques est désormais secondaire. La question porte sur la solvabilité à long terme de certaines parties du système bancaire espagnol, surtout en matière de défaut sur des crédits immobiliers. Cette inquiétude n'est pas prise en compte", a estimé Martin van Vliet, économiste chez ING.
Les économistes redoutent que le nombre d'Espagnols acculés à faire défaut sur le remboursement de leur prêt immobilier - encore assez faible pour l'instant - va augmenter avec le retour du pays en récession et un taux de chômage de 24%.
Le rendement des obligations espagnoles à 10 ans a augmenté de plus de 10 points de base mercredi, à 6,2%, un niveau qui n'est pas très loin des 7% considérés comme intenables pour les finances d'un pays.
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