JPMorgan Chase a annoncé jeudi soir après la clôture du marché avoir subi une perte de trading d'au moins $2 milliards, conséquence d'une stratégie de couverture perdante. Le dérapage a eu lieu à Londres, au sein du « Chief Investment Office ». Cette division a paradoxalement pour mission officielle de lisser les risques pris par la banque au travers de ses $1000 milliards de crédits et d'investissements obligataires. Selon deux sources financières, le trader à l'origine de l'opération de la couverture ratée pariait sans doute sur l'aplatissement d'une courbe de dérivés de crédit, faisant partie de la famille CDX d'indices de crédit à catégorie d'investissement. Un indice CDX permet à un trader de prendre une position sur le risque de crédit de toute une catégorie d'actifs. Sa valeur est calculée à partir d'un panier de dérivés de crédit individuels.
Même si des bénéfices réalisés par ailleurs viennent compenser en partie la perte de trading, la banque estime que la division accusera une perte de 800 millions de dollars sur le trimestre en cours, hors résultats du capital-investissement et frais juridiques. La banque projetait auparavant un bénéfice de l'ordre de 200 millions de dollars pour cette division.. Selon le PDG Jamie Dimon, JPMorgan Chase a découvert trop tard que sa méthode de couverture était « mal conçue, complexe, mal vérifiée, mal exécutée et mal surveillée ».
Ce vendredi le gendarme de la bourse américaine, la SEC (Securities and Exchange Commission), a annoncé l'ouverture d'une enquête pour examiner cette perte tandis que des membres du congrès ont mis en cause la stratégie même de la banque. Et l'affaire pourrait à terme avoir des conséquences sur l'application de la règle Volcker, explique Karen Petrou, de Federal Financial Analytics. "Toute la question est de savoir s'il s'agit bien d'une opération de couverture", note-t-elle. "C'est là le noeud du problème. Si les transactions concernées n'avaient pour but que de se couvrir de risques particuliers, et non pas de tenter une opération spéculative, l'impact de cette affaire sur la règle Volcker risque d'être beaucoup moins évident que ne le souhaiteraient les partisans d'une réglementation beaucoup plus rigoureuse", observe-t-elle. Cette règle qui interdit aux grandes banques toute opération pour compte propre est très critiquée par le milieu bancaire et notamment le PDG de JPMorgan.
Chute du cours de JPMorgan sur le NYSE Source Zonebourse.com |
Fin mars, l'actif de JPMorgan atteignait 2.320 milliards de dollars, avec pour contrepartie 190 milliards de dollars de fonds propres lui permettant d'afficher un ratio de solvabilité de près de 13%, soit quatre fois la moyenne du secteur et plus que les 10-11% de Citigroup et Bank of America, deux autres des principaux acteurs américains du marché. La banque a en outre dégagé en moyenne plus de quatre milliards de dollars de bénéfices par trimestre au cours des deux dernières années.
Samuel Cour
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire