EDF : une solution pour faire baisser la facture des français de 20%

25% du chiffre d'affaires d'EDF est destiné aux frais de personnel, contre moins de 10% dans la plupart des autres pays européens. Selon Alain Mathieu, journaliste et conseiller auprès du parlement, la suppression des régimes spéciaux des salariés de l'entreprise pourrait faire baisser la facture d'électricité des ménages de 20%...

Alors que l'Etat a récemment annoncé la hausse pour 3 années successives des tarifs d'EDF pour "couvrir les coûts de rénovation des centrales", Alain Mathieu, journaliste, écrivain et conseiller auprès du parlement interrogé sur Europe 1 fait une révélation choc : la suppression des régimes spéciaux d'EDF permettrait de réduire de 20% les tarifs de l'électricité en France.

Retraite à 55 ans pour une majorité du personnel de l'entreprise, semaine de 32H de travail et avantages salariaux plombent en effet les comptes de l'entreprise. Nombreux dénoncent les gaspillages et notamment la Cour des Comptes qui martèle rapport après rapport les différents abus de l'entreprise publique... mais rien y fait.

Des régimes spéciaux très généreux

Les économies à réaliser sont pourtant faciles à identifier. Dans une interview donnée au journal L'Opinion le 9 juillet 2013, Philippe François, de l'lnstitut français pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques (Ifrap) explique : "Les salariés d'EDF et de GDF Suez bénéficient de retraites en moyenne beaucoup plus élevées (2600 euros par mois) et plus longues de 7 ans que celle des autres Français [...] C'est la hausse de taxe payée par les consommateurs de gaz et d'électricité qui permet de financer le déficit de leur régime."

Et si il n'y avait que les retraites ! Non. Il y a bien d'autres avantages qui peuvent paraître aberrants dans un contexte où le pouvoir d'achat des ménages est en berne. C'est notamment le cas des réductions sur le tarif électricité dont bénéficient les salariés de l'entreprise : 90 à 95 % du prix réel ! Et ce privilège se conserve à vie. Une étude réalisée en 2003 montre que sur 2 800 consommateurs, la moyenne des foyers à tarifs réglementés (compteur bleu, utilisateurs du chauffage électrique, etc.) consomme un peu plus de 4 345 kWh par an. Or, parmi ceux-ci on compte 27 "tarifs agent" qui consomment, eux, en moyenne 18 837 kWh. Soit 4,3 fois plus !

Résultat ? Un manque à gagner estimé à environ 222 millions d’euros pour l’année 2010. Evidemment de nombreuses entreprises appliquent ce genre d'avantages, la différence étant que EDF est une entreprise publique. De plus, contrairement à un billet de train ou d'avion (les salariés d'Air France et de la SNCF bénéficient de tarifs privilégiés), les français ne peuvent pas se passer d'électricité : les avantages des salariés d'EDF constituent donc une charge systématique sur les ménages français... plutôt injuste.

Au niveau des salaires c'est également la fête. EDF-GDF a en effet gardé les vieilles habitudes du secteur public, à savoir un système de progression automatique à l’ancienneté. Dans son rapport annuel de février 2013, la Cour des comptes a pointé la trop grande générosité de l’entreprise. De 2005 à 2011, le salaire moyen par salarié au sein d'EDF affiche une évolution moyenne supérieure de 3% à 4% par an. Et ça n'est pas tout. Les primes distribuées entre 2006 et 2009 peuvent parfois atteindre jusqu’à 70% du fixe. A noter qu’à son arrivée en 2009, le PDG Henri Proglio a acheté la paix sociale en accordant au personnel une hausse de plus de 4 %.

Coût estimé de ce privilège ? 220 millions d'euros en 2010, "majoritairement pris en charge par le consommateur final d'électricité", note la Cour.

Un comité d'entreprise très coûteux

Autre aberration pointée du doigt depuis des années par la Cour des Comptes et la plupart des économistes : le CE. Le Comité d'Entreprise d'EDF est en effet le symbole de cette gigantesque gabegie. Habituellement exprimé en pourcentage de la masse salariale, le budget du comité a ici la particularité d'être annexé sur le chiffre d'affaires ! "Ce système est plus avantageux" reconnait la CCAS (Caisse centrale des activités sociales du personnel des industries électriques et gazières).

La CCAS qui est en fait un peu une entreprise à elle seule. Elle gère près de 5000 salariés et 650 millions d'euros de budget ! Un système inégalé et qu'aucun homme politique ne semble vouloir dénoncer et ce malgré des malversations très douteuses : soupçons d’emplois fictifs, paiements effectués par la CCAS pour des prestations au profit d’organisations proches de la CGT, recours à des fournisseurs dont les prix étaient anormalement élevés, subventions pour la Fête de l’Huma, etc. Des instructions sont en cours, mais le sujet étant très politique, le silence règne.

Un manque de courage politique bloque tout espoir de changement

Face à ces multiples abus, à la fois pénalisant pour les ménages (et donc la consommation) et les entreprises (charges d'énergie), quels recours ? Le MEDEF et la Cour des Comptes font pression. Mais la puissance des syndicats et le manque de courage des dirigeants politiques semblent trop important pour voir arriver un changement. 

Le salut pourrait en revanche venir de la commission européenne. Fin Mai, la Commission européenne a accru la pression sur le gouvernement pour prendre des mesures d'ici à la fin de l'année 2013 pour équilibrer les retraites en 2020 au plus tard, notamment en "réexaminant les régimes spéciaux." Affaire à suivre donc...

Sources : Le Figaro - Le Monde - Cour des Comptes - Le cri du contribuable - L'Opinion.fr - Capital.fr

Samuel Cour

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