La croissance chinoise au plus bas depuis trois ans

L'annonce vendredi d'un sixième trimestre consécutif de ralentissement de la croissance économique chinoise, au plus bas depuis trois ans, justifie une vigilance renforcée de la part de Pékin, même si certains signes montrent que les mesures prises ces derniers mois pour tenter de stabiliser la situation commencent à porter leurs fruits...

En rythme annuel, le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 7,6% au deuxième trimestre, après +8,1% au cours des trois premiers mois de l'année, une hausse très légèrement supérieure à l'objectif de 7,5% que s'est fixé le gouvernement chinois pour l'ensemble de l'année.

La trajectoire empruntée par l'économie chinoise est surveillée de très près, à plus forte raison dans le contexte actuel marqué par la multiplication des signes de récession en Europe et de ralentissement marqué aux Etats-Unis comme dans plusieurs pays émergents.

"Je dirais que le pire est sans doute passé et que nous allons assister à une certaine stabilisation, même une amélioration de la croissance au prochain trimestre", a commenté Sun Junwei, économiste de HSBC, évoquant l'amélioration de la croissance en rythme trimestriel et la stabilité des statistiques publiées au titre du seul mois de juin. "Tout cela dépend en grande partie de la vigueur des assouplissements à venir, mais je pense que les chances que les(les responsables politiques) souhaitent répondre au ralentissement de la croissance sont grandes".

La réponse de Pékin aux signes de ralentissement s'est pour l'heure résumée à une série d'ajustements de politique monétaire et budgétaire distillés au cours des huit derniers mois. La banque centrale a notamment baissé ses taux d'intérêt à deux reprises en moins d'un mois.

Mais ces décisions n'ont pas permis pour l'instant d'enclencher un redressement tangible et l'économie chinoise risque d'afficher sur l'ensemble de cette année sa plus faible croissance depuis 1999.

Pour Li Huiyong, économiste chez Wangua Securities à Shanghai, "le ralentissement de la consommation intérieure a pesé sur l'économie chinoise, mais nous pensons qu'elle a atteint un plancher au deuxième trimestre".

Les marchés financiers ont réagi dans le calme aux statistiques de vendredi : la Bourse de Shanghai a terminé pratiquement inchangée, tout comme celle de Tokyo, et les marchés européens étaient en légère hausse en début de séance, soutenus par l'espoir de nouvelles mesures de relance.

Les raisons du marasme actuel

L'emploi est un facteur crucial de prise de décision pour les autorités chinoises, et d'autant plus cette année car le Parti communiste doit désigner d'ici la fin de l'année la nouvelle équipe dirigeante du pays. La suppression de 20 millions d'emplois dans la République populaire fin 2008 après l'éclatement de la crise financière mondiale avait conduit Pékin à engager un plan de relance de 4.000 milliards de yuans (514 milliards d'euros environ).

D'autres statistiques publiés par ailleurs ce vendredi notamment montré une croissance de 20,4% sur un an des investissements en actifs fixes depuis le début de l'année, une progression supérieure à celle de 20,1% prévue par le consensus Reuters. Ces investissements ont été l'un des moteurs de la croissance chinoise au cours de la dernière décennie et constituent un facteur de risque de premier ordre pour les investisseurs, leur croissance étant passée en moins d'un an de près de 25% à 20%.

Ce ralentissement est essentiellement imputable à la volonté du gouvernement chinois de réduire sa contribution à la croissance afin de rééquilibrer l'économie de la République populaire.

Le secteur de l'immobilier, qui a fait l'objet d'un important sur-investissement, allant même jusqu'à créé une bulle immobilière, souffre énormément. En Chine, l'immobilier, pilier de la croissance intérieure, pèse plus de 10% du PIB. La priorité du gouvernement est de dégonfler progressivement la bulle immobilière en évitant à tout prix qu'elle n'éclate. Piloté par le gouvernement, le dégonflement de la bulle immobilière chinoise fait souffrir de nombreux secteurs, ce qui explique, en partie, le ralentissement de la deuxième économie mondiale. En Chine , l'immobilier, pilier de la croissance intérieure, pèse plus de 10% du PIB.

Les prix de l'immobilier sont en baisse depuis quatre mois. Sur les 100 villes les plus importantes de Chine, 60 ont vu les prix baisser, y compris Shanghaï et Pékin. Selon l'agence de notation Standard & Poor's , les prix devraient continuer à chuter en moyenne de 10% d'ici un an. 

Autre facteur d'inquiétude, l'endettement des collectivitésL'endettement des collectivités locales chinoises est largement sous-estimé, ce qui pourrait se traduire par de lourdes pertes pour leurs créanciers dont les notes pourrait être abaissées en conséquence, estime Moody's. L'agence de notation a épluché un rapport publié la semaine dernière par l'organisme public chargé de certifier les comptes en Chine qui évalue à 10.700 milliards de yuans (1.140 milliards d'euros) les dettes accumulées par les collectivités locales, mais Moody's a constaté des contradictions entre les chiffres communiqués par les autorités chinoises et les banques. Moody's estime que l'endettement des collectivités locales est sans doute supérieur d'environ 3.500 milliards de yuans (373 milliards d'euros). 

La question de l'endettement des collectivités locales agite les investisseurs car ils craignent qu'elle ne déstabilise l'économie chinoise sur le long terme. Si les banques venaient à devoir absorber ces pertes, leur capacité de prêt pourrait être menacée. 

Pour près de la moitié, ces dettes remontent à la crise de 2008 lorsque le gouvernement central a mis en oeuvre un plan de soutien à de 4.000 milliards de yuans destiné à garantir laEn Chine, la dette des gouvernements s'envole croissance. Pour l'essentiel, ces dettes arrivent à échéance en 2013. 

En majorité, ces prêts ont été utilisés pour des politiques de grands travaux d'infrastructures mais ils ont également alimenté des projets moins utiles et généré des gaspillages. 

Samuel Cour


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