La FED a prêté 7700 Milliards aux banques entre 2007 et 2009


H. Paulson, Secrétaire au Trésor
des États-Unis. 
On avait surtout retenu les 700 milliards de dollars (environ 500 milliards d’euros) d’aides du plan Paulson de 2008. L’agence de presse Bloomberg a révélée un plan de soutien d’une tout autre ampleur, resté jusqu’alors largement inconnu : entre 2007 et 2009, la banque centrale américaine, la Réserve fédérale, a mis sur la table… onze fois plus, pour sauver les banques de la faillite. En toute opacité, et sans que le Parlement ne soit mis au courant ! Peu médiatisée en Europe, cette révélation pourrait nourrir le débat sur la faiblesse des pouvoirs accordés à la BCE, en comparaison de ceux dont dipose la Fed.

C’était le plus important plan de renflouement financier de l’histoire des banques. Et il a bien failli rester secret. Son montant ? 7 770 milliards de dollars (soit l'équivalent de la moitié du PIB américain). Pour sauver les banques américaines, la Réserve fédérale (Fed) a accordé une dizaine de mesures diverses, dont des rachats de crédits, des garanties bancaires ou des reports de dates d’expirations de prêts. Mais aussi une bonne part de prêts à court terme, quasiment gratuits, consentis aux plus grands établissements financiers américains. Le dimanche 27 novembre au soir, le site de l’agence de presse financière américaine Bloomberg publiait sur son site une longue enquête sur les “prêts secrets de la Fed”. Relayée par le New York Times, ou reprise en intégralité par le Washington Post, l’info n’a eu que très peu d’écho en France, où elle n’a guère été mentionnée que par les sites Atlantico et Slate. Ce sont des échanges entre @sinautes dans les forums qui nous ont alertés…

Pourtant, l’article de Bloomberg, également publié dans un magazine mensuel du groupe aux Etats-Unis, vaut largement le détour. Il détaille, ainsi, que les six plus grosses banques américaines ont reçu en quelques mois 460 milliards de dollars de prêts de la Réserve fédérale. Soit presque trois fois plus que les 160 milliards qui leur ont été versés par ailleurs par le plan Paulson, concocté par le gouvernement américain et validé (après un premier rejet), par le Parlement.

Mais alors que le plan Paulson était public, l’aide de la Fed, dont les “prêts d’urgence”, est restée secrète pendant plus de deux ans ! D’autant plus étonnant que les conditions consenties aux banques étaient particulièrement avantageuses pour les prêts à court terme : “Durant la crise, les prêts de la Fed étaient parmi les moins chers disponibles, le financement étant même possible pour un prix aussi bas que 0,01% en décembre 2008″, souligne Bloomberg.

L’information a été rendue publique à partir de décembre 2010. D’abord parce qu’une loi votée en juillet 2010 par le Congrès, visant à réguler le monde de la finance, oblige la Fed à divulguer ses opérations de soutien au bout de deux ans. Mais l’information diffusée est restée parcellaire, l’institution refusant de donner le détail des sommes versées à chaque banque. Il a fallu que Bloomberg, associée à Fox news, poursuive en justice la Fed et Clearing House, une association de lobbying des banques, pour obtenir la publication des comptes détaillés. Après deux ans de procédures judiciaires au nom du Freedom of information Act, qui ont mené jusqu’à la Cour suprême, les médias ont obtenu gain de cause : une masse de 29 346 pages de documents, recensant 21 000 mouvements financiers, leur a été livrée en trois fois, en décembre 2010, puis en mars et juillet 2011. Tous les prêts et autres facilités de paiement, parfois journaliers, accordés à toutes les banques pendant deux ans, détaillés un à un.

Le site de Bloomberg consacre un dossier complet à ces prêts, qu’elle a commencé à scruter de près dès le mois d’avril. En mai, l’agence avait déjà repéré les prêts à 0,01%, et en août elle avait fait ses comptes, estimant qu’au pic de la crise, la Fed avait consenti en même temps, pour la seule journée du 5 décembre 2008, “1,2 trillions de dollars”de prêts (1 200 milliards de dollars, soit environ 895 milliards d’euros) à divers établissement financiers. Des banques américaines, bien sûr, mais parmi les 30 plus importants emprunteurs, on dénombrait aussi des compagnies européennes, Royal Bank of Scotland, le Suisse UBS, ou la Société générale et la franco-belge Dexia…

L’article publié fin novembre par Bloomberg est donc une synthèse des diverses informations contenues dans les documents obtenus auprès de la Fed. Mais ils restent relativement flous. Il semble par exemple impossible de dire précisément combien d’argent sur les “7,77 trillions” évoqués a réellement été prêté aux banques.


Cet article est partiellement repris du site Arrêts sur Images, que je remercie – n’hésitez pas à vous y abonner !

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