Le rapprochement de la Géorgie avec l'UE et les Etats-Unis est remis en question. En cause : l'arrestation de Vano Merabichvili, ancien premier ministre et secrétaire général du parti présidentiel Mouvement national uni, écrit le quotidien Kommersant du 18 juillet 2013...
Stefan Füle, commissaire européen à l'Elargissement et à la Politique européenne de voisinage, a laissé entendre que, lors de son prochain sommet à Vilnius, l'UE pourrait "parapher mais pas signer" l'accord d'association avec Tbilissi. La porte-parole du département d'Etat américain Victoria Nuland a quant à elle remis en question l’adhésion de la Géorgie à l'OTAN. Des observateurs à Tbilissi soulignent que l'histoire de Vano Merabichvili rappelle la situation d'Ioulia Timochenko en Ukraine.
Une conversation téléphonique entre Stefan Füle et Vano Merabichvili s’est tenue la semaine dernière lors de la visite du commissaire européen en Géorgie mais ce n'est qu'hier que tout le monde a appris ces nouvelles. L'ancien premier ministre a posté ces informations sur Facebook avec l'aide de son avocat. "Nous sommes préoccupés par l’arrestation de l'ancien premier ministre et secrétaire général du Mouvement national uni", a également déclaré le commissaire européen. Et voilà comment le président Mikhaïl Saakachvili a "déchiffré" cette déclaration : "L'Union européenne paraphera l'accord d'association lors du sommet de Vilnius mais renoncera à le signer à cause des actions du gouvernement".
Cette menace semble tout à fait réelle, d'autant plus que Bruxelles poursuit ses démarches. Le vice-président du Parlement européen Jacek Protasiewicz avait justement rencontré il y a quelques jours Vano Merabichvili et ce dernier avait même accueilli toute une délégation hier. "Je ne vois aucune raison d’arrêter M. Merabichvili à part des motifs politiques", a annoncé l'eurodéputé Krzysztof Lisek suite à cet entretien. Son homologue Arnaud Danjean a, de son côté, déploré que le détenu n'ait pas de droit de "communiquer avec le monde extérieur".
L'ancien premier ministre et ministre de l'Intérieur tombe sous le coup de quatre chefs d’accusation et pourrait donc être soumis à une incarcération prolongée.
D'après Vakhtang Hmaladzé, président du comité parlementaire pour les questions juridiques et membre de la coalition dirigeante Rêve géorgien, "les déclarations des eurodéputés n'ont aucun fondement" car "c'est le tribunal qui a choisi ces mesures de contrainte pour Merabichvilin : toutes ces déclaration ne constituent donc qu'un manque de respect au tribunal". Il affirme que "les propos des parlementaires européens n'empêcheront pas le rapprochement entre la Géorgie et l'UE".
Le parti présidentiel est quant à lui beaucoup plus pessimiste : il accuse le premier ministre de saboter la politique occidentaliste du pays. "Ivanichvili tente visiblement de gâter les relations entre l'Europe et la Géorgie sur commande de Moscou", estime le député du Mouvement national uni Nougzar Tsiklaouri.
Les experts sont de même avis. "L'arrestation de Merabichvili n'a pas pu passer inaperçue du point de vue l'intégration européenne du pays", souligne le politologue Torniké Charachenidzé, rappelant le cas Ioulia Timochenko en Ukraine.
"L'arrestation d'un leader politique, dans un pays qui n'a pas encore accédé au statut d'Etat démocratique à part entière, suscite toujours l'inquiétude de l'Occident", explique-t-il. "La Géorgie n'a pas encore fait preuve de sa légitimité démocratique et l'arrestation d'un leader de l'opposition provoque donc la même réaction".
La situation du gouvernement de Bidzina Ivanichvili est d'autant plus complexe que les Etats-Unis - que le premier ministre a désignés plusieurs fois comme les principaux amis et alliés du pays - sont eux-aussi mécontents des arrestations de partisans de Saakachvili. "Ce règlement de comptes politiques sous couvert de rétablissement de la justice est tout à fait inacceptable", a annoncé au Sénat Victoria Nuland, candidate au poste d'assistant du secrétaire d'Etat américain. "Le monde entier observe la situation pour comprendre dans quelle mesure cette pratique correspond au plans géorgiens d'intégration dans l'espace euroatlantique".
Les autorités géorgiennes n'ont visiblement aucune envie de changer leur attitude envers les opposants malgré ce flot de critiques. "Quoi que nous disent l'Occident et les complices de Saakachvili, le pouvoir ne peut pas coexister avec les criminels, affirme l'ancienne présidente du parlement géorgien Nino Bourdjanadze. Est-ce que les Français et les Allemands ont toléré les fascistes après la Seconde guerre mondiale ?"
Source : RiaNovosti
©Crédit photo : RIA Novosti - Alexandre Imedachvili
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