Delphine Batho démise de ses fonctions de ministre de l'Ecologie

Le président de la République, François Hollande, a mis fin mardi 2 juillet, "sur proposition du premier ministre", aux fonctions de la ministre de l'écologie, Delphine Batho, en raison de ses critiques publiques du budget 2014. Philippe Martin, député PS du Gers et membre de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire de l'assemblée, lui succède au ministère de l'écologie...

En déclarant que le budget 2014 était "mauvais" concernant son ministère, Delphine Batho avait lancé un pavé dans la mare. Dans l'après-midi, le compte Twitter de Matignon indiquait que la ministre de l'écologie était "convoquée par le premier ministre à l'hôtel de Matignon". Une telle "convocation" publique à Matignon d'un ministre ayant émis des critiques est une première durant le quinquennat Hollande.

L'intéressée avait été prévenue par téléphone, alors qu'elle se trouvait déjà à l'Assemblée nationale – ce qui a provoqué une suspension de séance. Une façon de faire qui a choqué plus d'un député : "Non mais on marche sur la tête", a-t-on pu entendre.

Réagissant sur RTL mardi matin à la baisse annoncée de 7 % des crédits de son ministère – 500 millions d'euros sur 7,6 milliards – Delphine Batho avait répété mot pour mot ce qu'elle avait déjà dit, la veille, dans Le Monde : "C'est un mauvais budget."

Avant de s'interroger :  "L'écologie est-elle bien une priorité ?" Son ministère est en effet l'un des plus durement touchés par les économies que le gouvernement veut réaliser l'an prochain. "Dans le moment actuel, quand tout va mal, les Français ont besoin d'espoir, de perspectives d'avenir et, donc, c'est un chantier très important dans ce quinquennat [...] Il y a un affichage qui n'est pas bon."

Venant d'une ministre qui se caractérise par sa retenue, la virulence de ses critiques avait de quoi surprendre. Selon l'un des piliers de la majorité à l'Assemblée, Louis Gallois aurait annoncé lors d'une réunion qui a eu lieu lundi 1er juillet qu'aucun projet d'investissement d'avenir ne figurerait dans le budget du ministère de Mme Batho, ce qui expliquerait la colère de la ministre. "C'est tout de même une aberration qu'on mette plusieurs milliards d'euros dans des investissements d'avenir, sans rien donner à l'écologie, a estimé ce député. Je ne veux pas dire qu'on excuse Delphine Batho, mais on la comprend."

Une des porte-parole des députés PS, Annick Lepetit, a elle aussi relativisé, expliquant n'avoir "pas été choquée" par ces propos. "On est dans un exercice classique en période de calage budgétaire, Delphine Batho défend son ministère", a-t-elle répondu au Monde.

Le porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée, Thierry Mandon, a confié au Monde que "Delphine Batho a raison de se battre pour son budget, même si les termes qu'elle a choisis ne sont pas forcément appropriés". Et de rappeler que "le groupe socialiste ne soutient pas tous les ministres quand il tiennent ce genre de propos pour critiquer leur budget, il soutient la ministre de l'écologie qui se bat pour avoir les moyens de réussir la transition énergétique".

Les Verts ont salué de leur côté ce cri d'alarme. Cécile Duflot a saisi l'occasion de souligner que la transition écologique était un "cap politique à réaffirmer très fortement". Le chef de file des sénateurs d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Jean-Vincent Placé, s'est montré plus offensif. "Il est clair que, pour les écologistes, il est impossible de voter un budget où l'écologie baisse autant, a-t-il affirmé. Là, on n'est pas loin de la sortie."

Le secrétaire national (EELV), Pascal Durand, s'est lui félicité que Delphine Batho ait parlé "haut et fort". "C'est tout à son honneur, je la félicite [...], il faut qu'elle soit entendue, et nous, on va essayer de faire entendre nos voix d'écologistes aux côtés de la ministre", a-t-il ajouté.

Quant au député Noël Mamère, il a "le sentiment qu'aujourd'hui [ils sont] dans une situation où [ils sont] plutôt considérés comme des idiots utiles", souhaitant que "cela change". Les porte-parole des associations France Nature Environnement et de la Fondation Nicolas-Hulot ont eux aussi apporté leur soutien à Delphine Batho. 

A droite, le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, a pour sa part déclaré qu'il "ne comprenait pas" que Delphine Batho "soit encore au gouvernement". "Quand on est ministre et que l'on conteste ouvertement la décision du gouvernement, on quitte le gouvernement ou alors le premier ministre vous invite à le quitter dans les heures qui viennent", a ajouté le député de Seine-et-Marne.

Même son de cloche à l'Union des démocrates et indépendants (UDI), dont le porte-parole, Jean-Christophe Lagarde, a lui aussi estimé que la ministre de l'écologie "devrait quitter le gouvernement".

Source : AFP

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