Dominique Strauss-Kahn a été entendu mercredi en qualité d'expert par la commission d'enquête du Sénat sur le rôle des banques dans l'évasion fiscale et a minimisé le rôle de la finance dans la crise économique...
La porte-parole du gouvernement français, Najat Vallaud-Belkacem, a désapprouvé mercredi à titre personnel le choix d'inviter l'ex-directeur général du Fonds monétaire international, impliqué dans plusieurs affaires de moeurs. "J'estime que M. Strauss-Kahn n'appartient plus à la rubrique politique, donc de ce point de vue-là, personnellement, je n'irais pas tout particulièrement rechercher son expertise à lui", a déclaré la ministre des Droits des femmes.
Pour le sénateur UMP Gérard Longuet, "il aurait été raisonnable de sa part de ne pas venir et il aurait été raisonnable de ne pas l'inviter".
La commission d'enquête étudie le rôle des banques et des acteurs financiers dans l'évasion des capitaux, les incidences fiscales de cette dernière ainsi que les contrôles s'exerçant sur ce processus. Dans son introduction, Dominique Strauss-Kahn a ironisé sur ceux qui mettent en cause la finance dans la crise.
"Le système fonctionne mal. Mais le point sur lequel je voudrais insister c'est que, de mon point de vue, incriminer la finance dans le désastre économique que nous vivons en Europe en général et en particulier dans notre pays, a pour moi à peu près la même pertinence qu'incriminer l'industrie automobile quand on parle des morts sur la route", a-t-il avancé. Lors de sa campagne présidentielle, en janvier 2012, François Hollande avait lancé : "Mon adversaire, c'est le monde de la finance."
Dominique Strauss-Kahn a surtout mis en cause les "superviseurs" des systèmes financiers, estimant qu'ils n'étaient "pas assez armés." "Partout, la supervision fonctionne mal", a-t-il expliqué, prenant pour exemple les premiers stress tests effectués auprès des banques européennes qui avaient conclu à un besoin de recapitalisation de deux ou trois milliards d'euros. Or, le FMI avait chiffré ce besoin à 80 ou 90 milliards d'euros, a-t-il affirmé. "Et on a gentiment prié le FMI de garder ses chiffres pour lui".
Des sénatrices ayant compris que Dominique Strauss-Kahn jugeait le système globalement bon, mais simplement perverti "par de mauvais esprits", l'ancien "patron" du FMI s'est défendu d'avoir été aussi tranchant.
"Le système, il est comme il est. Pour le moment, je n'en connais pas d'autre, mais je veux bien qu'on en discute. On pourrait le faire fonctionner beaucoup mieux si on met le point d'application de ce que l'on veut changer sur le comportement des individus plutôt que sur des règles qui voudraient améliorer le système sans beaucoup le changer", a-t-il expliqué.
Source : Reuters
©Crédit photo : REUTERS/Charles Platiau
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