L'avionneur européen négocie la vente de 20 A350-1000 à Japan Airlines qui n'opère pour l'instant que des Boeing. Airbus s'ouvrirait ainsi pour la première fois le marché des grandes compagnies nippones, chasse gardée des industriels américains...
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Dès son installation à la direction de Japan Airlines (JAL) le 1er février 2010, Kazuo Inamori, l'un des patrons les plus respectés du pays, avait enchaîné pendant plusieurs jours les entretiens avec le management de la compagnie aérienne japonaise qui venait alors d'être mise en faillite et devait, sous l'impulsion du nouveau PDG, entamer une profonde restructuration. "C'est à ce moment là que j'ai découvert que 100% de nos avions étaient fabriqués par Boeing. Je me suis dit que c'était anormal", a plus tard expliqué le PDG, qui quittera la société le 29 mars prochain.
Avant son départ, Kazuo Inamori veut finaliser la refonte de JAL en persuadant le management de casser enfin sa dépendance "malsaine" au constructeur américain en commandant ses prochains long-courriers chez Airbus. Selon une information dévoilée, dimanche, dans le Nikkei et confirmée par « Les Echos », Japan Airlines serait ainsi sur le point de commander à l'avionneur européen 20 A350-1000, équipés de 350 sièges, pour un prix catalogue total estimé à 400 milliards de yens (3,3 milliards d'euros).
Si JAL et Airbus refusent pour l'instant de confirmer l'information, des sources proches des négociations affirment que l'opération est "bien partie" et qu'elle pourrait être conclue dans les tous prochains mois. Ce contrat représenterait alors une percée historique pour Airbus dans un ciel japonais où il ne détient que 10% du marché, alors qu'il contrôle 50% des ventes d'avions sur l'ensemble de la planète.
Les observateurs notent toutefois que l'annonce d'une vente d'avions Airbus va mobiliser dès lundi les officiels américains et tous leurs lobbies au sein de l'administration et de la communauté d'affaires japonaise. Ces dernières années, les Etats-Unis avaient pesé de tout leur poids pour contraindre Tokyo à trancher en faveur des industriels américains sur plusieurs grands contrats. Cette fois, ils vont chercher à imposer le Boeing 777-X, toujours en phase de développement, à JAL qui doit remplacer à partir de 2017 sa flotte vieillissante de 777.
La pression américaine va toutefois se heurter à une partie du management de JAL, mise en place par Kazuo Inamori, qui veut elle aussi diversifier les fournisseurs de la compagnie pour disposer d'un meilleur pouvoir de négociations tarifaires sur les prochaines commandes d'avions et pour éviter d'exposer sa flotte à des incidents similaires à celui de batterie du Boeing 787. Comme ANA, son grand concurrent local, JAL perd chaque jour, depuis janvier, des sommes colossales en maintenant au sol ses "Dreamliner" (Boeing - NDLR) dans l'attente d'une résolution du problème.
La décision de Japan Airlines va également intervenir quelques semaines après le lancement officiel des négociations commerciales entre l'Union européenne et le Japon, qui veulent définir rapidement un accord de libre échange. Dans ce contexte délicat, une trop lourde pression de Tokyo sur l'état-major de la compagnie privée japonaise pourrait avoir un effet néfaste sur les pourparlers, surveillés de près par le gouvernement français qui dénonce depuis des années "l'injustice" avec laquelle Airbus a été traité dans l'Archipel.
S'il a été systématiquement écarté des grandes commandes de JAL et ANA, l'avionneur européen a tout de même réussi a placé depuis 1980 une centaine d'appareils dans le pays, essentiellement grâce à l'apparition depuis 2011 dans le ciel japonais de plusieurs compagnies low-cost, telles que Jetstar Japan ou Skymark.
Source : Les Echos
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