Les insurgés islamistes ont lancé dimanche une offensive surprise au coeur de Gao et se sont heurtés aux troupes françaises et maliennes, signe de la difficulté à sécuriser le nord du Mali. Les habitants de Gao se sont cloîtrés chez eux où se sont mis à l'abri derrière des murs alors que retentissait le fracas des armes dans les rues de Gao...
Les hélicoptères français qui survolaient la zone ont tiré sur les rebelles, armés de fusils d'assaut AK-47 et de lance-roquettes, qui s'étaient faufilés dans le secteur du marché central et s'étaient cachés dans un commissariat, ont rapporté des responsables français et maliens.
Ces combats à Gao font craindre que les islamistes chassés du nord du Mali par l'intervention française le 11 janvier n'optent désormais pour des combats de type guérilla ou pour des attentats suicide pour tenter de reprendre position. L'armée malienne étant insuffisamment équipée pour sécuriser les zones reprises aux insurgés, de vastes zones à l'arrière des lignes françaises semble désormais vulnérables à des opérations de guérilla.
"Ils ont infiltré la ville par la rivière. Nous pensons qu'ils étaient une dizaine. Ils ont été identifiés par la population et ils sont entrés dans le commissariat", a expliqué aux journalistes le général Bernard Barrera, commandant des opérations françaises au sol au Mali.
Il a ajouté que les hélicoptères français étaient intervenus pour aider l'armée malienne coincée par les rebelles, qui lançaient des grenades à partir des toits.
Selon le colonel de gendarmerie malien Saliou Maiga, le but des insurgés était de mener des attentats suicide dans Gao.
Aucun bilan chiffré du nombre de victime n'a été communiqué. Un journaliste de Reuters à Gao a pu voir un corps affaissé sur une moto. Selon des militaires maliens, certains des attaquants pourraient être arrivés à Gao à moto.
Quelques heures avant cet échange de tirs, les forces françaises et maliennes avaient procédé au renforcement d'un point de contrôle dans les quartiers nord qui avait été attaqué deux fois en deux jours par des kamikazes.
Selon Abdoul Abdoulaye Sidibe, un parlementaire malien de Gao, les rebelles qui se sont faufilés dans Gao sont membres du Mouvement pour l'unicité et le Jihad en Afrique de l'ouest (Mujao) qui tenait la ville jusqu'à sa libération par les forces françaises le mois dernier. Le Mujao est une faction dissidente d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui, avec le groupe malien Ansar Dine, a occupé les principales villes du Nord malien à partir du printemps 2012 et jusqu'à leur éviction par l'armée française.
Samedi soir tard, un point de contrôle de l'armée à la sortie nord de la ville a été attaqué par une groupe de rebelles islamistes qui ont tiré à partir d'une route et d'un pont menant vers le nord par le désert, jusqu'à Bourem, à 80 km de là. A cet endroit-même, un homme circulant à moto s'était fait exploser vendredi, blessant un soldat malien.
"Nos soldats ont été pris sous le feu des djihadistes depuis le pont. Au même moment, un autre les a contournés et a sauté par dessus le mur. Il a pu actionner sa ceinture d'explosifs", a raconté le capitaine Sidiki Diarra.
Le kamikaze est mort et un soldat malien a été légèrement blessé. Dans l'attentat suicide à la moto de vendredi, un soldat malien avait également été blessé. Le capitaine Diarra, a précisé que l'assaillant était "un Arabe barbu".
Des poches de rébellion existent toujours dans les zones désertes entre les grandes villes du nord du Mali, soulignent les forces françaises et maliennes. Un habitant a raconté avoir vu un groupe de dix combattants islamistes armés à Batel, à dix kilomètres de Gao. "Nous sommes dans une zone dangereuse. Nous ne pouvons pas être partout", a déclaré un officier français aux journalistes. Il n'a pas voulu être nommé.
Vendredi, les forces françaises se sont emparées de Tessalit, près de la frontière algérienne. A partir de là, les Français, appuyés par un millier de militaires tchadiens dans la région de Kidal, doivent mener des patrouilles dans le massif montagneux de l'Adrar des Ifoghas où se cachent les islamistes qui ont réussi à s'échapper. C'est dans cette zone qu'ils détiendraient aussi sept otages français capturés au Sahel.
Source : Reuters
©Crédit photo : REUTERS/Francois Rihouay
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire