Plusieurs dizaines de milliers de manifestants affluaient lundi vers la capitale pakistanaise Islamabad à l'appel d'un influent chef religieux pour dénoncer l'incompétence et la corruption du gouvernement et le pousser à des réformes...
Les partisans du Pakistano-Canadien Tahir ul-Qadri, considéré comme un religieux modéré, avaient quitté dimanche Lahore, la grande ville de l'est, à bord de centaines de voitures et bus pour se rendre à Islamabad, à 400 km de là.
A la mi-journée lundi, environ 50.000 personnes suivaient le convoi de Tahir ul-Qadri à Jhelum, ville située à environ 120 kilomètres au sud de la capitale Islamabad, selon la police. Des hommes, des femmes et des enfants agitaient le drapeau pakistanais, vert et orné d'un croissant de lune et d'une étoile, sur le toit d'autobus bondés, selon un journaliste de l'AFP sur place.
"Sortez de chez vous pour sauver le Pakistan, sauver l'avenir de vos enfants, sauver votre religion (...) et sauver le pays de ses leaders voleurs et corrompus", a déclaré M. ul-Qadri, 61 ans, barbe blanche immaculée. Ce chef religieux fondateur de l'organisation caritative Minhaj ul-Quran (La voie du Coran, ndlr) avait appelé à une mobilisation rappelant la Place Tahrir au Caire, en Egypte, pour dénoncer la corruption du gouvernement et demander des réformes à l'approche des élections nationales prévues au printemps.
Ces élections pourraient être les premières dans l'histoire du Pakistan à avoir lieu après qu'un gouvernement civil fut allé au bout de son mandat de cinq ans, d'où leur importance pour la consolidation de la démocratie dans ce pays qui a vu trois gouvernements civils être renversés par des coups d'Etat depuis sa création en 1947. Les détracteurs du mouvement de M. Qadri le soupçonnent toutefois d'être manipulé par la puissante armée ou des pays étrangers pour retarder le processus électoral.
Le gouvernement a qualifié cette mobilisation de conspiration contre lui et prévenu que les manifestants seraient empêchés d'entrer dans certains quartiers de la capitale où l'enclave abritant les bâtiments gouvernementaux et des ambassades a été barricadée.
Islamabad avait d'ailleurs lundi des airs de ville-fantôme avec ses commerces et ses écoles fermés et ses routes vides bloquées par des conteneurs. Dans la Blue area, un secteur commercial près du siège du gouvernement, quelques milliers de supporters de Tahir ul-Qadri attendaient l'arrivée du convoi.
Mohammad Khan, 50 ans, n'est pas un supporter de Tahir ul-Qadri mais il est venu gonfler les rangs des manifestants pour demander du changement : "Je veux plus de justice dans cette société et cela n'arrivera que par le changement, a dit cet homme sans emploi".
"Nous allons rester à Islamabad jusqu'à ce que le gouvernement tombe, que les assemblées (fédérale et provinciales, ndlr) soient dissoutes et que les dirigeants corrompus soient évincés...", a dit à l'AFP Tahir ul-Qadri, dans son convoi sécurisé en route vers la capitale.
Sources : AFP - Romandie
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