Le séisme qui a touché la ville de Lorca le 11 mai 2011, dans le sud de l'Espagne, faisant neuf morts et provoquant de sérieux dégâts matériels, a peut-être été provoqué par le pompage d'une nappe d'eau souterraine. C'est l'hypothèse avancée par des chercheurs dans le dernier numéro de la revue "Nature Geoscience", dans une étude rendue publique dimanche...
L'équipe de Pablo González, de l'Université de l'Ontario Occidental (Canada), a utilisé des données satellites pour étudier la déformation de la faille à l'origine de ce séisme d'une magnitude de 5,1 sur l'échelle ouverte de Richter. Les chercheurs ont constaté que l'épicentre du séisme, situé à environ 3 kilomètres de profondeur, coïncidait avec le site d'une grande nappe phréatique dont le niveau avait diminué de 250 mètres depuis les années 1960 à cause du pompage.
D'après leur modélisation, la diminution de la masse d'eau a entraîné un "rebond" de la croûte terrestre tout près de la faille sismique. Ce rebond a augmenté le stress subi par la faille et provoqué le glissement à l'origine du séisme du 11 mai 2011, avancent les chercheurs.
"Les séismes induits par l'homme sont des phénomènes bien connus mais le modèle présenté dans cette étude est inhabituel", commente pour Sipa le géophysicien François Cornet, de l'Ecole et Observatoire des sciences de la Terre de Strasbourg. "Le plus souvent, comme pour la géothermie, c'est l'augmentation de la pression qui accroit la contrainte sur la faille et qui déclenche le séisme", explique le chercheur. "Dans leur modèle, ce n'est pas la pression qui varie mais la contrainte elle-même. C'est assez surprenant".
Même si n'est pas le seul déclencheur du séisme de Lorca, le pompage de l'eau a pu être un facteur aggravant, estime de son côté le géologue Jean-Philippe Avouac, de l'Institut de Technologie de Californie, dans un commentaire publié par "Nature Geoscience". Cela pourrait expliquer que la rupture ait été aussi importante à une aussi faible profondeur. "Nous devons rester vigilants sur ces perturbations induites par l'homme, en particulier pour les projets de séquestration en profondeur de CO2 qui pourraient affecter une part importante de la croûte terrestre", écrit Jean-Philippe Avouac.
Source : Romandie
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire