ArcelorMittal a confirmé lundi son intention de fermer définitivement les deux hauts fourneaux de Florange (Moselle), une décision qui affecte 629 emplois, mais il laisse deux mois au gouvernement français pour trouver un éventuel repreneur. Le groupe sidérurgique a annoncé sa décision aux représentants du personnel lors d'un comité central d'entreprise à son siège français, à La Plaine Saint-Denis, près de Paris...
A Florange, la nouvelle a fait l'effet d'"un coup de massue" pour les métallos des derniers hauts fourneaux de Lorraine, qui étaient à l'arrêt depuis 14 mois. "C'est un meurtre social", a estimé Edouard Martin, délégué CFDT.
Le ministre du Redressement productif, qui s'était rendu sur le site jeudi dernier, s'est dit lundi "en ferme désaccord" avec l'option du sidérurgiste indien. "Dès aujourd'hui, le gouvernement se mobilise pleinement pour assurer la recherche d'un repreneur disposant d'un véritable projet industriel" et sera "vigilant à ce qu'ArcelorMittal donne accès à toutes les informations nécessaires", précise Arnaud Montebourg dans un communiqué.
La fermeture concerne les activités "phase liquide", c'est-à-dire les hauts fourneaux et l'aciérie, victimes de leur éloignement du littoral et de leur capacité de production limitée, qui engendrent des coûts fixes importants. "Force est de constater qu'après quatre années de difficultés économiques, aucun retour prochain aux niveaux d'avant crise ne peut malheureusement être espéré", souligne dans un communiqué ArcelorMittal, qui vient de condamner un autre site européen, celui de Liège (Belgique).
Avec la chute du marché de l'acier, la demande européenne se situe environ 25% en deçà de ses niveaux de 2007.
Le groupe se dit convaincu qu'il sera possible d'éviter tout licenciement sec pour les 629 salariés concernés. Le site, distant de 400 km du port le plus proche, emploie quelque 2.700 personnes, phase de transformation de l'acier comprise. Pour seule concession, le président du groupe, Lakshmi Mittal, accepte un délai de deux mois pour mettre en oeuvre sa décision, le temps pour les pouvoirs publics de tenter de trouver un éventuel repreneur. Arnaud Montebourg exigeait que le groupe investisse 150 millions d'euros sur cinq ans dans la phase à froid de Florange, où s'opère la transformation, afin de permettre une reprise.
De nombreux experts doutent qu'un investisseur se manifeste dans l'environnement actuel même si ArcelorMittal s'est dit prêt à inclure la cokerie, qu'il entend conserver autrement, dans le périmètre de cession, ce qui pourrait faciliter l'opération. La cokerie (cuisson du charbon), qui fonctionne à Florange, alimente l'usine dunkerquoise du groupe dont la cokerie est trop petite pour faire tourner les trois fourneaux à plein.
"C'est du rêve de penser que quelqu'un puisse acheter les hauts fourneaux de Florange même pour un euro. Pour livrer quoi ? A qui ?", a déclaré un ancien responsable du groupe à Reuters. "Cet arrêt, il est inexorable. Le problème, c'est de ne pas l'avoir préparé socialement, de ne pas avoir préparé la reconversion", a-t-il ajouté.
Le vice-président d'ArcelorMittal Flat Carbone Europe, Henri Blaffart, a assuré lundi que le groupe continuerait d'investir "de manière significative, à un niveau qui permette à ce site de remplir sa mission". Les investissements envisagés seront exposés au fur et à mesure de la procédure d'information du personnel et s'inscriront dans un plan pluriannuel, a-t-il indiqué.
Contrairement à ce que souhaite Arnaud Montebourg, ArcelorMittal n'entend toutefois pas alimenter la filière froide de Florange par les hauts fourneaux et l'aciérie s'ils retrouvaient un repreneur, préférant privilégier son propre site de Dunkerque qui a fait l'objet d'investissements importants. L'activité packaging (acier pour le boîtage), dont une des deux lignes est arrêtée depuis plusieurs mois, serait menacée si la conjoncture ne s'améliorait pas prochainement, a également dit la direction selon les syndicats.
"Il ne nous reste plus qu'un espoir, c'est le gouvernement", a dit à Reuters Frédéric Weber, délégué CFDT, à Florange. Une proposition de loi socialiste sur le rachat d'entreprises viables menacées de fermeture, promesse de campagne de François Hollande, est prête mais ne sera soumise au Parlement qu'une fois achevées les discussions entre partenaires sociaux, à dit à Reuters le président du groupe PS à l'Assemblée, Bruno Le Roux. Les syndicats rappellent qu'un rapport commandé par le Arnaud Montebourg concluait en juillet à la viabilité économique du site de Florange.
"Ce que j'attends du gouvernement et du président de la République, c'est qu'ils décident enfin de nationaliser notre sidérurgie", a déclaré Walter Broccoli, délégué Force ouvrière. Pour Jean Mangin, délégué CGT, "le gouvernement ne prend pas ses responsabilités, (...) il nous fait du Sarkozy-bis". "Si M. Hollande ne prend pas le problème plus au sérieux que ça, on va lui montrer qu'on est déterminé", a-t-il dit sur i>TELE.
Source : Reuters
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