Le plan automobile que le gouvernement présentera mercredi ne ressemblera pas au vaste dispositif de soutien de 2008-2009, rigueur budgétaire oblige, mais devrait s'articuler autour de mesures techniques de type bonus-malus pour soutenir les voitures "made in France" dans une période troublée...
La restructuration massive annoncée le 12 juillet par PSA Peugeot Citroën a rappelé à quel point la filière automobile française est en situation fragile dans un contexte de baisse des ventes, et a provoqué un choc dans l'opinion et la classe politique.
Les acteurs de la filière se tournent maintenant vers l'Etat, même si les marges de manoeuvre du gouvernement sont extrêmement réduites. "Avec les contraintes budgétaires qu'on connaît et un marché dont les fondamentaux sont aussi mauvais, il n'y aura pas de solution miracle", prévient Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem de l'automobile. "Le plan, que tout le monde attend avec impatience, contiendra sans doute un certain nombre de mesures, parfois très techniques, pas seulement pour les constructeurs, mais aussi pour toute la filière, les sous-traitants et les concessionnaires, dont certains se retrouvent en grande difficulté".
Au-delà des nécessaires actions d'urgence pour éviter une cascade de faillites chez les fournisseurs ou mesures d'accompagnement aux victimes des baisses de cadence chez les constructeurs, l'Etat peut aussi aider à la reconversion de sites comme celui d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) où PSA cessera de produire des voitures en 2014.
Sur la question du coût du travail, invoquée par les constructeurs pour expliquer les délocalisations et qui fait actuellement l'objet de négociations sur le site PSA de Sevelnord (Nord), le gouvernement a prévenu en revanche qu'elle n'était pas à l'ordre du jour. La compétitivité du travail en France est actuellement au coeur de discussions avec les syndicats à l'échelle nationale, dont l'issue n'est pas prévue avant 2013.
Contrairement au plan d'aide de 2008-2009, qui avait représenté une dizaine de milliards d'euros via des prêts aux constructeurs, un fonds d'aide aux équipementiers et deux années de prime à la casse, le nouveau plan devra être le plus efficace possible tout en coûtant le moins possible au contribuable, a prévenu le 14 juillet le président François Hollande.
Il a également exclu un retour de la prime à la casse, dispositif coûteux et dont le bilan reste controversé car il a encouragé les ventes de petites voitures souvent produites hors de France et a amplifié la rechute du marché une fois le dispositif disparu.
Le gouvernement réfléchit par contre à un moyen de favoriser les véhicules électriques et hybrides, deux technologies dans lesquelles la France est en pointe. Renault comptera à la rentrée la gamme la plus complète de voitures électriques. Quant à PSA et au japonais Toyota, ils sont respectivement précurseurs dans l'hybride diesel et essence, avec la Peugeot 508 RXH produite à Rennes et la Yaris de Toyota produite à Valenciennes (Nord).
Le système de bonus-malus actuel favorise déjà l'électrique, avec une prime de 5.000 euros, et l'hybride, avec un bonus de 2.000 euros, mais le gouvernement pourrait choisir de modifier le barème pour rendre ces technologies plus abordables encore. L'électrique a représenté au premier trimestre seulement 0,2% des immatriculations de voitures neuves en France, et l'hybride 0,8%.
Dans un livre blanc publié en juin, des élus d'une soixantaine de collectivités territoriales suggéraient des mesures fiscales pour encourager la production en France de petites voitures peu polluantes et freiner l'importation de plus gros modèles.
Le gouvernement aura fort à faire pour trouver une formule soutenant le "made in France" sans se voir taxer de protectionnisme contre les gros modèles souvent fabriqués en Allemagne.
Dans le système actuel, le plafond d'émissions de CO2 en deçà duquel un bonus est attribué est désormais fixé à 105 grammes au kilomètre afin d'encourager les modèles les moins émetteurs. Ce seuil peut encore être abaissé pour favoriser l'hybride mais aussi, parmi les motorisations conventionnelles, de tout petits modèles comme les Smart fabriquées à Hambach (Moselle) par Daimler.
Outre un maintien probable du crédit impôt recherche, le plan pourrait aussi passer par l'achat direct de véhicules français par l'Etat et les collectivités locales et par des aides au crédit auto.
"Ce sera un plan de techniciens, mais le gouvernement ne peut pas se contenter de cela", estime-t-on de source industrielle. "Si le gouvernement ne fait que recycler des outils de l'équipe précédente, il va se faire éreinter par l'opposition. Ce plan est aussi très politique, et qui dit politique dit une ou des mesures-phares".
Source : Reuters
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