La Banque Mondiale publie ses prévisions économiques pour 2030

La Banque Mondiale met à disposition du grand public ses simulations économiques jusqu'en 2030. Grâce à des graphiques interactifs et un rapport complet, il est possible de connaître par pays ou région les prévisions de l'organisme sur différents indicateurs tels que les comptes courants, l'épargne, l'investissement, les dépenses sociales ou d’infrastructures...

Le premier widget vous permet de sélectionner les pays (ou agrégats de pays) pour les variables principales (l'épargne, l'investissement et les comptes courants) pour les projections au titre de chacun des deux principaux scénarios du rapport (convergence progressive et rapide). Pour l'épargne et l'investissement, vous pouvez les sélectionner soit comme un pourcentage du PIB, ou en dollars US de 2010 (mais pas les deux simultanément). Pour ce qui est des comptes courants, vous pouvez sélectionner cet indicateur en pourcentage du PIB. 

Le second widget vous permet de varier les hypothèses de base utilisées dans le calcul des investissements en infrastructures. Vous pouvez sélectionner un secteur (téléphonie mobile et fixe, l'énergie, la construction de routes, la construction de systèmes sanitaires et l'eau) et de nombreux pays, ou de multiples secteurs d'un pays donné. 
Les hypothèses utilisées pour la croissance, etc. sont ceux utilisés pour générer les principaux résultats du chapitre 1 de Global Development Horizons: Capital for the Future report (plus de détails dans la partie 1.4 des annexes du rapport - page 4), un rapport publié en mai dernier par la Banque Mondiale. 

La Banque Mondiale précise que les résultats doivent être interprétés avec prudence. En effet, en modifiant des hypothèses, il n'existe aucune garantie que les chiffres calculés soient justes.

Enfin, le troisième widget, vous permet d'observer une projection jusqu'à 2050 des dépenses publiques en termes de pensions vieillesses, de soins de santé et d'éducation dans six pays en développement (Brésil, Chili, Chine, Costa Rica, Inde et Mexique. 

Vous pouvez garder le ratio des dépenses moyennes par personne de chaque groupe d'âge et le revenu moyen par personne en âge de travailler de façon constante, dans lequel les évolutions dans les dépenses sont entraînés uniquement par des changements de la répartition par âge de la population. 

Ou vous pouvez laisser ce ratio (pour les personnes de chaque âge) converger en douceur, en 2050, à celle des États-Unis ou de la Suède en 2003 pour illustrer les variations hypothétiques de l'excédent selon l'âge et la générosité moyenne des systèmes publiques de retraite, de soins de santé et d'éducation. 

Que nous apprennent ces prévisions ?

Premièrement, la part des pays émergents dans l'investissement mondial devrait tripler. Le rapport annonce des changements majeurs dans la structure des investissement mondiaux : à la fois un déplacement massif vers les pays émergents qui verraient leur part tripler par rapport à 2010, mais aussi que la part des services continuerait d'augmenter dans les pays émergents (passant de 57 à 61% de l'investissement total) comme dans les pays avancés (passant de 75 à 78% de l'investissement total). La croissance de l'investissement industriel devrait quant à elle rester vive dans certaines économies.

Deuxièmement les changements démographiques devraient jouer un grand rôle dans ces mutations structurelles puisque la population mondiale va passer de 7 milliards en 2010 à 8,5 milliards en 2030 tandis que les pays développés connaissent un vieillissement rapide. Ainsi, en Asie de l’Est, Europe de l’Est et Asie centrale, les taux d’épargne privée devraient afficher une baisse particulièrement marquée et les politiques devront faire face à une importante hausse des frais de santé et des pensions de retraite.

Troisièmement, d'ici 17 ans le déplacement de l'épargne vers les pays émergents (62%) se poursuivra et compensera au niveau global la baisse de l'épargne dans les pays avancés. Les pays en développement, et principalement ceux d’Asie de l’Est et d’Amérique latine, abriteront la moitié des capitaux mondiaux — soit 158 000 milliards de dollars (en dollars de 2010).

Enfin, un fait totalement inédit va bouleverser la planète finance : en 2030, les pays émergents devraient jouer un rôle significatif dans l'intermédiation financière. Le monde entrerait selon le rapport dans une "troisième ère" de mondialisation financière.

Deux scénarii

Le rapport Global Development Horizons envisage deux scénarios qui diffèrent par la vitesse de convergence entre les niveaux de revenu par habitant des pays développés et des pays en développement, et par le rythme des transformations structurelles des deux groupes (sur le plan du développement du secteur financier et de l’amélioration des institutions notamment). Le premier scénario prévoit une convergence progressive entre les pays développés et les pays en développement et le second une évolution nettement plus rapide.

Pour les vingt prochaines années, le scénario progressif et le scénario rapide prévoient une croissance économique moyenne de, respectivement, 2,6 % et 3 % par an dans le monde, et de 4,8 % et 5,5 % dans les pays en développement.

Dans les deux hypothèses, à l’horizon 2030, les services représenteront plus de 60 % de l’emploi total dans les pays en développement et plus de 50 % du commerce mondial. Ce changement est lié à l’augmentation de la demande en services d’infrastructure induite par l’évolution démographique. Le rapport GDH chiffre d’ailleurs à 14 600 milliards de dollars les besoins de financement d’infrastructures du monde en développement d’ici 2030.

"Le rapport GDH met clairement en évidence le rôle croissant des pays en développement dans l’économie mondiale, et c’est incontestablement une avancée significative", indique Maurizio Bussolo, économiste majeur à la Banque mondiale et auteur principal du rapport, tout en soulignant que "cette meilleure répartition des richesses entre pays ne signifie pas que tous les habitants des différents pays en bénéficieront de manière égale".

Sources : Banque Mondiale - Les Echos

Samuel Cour

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