Les objectifs d'emploi et d'impôts semblent hors d'atteinte

Avec une croissance attendue proche de zéro cette année, les objectifs de baisse du chômage et de répit sur le front des impôts semblent hors d'atteinte pour le gouvernement français. Une difficulté de plus pour François Hollande, au moment même où il est pressé de toutes parts de s'attaquer désormais en priorité aux économies dans les dépenses publiques...

D'autant que le simple maintien du niveau des recettes imposera de trouver 6 milliards d'euros nouveaux en 2014, a annoncé le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, ce qui présage de nouveaux débats houleux avec le patronat et l'opposition de droite pour qui les hausses d'impôts de 2012-2013 étouffent l'investissement des entreprises et la consommation des ménages.

"En matière de fiscalité, les Français peuvent avoir le sentiment que l'on va loin et parfois trop loin", a déclaré lundi le ministre de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici, promettant sur i>TÉLÉ qu'"à l'avenir, nos ajustements devront se faire essentiellement par des économies". "Je ne dis pas qu'il n'y aura pas ici ou là tel ou tel prélèvement s'il est nécessaire", a-t-il cependant ajouté.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Harlem Désir, n'a pas exclu une hausse des prélèvements sociaux pour redresser les comptes de la sécurité sociale. "Je crois qu'il faut (...) ne pas rajouter de nouveaux prélèvements", a-t-il estimé sur RTL. "Après, il y a des discussions spécifiques qui vont avoir lieu pour les retraites, pour la protection sociale, là c'est aux partenaires sociaux d'en décider."

Des hausses d'impôts et de taxes ont déjà été annoncées pour 2014, notamment le relèvement des deux taux de TVA, à 20% et 10%, pour contribuer à financer le crédit d'impôt compétitivité. La fiscalité écologique doit quant à elle augmenter d'au moins trois milliards d'euros d'ici 2016.

Quant au chômage, qui a augmenté de 10% l'an dernier et qui reste sur 20 mois consécutifs de hausse, François Hollande n'a guère de chance d'atteindre l'objectif de le faire reculer d'ici la fin de l'année qu'il s'est lui-même fixé.

A 0,1% prévu par la Commission européenne, le niveau de la croissance en France devrait en effet être cette année très inférieur à celui à partir duquel le chômage baisse, estimé au minimum à 1%. "C'est vrai qu'avec une croissance faible, l'année 2013 sera marquée par une progression du chômage", a reconnu samedi François Hollande. "En 2014, nous serons sur une reprise. À partir de là, nous pouvons commencer à créer de l'emploi." "Si nous arrivons à accélérer la reprise, à anticiper la reprise, cet objectif peut être atteint", avait-il cependant ajouté.

La Commission européenne prévoit que le taux de chômage continuera d'augmenter pour atteindre 10,7% cette année et même 11,0% en 2014.

Pierre Moscovici a dit espérer que la France ferait "mieux" cette année que la croissance de 0,1% prévue par la Commission. Le chef de l'Etat a pour sa part espéré une croissance supérieure à la prévision de la Commission "au moins en 2014" (+1,2%).

Le gouvernement, qui a admis la semaine dernière qu'il ne pourrait pas réduire comme prévu le déficit à 3% du PIB cette année, présentera ses nouveaux objectifs dans son programme de stabilité en avril. Il a pour l'instant confirmé l'objectif de parvenir fin 2017 à l'équilibre structurel - c'est-à-dire hors impact de la conjoncture - des comptes publics.

L'ensemble de la trajectoire prévisionnelle du quinquennat va devoir être revue, la dernière loi de programmation des finances publiques prévoyant une croissance de 2% chaque année de 2014 à 2017, qui paraît bien optimiste aux économistes.

Les Européens doivent pour leur part entériner le report d'un an, désormais demandé par la France, de l'objectif de 3%. Le commissaire aux Affaires économiques monétaires, Olli Rehn, a ouvert la porte à un tel report sous conditions.

"Si nos prévisions de printemps montraient que l'ajustement budgétaire structurel dépassait 1% par an en moyenne sur la période 2010-2013 et si des événements économiques négatifs et inattendus ayant des conséquences défavorables majeures pour les finances publiques se produisaient, alors le pacte de stabilité et de croissance permettrait de repousser à 2014 l'échéance pour ramener le déficit public nettement en dessous de 3%", a-t-il dit vendredi.

Source : Reuters
©Crédit photo : REUTERS/Tony Gentile

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Archives

Catégories