Le pouvoir socialiste confronté à des violences à Amiens

Dix-sept policiers ont été blessés dans la nuit de lundi à mardi lors de violences dans un quartier sensible d'Amiens, des événements qui ont incité François Hollande à promettre la mobilisation de tous les moyens de l'Etat pour y mettre fin. Les policiers, confrontés à une centaine de jeunes, ont essuyé des tirs de chevrotine et des jets de projectiles...

Trois bâtiments publics, dont une école, ont été brûlés et plusieurs dizaines de véhicules et de poubelles ont été incendiés, selon le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, qui s'est rendu sur place dans un climat très tendu.

Il s'agit du premier test important pour le gouvernement en matière de violence urbaine, un phénomène apparu en France à la fin des années 1970 et qui n'a cessé de s'intensifier, culminant avec les émeutes de l'automne 2005, particulièrement intenses dans plusieurs communes sensibles de la Seine-Saint-Denis.

Manuel Valls a dit vouloir rétablir "l'ordre républicain" et un escadron de gendarmes mobiles, soit une centaine d'hommes, a été envoyé sur place, en renfort des 150 CRS déjà présents. "Dix-sept policiers ont été blessés par des plombs provenant d'armes de feu (...) Est-ce qu'on peut aujourd'hui admettre qu'on utilise des armes de feu à l'encontre des forces de l'ordre ? C'est inacceptable", a-t-il dit. "Je demande aux autorités, ici, de faire en sorte que dans les heures qui viennent l'ordre soit redevenu ici une réalité, pour tous ceux qui ne parlent pas, qu'on n'entend pas".

Sur France 2, le ministre a promis dans la soirée la fermeté à l'égard des auteurs, précisant qu'il y aurait "des interpellations".

Mais pour l'opposition, le pouvoir socialiste récolte les fruits du message lancé depuis son arrivée au pouvoir. "Depuis 100 jours, on voit un François Hollande qui ouvre toutes les vannes du laxisme, c'est le retour de la culture de l'excuse", a déclaré sur RTL le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé.

Des jeunes du quartier, classé récemment en "zone de sécurité prioritaire" (ZSP), ont hué et sifflé Manuel Valls à son arrivée. Le ministre avait auparavant rencontré la famille d'un jeune de 20 ans tué lors d'un accident de scooter. 

Un contrôle routier effectué alors qu'une dizaine de jeunes étaient réunis dimanche soir pour rendre hommage au jeune homme accidenté est à l'origine de premières échauffourées dimanche.

Les incidents d'Amiens ont été évoqués mardi par François Hollande lors d'un déplacement dans le Var, où deux femmes gendarmes ont été abattues par un forcené en juin dernier. "Je pense à ce qui s'est déroulé cette nuit à Amiens où plusieurs policiers ont été mis gravement, dans leur santé et dans leur intégrité, en cause", a dit le chef de l'Etat en annonçant des moyens supplémentaires pour mettre fin aux violences. 

Manuel Valls a réaffirmé mardi soir la création en 2012 - puis chaque année - de 500 postes de policiers et de gendarmes dans les 15 zones de sécurité prioritaire (ZSP) prochainement mises en place. Les ZSP, engagement de campagne de François Hollande, sont des territoires jugés sensibles dans lesquels davantage de moyens doivent être mobilisés pour lutter contre la délinquance. Les 15 premières, dont Amiens-Nord, ont été dévoilées au début du mois d'août par Manuel Valls. Elles visent à engager une action de sécurité renforcée "sur des territoires bien ciblés, caractérisés par une délinquance enracinée et de fortes attentes de la population", avait indiqué alors le ministère de l'Intérieur.

Le dispositif est diversement apprécié par les syndicats de policiers, certains craignant qu'il ne soit déployé sans moyens supplémentaires. Trois syndicats de police ont appelé le gouvernement à "la fermeté", après les "comportements criminels de voyous déterminés". Synergie-Officiers dénonce ainsi "l'escalade de la violence quotidienne et endémique contre les policiers avec la banalisation des armes à feu".

Le Front national a dénoncé "une nuit d'émeutes et de barbarie". "Ces épisodes dramatiques se succèdent depuis des années sans que les discours musclés des ministres de l'Intérieur successifs n'y changent quoi que ce soit", lit-on dans un communiqué du parti.

L'UMP Thierry Mariani a opposé les propos de fermeté de Manuel Valls à ceux de la ministre de la Justice Christiane Taubira, taxée par l'opposition de laxisme. "Quand je vois les déclarations contradictoires vis-à-vis de la justice de Mme Taubira et quand je vois ce qui se passe à Amiens, je me dis que le message n'est pas très clair", a-t-il dit sur RMC et BFM-TV.

Source : Reuters

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