Tournant politique en Grèce

La classe politique grecque vit un moment historique. Selon les premiers résultats des élections législatives qui ont eu lieu hier, le centre droit et l'extrême gauche seraient en tête.

Article mis à jour le 07-05-2012 à 9h55
"Une page se tourne pour la Grèce", lance Dimitri Kalaforos au sortir de son bureau de vote de Koukaki, dans le centre d'Athènes. Ce propriétaire d'une PME familiale a été contraint de mettre la clé sous la porte il y a huit mois, à cause de la crise économique qui ravage le pays. Contrairement à la plupart des Grecs qui veulent sanctionner les deux partis majoritaires pour la mauvaise gestion du pays depuis quarante ans, il a décidé de voter pour la Nouvelle Démocratie (ND). C'est d'ailleurs ce parti de centre droit qui est arrivé en tête avec 19,2% des voix, suivi d'assez près par la coalition d'extrême gauche Syriza (16,59%). Sanctionné comme jamais, le Pasok (parti socialiste) a perdu les deux tiers de ses électeurs, à moins de 13,39%.

La campagne électorale, en Grèce, aura été courte et monothématique, tous les partis promettant la fin de l'austérité, qui étouffe la population depuis la mise sous tutelle du pays par l'UE et le FMI, il y a deux ans.


Ce à quoi devrait ressembler le prochain parlement grec.
Dans les sondages comme sur le terrain, le Pasok aura été constamment pointé du doigt par la population. "C'est la première fois dans l'histoire grecque que le Pasok a aussi peu rassemblé lors des grands meetings de campagne", décrypte Michalis Psilos. À Thessalonique, dans le nord du pays,Evangelos Venizélos, l'ancien ministre des Finances socialiste, s'est fait huer et traiter de voleur par un petit groupe d'électeurs. "Alors que ce parti marquait la naissance de la Grèce européenne en 1981, il est aujourd'hui responsable de l'austérité et de l'explosion des taux de chômage et de suicide, poursuit Michalis Psilos. En s'éteignant, le Pasok laisse la place au Syriza, coalition de l'ultragauche et à son dirigeant Alexis Tsipras. Mais la fin du Pasok signifie aussi la remise en cause directe du mémorandum européen sur la rigueur. Cela implique qu'il y aura, dans les prochaines semaines, de nouvelles élections."

Enfin, les élections marquent un fait plutôt étonnant : le parti Néo-Nazi grec Chryssi Avghi (Aube Dorée), qui lors des élections législatives de 2009 avait obtenu 0,29% des voix, va entrer au parlement  après avoir obtenu entre 6,92% des voix lors des législatives de ce dimanche. Dans son programme, l'Aube Dorée veut rejeter les plans de sauvetage économique de la Grèce, effacer la dette du pays et expulser les immigrés. Le parti propose d'ailleurs de miner la frontière avec la Turquie pour empêcher l'arrivée de ceux-ci.

Pour rappel, 9,8 millions d'électeurs grecs ont été appelé aux urnes hier pour renouveler le Parlement, dans un scrutin dominé par la contestation de la politique d'austérité et l'implosion du vieux système politique.

Samuel Cour

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