La question d'une sortie de l'euro revient dans le débat

La question d'un éclatement de la zone euro est revenue dans le débat vendredi : "c'est une possibilité à laquelle il faut se préparer", a dit le ministre finlandais des Affaires étrangères, tandis que son homologue autrichien a préconisé l'expulsion des Etats membres qui ne respectent pas leurs engagements. Ces propos, alors que la chancelière allemande Angela Merkel avait réaffirmé la veille sa détermination à tout faire pour maintenir la monnaie unique, ont amené plusieurs dirigeants politiques à allumer des contre-feux, à Helsinki et à Vienne mais aussi à Amsterdam...

Mettant les choses au point, le ministre néerlandais des Finances a déclaré que pour les Pays-Bas et pour la zone euro, la question centrale était de maintenir la cohésion du bloc communautaire. "Nous ne spéculons jamais sur une sortie ou sur un éclatement de la zone euro. La zone euro est très importante pour les Pays-Bas. Nous avons tiré beaucoup de bénéfices de l'Europe et du marché unique", a dit Jan Kees de Jager à des journalistes.

En Autriche, le chancelier Werner Faymann a insisté sur le fait qu'il ne voulait voir aucun pays éjecté de la zone euro. "Les conséquences négatives d'un éclatement de la zone euro dépasseraient de très loin n'importe quel avantage que pourrait en tirer tel ou tel pays", a-t-il dit. Le chancelier a ainsi répliqué à son vice-chancelier qui, pour sauver la monnaie unique, venait de plaider pour un mécanisme qui permettrait l'expulsion de la zone euro des pays qui ne respectent pas les objectifs de déficit budgétaire.

"Il faut que nous ayons la possibilité d'éjecter de l'union monétaire (...) les pays qui ne tiennent pas leurs engagements", dit Michael Spindelegger, qui est également ministre des Affaires étrangères, dans un entretien publié vendredi par le journal autrichien Kurier.

Cette idée, ajoute-t-il, a été discutée entre dirigeants européens. Elle bénéficierait du soutien de pays comme l'Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas et la Finlande, dit-il aussi. Ces pays sont les quatre membres de la zone euro bénéficiant encore d'une note de crédit triple A de la part des trois principales agences de notation.

La Finlande pour sa part, selon son ministre des Affaires étrangères, a élaboré un "plan opérationnel" pour parer à toute éventualité en cas de disparition de la monnaie unique. "C'est quelque chose que personne ne préconise en Finlande - même les Vrais Finnois (parti d'opposition eurosceptique, NLDR) - surtout pas le gouvernement. Mais nous devons nous y préparer", dit Erkki Tuomioja, cité vendredi dans le Daily Telegraph britannique.

Dans la foulée de ces déclarations, son collègue des Affaires européennes Alexander Stubb a déclaré à Reuters que la Finlande était "engagée à 100%" dans l'euro, ajoutant : "Je veux dire clairement que les spéculations du ministre des Affaires étrangères ne reflètent pas la position du gouvernement".

Alexander Stubb est un proche allié du Premier ministre, qui appartient comme à la Coalition nationale qui affiche ses convictions en faveur de l'euro. Erkki Tuomioja est membre du Parti social démocrate qui exige de strictes contreparties en échange des aides accordées aux pays en difficulté.

Egalement cité dans le Daily Telegraph, le chef du parti des Vrais Finnois affirme que les contribuables finlandais sont furieux. "Il n'y a pas de règle sur la façon de sortir de l'euro, mais ce n'est qu'une question de temps. Le Nord ou le Sud va quitter (la zone euro) parce que cette camisole de force plonge des millions de gens dans la misère et détruit l'avenir de l'Europe", dit Timo Soini.

En Autriche, les propos du ministre des Affaires étrangères font écho à ceux de sa collègue des Finances Maria Fekter, membre comme lui du Parti populaire autrichien, qui a suggéré que la Grèce pourrait être contrainte de sortir de l'euro. A la question de savoir s'il vise spécifiquement la Grèce, Michael Spindelegger répond à Kurier : "Si une telle règle existait, on aurait déjà eu à en tirer les conséquences".

En octobre 2009, le nouveau gouvernement grec a reconnu que le déficit budgétaire était de 13% du produit intérieur brut et non de 6% comme Athènes l'avait jusqu'alors assuré, marquant le début de la crise de la dette.

Michael Spindelegger distingue la situation de la Grèce de celle de l'Espagne, qui pourrait devenir le prochain pays à solliciter un plan de sauvetage international après celui accordé à ses banques. "Il y a eu un éclatement de la bulle immobilière là-bas, mais les Espagnols ne nous ont pas trompés", dit-il.

©Crédit photo : REUTERS/Osman Orsal

Source : Reuters

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