Mort de Ray Bradbury, l'auteur de "Fahrenheit 451"

L'écrivain de science-fiction Ray Bradbury, auteur notamment de "Fahrenheit 451" (1953), des "Chroniques martiennes" (1950), est mort mardi soir à l'âge de 91 ans en Californie du Sud. Mondialement connu pour son oeuvre d'anticipation, il avait touché à tous les genres littéraires et écrit pour le cinéma ainsi que la télévision. Sa devise : "Faites ce que vous aimez et aimez ce que vous faites" était sa devise...

Bradbury avait rédigé le scénario de l'adaptation cinématographique de "Moby Dick" par John Huston en 1956 et écrit pour la télévision, notamment pour la série fantastique "La Quatrième dimension" ("The Twilight Zone") et "The Ray Bradbury Theater" ("Ray Bradbury présente" ou "Le Monde fantastique de Ray Bradbury").

Ray Bradbury s'est fait connaître, en pleine Guerre froide, avec "Les Chroniques martiennes", un recueil de nouvelles poétiques , humoristiques et graves parues dans des magazines entre 1945 et 1950, sur la colonisation de Mars par la Terre, prétexte à une satire du capitalisme, du racisme et des super-puissances. Cette fable moderne a été traduite dans une trentaine de langues, adaptée à la télévision et a inspiré un jeu vidéo.

"Les Chroniques martiennes" évoquent aussi l'interdiction des livres, thème central de l'oeuvre majeure de Bradbury publiée en 1953, "Fahrenheit 451" -la température à laquelle le papier est censé s'enflammer. Le lecteur s'y trouve plongé dans une société totalitaire sous l'emprise de la télévision où les pompiers brûlent les livres subversifs. Comme Jules Verne avant lui, Bradbury a anticipé toutes sortes de technologies à venir, du baladeur numérique à la télévision interactive en passant par la surveillance électronique et les poursuites policières en direct à la télévision...

"Fahrenheit 451" est le seul de ses livres qu'il considérait réellement comme une oeuvre de science-fiction, préférant parler de fantastique pour les autres. "C'est un libre basé sur des faits réels et sur ma haine des gens qui brûlent des livres", confiait-il à l'Associated Press en 2002.

"Fahrenheit 451", adapté au cinéma par François Truffaut en 1966, figure parmi les classiques de la littérature d'anticipation avec "1984" de George Orwell (1949), "Le Meilleur des mondes" d'Aldous Huxley (1932), "Ravage" de René Barjavel (1943) ou "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques?" de Philip K. Dick (1968, adapté au cinéma par Ridley Scott en 1982 sous le titre "Blade Runner").


Ray Bradbury était né le 22 août 1920 à Waukegan, dans l'Illinois. Affirmant que sa mémoire remontait jusqu'aux dernières semaines passées dans l'utérus de sa mère, il se décrivait comme "l'homme qui porte en lui l'enfant qui se souvient de tout". La famille s'était installée à Los Angeles en 1934 et il avait passé un temps considérable dans les cinémas et bibliothèques. Son père, Leonard, descendait de Mary Bradbury, jugée pour sorcellerie à Salem (Massachusetts). Sa mère, Esther, lui lisait "Le Magicien d'Oz" et sa tante Neva lui avait fait connaître Edgar Allan Poe.

Trop pauvre pour s'offrir un bureau ou le téléphone, Ray Bradbury rédigea "Fahrenheit 451" à la bibliothèque de l'université de Los Angeles, sur des machines à écrire louées 10 cents la demi-heure. A l'en croire, il lui fallut neuf jours et 9,80 dollars pour achever ce futur classique de la science-fiction.

Il avait reçu un National Book Award pour son oeuvre, au même titre que Philip Roth ou Arthur Miller, et un astéroïde a été baptisé 9766 Bradbury.

Samuel Cour

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