Plusieurs dizaines d'hommes dont des policiers russes ont expulsé par la force dans la nuit l'ONG Pour les droits de l'Homme de ses locaux à Moscou, frappant notamment son dirigeant Lev Ponomariev et le leader d'un parti d'opposition, ont indiqué ces derniers...
"Ils m'ont frappé à coups de pieds, m'ont traîné sur le sol puis m'ont jeté dehors", a déclaré à l'AFP Lev Ponomariev, 71 ans, un des principaux défenseurs russes des droits de l'Homme, indiquant avoir été traîné la tête la première dans l'escalier et avoir dû recevoir des soins.
Une trentaine d'hommes en uniforme noir, apparemment membres d'un service de sécurité privé, s'étaient présentés vendredi dans les locaux de l'ONG, accompagnés de policiers, affirmant être mandatés par la mairie de Moscou, propriétaire des lieux, pour expulser les locataires. "Ils n'avaient pas présenté de document légal sur la résiliation du bail", avait souligné M. Ponomariev.
L'intervention s'est finalement déroulée au petit matin, dans les locaux où étaient restés une dizaine de personnes, des militants de l'ONG et M. Ponomariev, rejoints par le leader du parti d'opposition Iabloko, Sergueï Mitrokhine. M. Mitrokhine, qui a aussi été battu au cours de l'expulsion, a affirmé que des membres du FSB (service fédéral de sécurité) supervisaient l'opération, et accusé les autorités du pays d'avoir donné l'ordre d'expulser l'ONG.
"Je suis sûr que c'était un ordre donné au plus haut niveau", a-t-il déclaré à l'AFP. "La mairie de Moscou ne faisait qu'exécuter cet ordre. Ils ont agi avec une violence délibérée", a-t-il ajouté.
MM. Ponomariev et Mitrokhine ont indiqué qu'après leur expulsion, les serrures des locaux avaient été changées. M. Ponomariev a précisé qu'il était en litige depuis des mois avec la mairie de Moscou. Une responsable de la mairie de Moscou, Ekaterina Solovieva, a affirmé que le bail de l'ONG avait pris fin en janvier.
M. Mitrokhine a également été légèrement blessé quand il a été jeté dans l'escalier. La jambe de son pantalon était pleine de sang à partir du genoux, a déclaré son assistante Sofia Russova, qui a ajouté qu'il avait lui aussi dû recevoir des soins.
Le délégué russe aux droits de l'Homme, Vladimir Loukine, qui s'est rendu sur place, a dénoncé l'action des forces de l'ordre. "Les litiges de cette nature doivent être réglés devant les tribunaux", a-t-il déclaré à la télévision.
Une porte-parole de la police de Moscou, Svetlana Kokotova, a affirmé de son côté que les policiers dépêchés sur place n'avaient frappé personne et étaient là uniquement pour empêcher que la situation ne dégénère.
Les ONG russes ont fait l'objet d'une vaste campagne de vérifications, perquisitions et inspections depuis l'adoption l'année dernière d'une loi les qualifiant d'agents de l'étranger si elles percevaient un financement étranger même partiel, et si leur activité était considérée comme politique.
Source : AFP
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