Chypre, l'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI) ont trouvé lundi un accord de dernière minute qui impose la fermeture de la deuxième banque du pays contre un plan d'aide de 10 milliards d'euros. L'accord a conclu une journée de négociations tendues à Bruxelles entre Nicos Anastasiades, le président chypriote, et les dirigeants de la "troïka" composée par la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le FMI...
Le texte, approuvé peu après par les ministres des Finances de la zone euro réunis à Bruxelles, prévoit de liquider Popular Bank of Cyprus, dite Laïki, provoquant ainsi des milliers de suppressions d'emplois, et de la séparer en une banque assainie ("good bank") et une structure de défaisance ("bad bank").
Les dépôts assurés, c'est-à-dire de moins de 100.000 euros, de Laïki seront transférés à Bank of Cyprus (BoC), première banque du pays. Dans les deux établissements, les dépôts de plus de 100.000 euros seront gelés et serviront à régler les dettes de Laïki, et à recapitaliser BoC, à travers une conversion des dépôts en participations.
Jeroen Dijsselbloem, président de l'Eurogroupe, qui rassemble les ministres des Finances de la zone euro, a précisé que les seuls dépôts supérieurs à 100.000 euros de Laïki devraient permettre à Chypre de lever 4,2 milliards d'euros, afin de compléter le plan de sauvetage international. Le président de l'Eurogroupe a en outre reconnu que les porteurs d'obligations de Laïki verraient leurs titres anéantis et que ceux de BoC seraient mis à contribution.
Un responsable européen a précisé qu'il n'y aurait pas de "taxe", à proprement parler, imposée à l'ensemble des déposants chypriotes, même si la mise à contribution imposée aux comptes supérieurs à 100.000 euros est bien supérieure à ce qui était initialement prévu.
Le parlement chypriote a rejeté la semaine dernière à l'unanimité un précédent accord, qui prévoyait de ponctionner les dépôts dans les banques chypriotes à hauteur de 6,75% en dessous de 100.000 euros et de 9,9% au-delà, afin de lever au total 5,8 milliards d'euros.
Wolfgang Schäuble, ministre allemand des Finances, a précisé lundi que le nouvel accord ne devrait pas forcément être approuvé par le parlement de Chypre, dont les banques sont restées fermées toute la semaine dernière. "Il aurait seulement fallu adopter d'autres lois si une taxe sur les dépôts non assurés avait été évoquée, mais ce n'est pas nécessaire pour restructurer les banques en question", a-t-il dit.
Klaus Regling, directeur général du Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds de secours de la zone euro, a lui annoncé que Chypre devrait recevoir d'ici le début du mois la première tranche de son plan d'aide.
Des sources proches des négociations ont rapporté plus tôt dans la soirée que les négociations avaient été très difficiles et que le président chypriote Nicos Anastasiades, élu il y a à peine plus d'un mois, avait menacé de démissionner.
Le chef d'Etat souhaitait en effet préserver le modèle financier chypriote, unique dans l'UE, qui permet à ses banques de recevoir de très larges sommes de déposants britanniques et russes, ce à quoi il semble finalement avoir échoué.
La Chypre, dont le secteur bancaire est huit fois plus important que son produit intérieur brut (PIB), devait trouver une solution avant qu'entre en vigueur l'ultimatum de la BCE, qui menaçait de ne plus alimenter en liquidités d'urgence les banques chypriotes à partir de lundi matin.
L'accord conclu entre Nicosie et la troïka UE-BCE-FMI assure finalement que "le Conseil des gouverneurs de la BCE alimentera en liquidités BoC, selon les règles en vigueur". BoC se verra également verser les neuf milliards d'euros de liquidités allouées par la BCE à Laïki, alors que la première banque chypriote a déjà reçu de son côté un milliard d'euros.
Source : Reuters
©Crédit photo : REUTERS/Sébastien Pirlet
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