Les islamistes à l'origine de la prise d'otages sanglante d'In Amenas dans le Sahara algérien ont menacé de nouvelles attaques les pays soutenant l'intervention française au Mali, tandis que les forces spéciales algériennes ont découvert sur les lieux les corps de deux activistes de nationalité canadienne...
Le Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, devait donner lundi une conférence de presse pour donner de nouvelles précisions sur le bilan et les circonstances de cette prise d'otages, qui a duré quatre jours et fait au moins 80 morts. Des Américains, des Britanniques, des Français, des Japonais, des Norvégiens, des Roumains et des Philippins figurent parmi les otages morts ou portés disparus.
De source proche des services algériens de sécurité, on indique que les documents découverts sur les cadavres de deux activistes avaient permis de les identifier comme Canadiens. On indiquait également dimanche que l'armée algérienne avait découvert les corps de 25 otages à l'intérieur du site gazier, ce qui porterait le nombre d'otages tués à 48 et le nombre total de morts à au moins 80.
"Six preneurs d'otages ont été capturés vivants dans le complexe gazier de Tiguentourine. L'armée est toujours à la recherche d'autres ravisseurs", indique-t-on.
Le gouvernement japonais a été informé par le gouvernement algérien de la mort de neuf ressortissants japonais. Le Japon paie le plus lourd tribut chez les étrangers.
La brigade des Moulathamine ("Ceux qui signent avec leur sang") de Mokhtar Belmokhtar a affirmé avoir mené cette prise d'otages en représailles aux raids aériens français contre les rebelles islamistes dans le nord du Mali, a rapporté l'Agence Nouakchott d'Information (Ani) .
Toutefois, les observateurs se demandent si une opération aussi complexe peut avoir été organisée si vite, cinq jours après l'intervention française au Mali.
La Brigade des Moulathamine a menacé de mener d'autres attaques si l'intervention de la France appuyée par ses alliés occidentaux se poursuit au Mali, rapporte le site d'observation SITE, qui relaye le communiqué des Moulathamine, publié par l'agence de presse Ani.
Selon la Brigade des Moulathamine, les preneurs d'otages de Tiguentourine ont proposé d'ouvrir des négociations pour libérer leurs prisonniers mais les autorités algériennes ont décidé d'utiliser la force. "Nous avons tendu la main pour négocier avec les Occidentaux et les Algériens tout en leur donnant notre parole depuis le début de l'opération. Mais un responsable des renseignements (algériens) nous a affirmé qu'ils procéderaient à la destruction de tout le complexe", lit-on dans la version française du communiqué qui figure sur le site d'Ani.
Dimanche, le chef djihadiste Mokhtar Belmokhtar avait revendiqué la responsabilité de l'attaque au nom du réseau Al Qaïda. "Nous, Al Qaïda, annonçons cette opération bénie de Tiguentourine", déclare-t-il dans une vidéo dont a fait état le site d'information mauritanien Sahara Media.
Mokhtar Belmokhtar ajoute que l'attaque et l'occupation du site de Tiguentourine ont été menées par une quarantaine de djihadistes, "issus pour la plupart de pays musulmans et pour d'autres de pays occidentaux". Ce chiffre correspond à peu près à celui donné par le gouvernement algérien concernant les membres du commando tués et ceux qui ont été capturés.
La prise d'otages a tourné au drame dès jeudi quand l'armée algérienne a ouvert le feu en expliquant que les ravisseurs tentaient de s'échapper avec leurs prisonniers. Selon les récits de survivants, les forces algériennes ont fait sauter plusieurs véhicules qui formaient un convoi transportant les otages et leurs ravisseurs.
Près de 700 Algériens qui travaillaient sur le site et une centaine d'étrangers ont réussi à s'échapper, pour la plupart jeudi quand les preneurs d'otages ont été délogés des bâtiments résidentiels du complexe. Mais ce n'est que samedi que les forces de sécurité algériennes ont lancé l'assaut final.
Les relations entre l'Algérie et ses alliés occidentaux se sont tendues après ce bain de sang. Certains ont fait connaître leur mécontentement de ne pas avoir été informés de la décision algérienne de donner l'assaut. La France et le Royaume-Uni ont toutefois exprimé leur soutien aux décisions du gouvernement algérien.
Evoquant les interrogations sur l'attitude d'Alger, le Premier ministre britannique, David Cameron, a tenu à souligner que la responsabilité des morts de Tiguentourine "repose totalement sur les terroristes qui ont lancé cette attaque lâche et brutale" et il a remercié les autorités algériennes en soulignant les morts au sein de l'armée algérienne.
Parmi les autres étrangers dont la mort a été confirmée par leur pays d'origine figurent trois Britanniques, un Français, un Américain et deux Roumains. Parmi les portés disparus figurent cinq Norvégiens, trois Britanniques et un résident britannique.
Parmi les 32 djihadistes tués figure probablement le chef du commando, le Nigérien Abdoul Rahman al Nigeri, un proche de Mokhtar Belmokhtar.
Source : Reuters
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire