David Cameron s'est engagé mercredi à demander aux Britanniques de se prononcer par référendum sur le maintien de leur pays dans l'Union européenne s'il gagne les élections législatives prévues au plus tard en 2015. Mettant fin à des mois de spéculations sur le sujet, le Premier ministre conservateur a annoncé lors d'un discours à Londres que cette consultation populaire aurait lieu avant fin 2017...
"Il est temps pour le peuple britannique d'avoir son mot à dire", a-t-il dit. "Il est temps pour nous de régler cette question au sujet de la Grande-Bretagne et de l'Europe." La décision du Premier ministre a été critiquée par ses partenaires européens, l'opposition travailliste et même ses partenaires gouvernementaux, les libéraux-démocrates.
François Hollande "a manifesté son souhait que le Royaume-Uni demeure au sein de l'Union européenne et a rappelé qu'être membre de l'UE comportait un certain nombre d'obligations", a rapporté Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement français. "L'Europe à laquelle nous croyons est un pacte de solidarité qui vaut pour tous les Etats membres, sinon elle n'est pas la solidarité", a ajouté le président français.
Sur la même ligne, Guido Westerwelle, ministre allemand des Affaires étrangères, a estimé que "picorer à la carte n'(était) pas une option", tout en précisant que Berlin souhaitait que "le Royaume-Uni reste un élément actif et constructif de l'Union européenne".
Martin Schultz, président du Parlement européen, régulièrement accusé d'immobilisme par David Cameron, a accusé Londres d'être "très largement à l'origine de tous les blocages en Europe". "Les changements qu'il défend ne profitent qu'au seul Royaume-Uni et ce n'est pas juste", a-t-il dit à propos de David Cameron.
Allié privilégié de Londres, le gouvernement américain a fait savoir qu'il souhaitait que la Grande-Bretagne reste membre de l'UE avec une "voix forte".
Au Parlement britannique, Ed Milliband, chef de file de l'opposition travailliste a estimé que David Cameron engageait l'économie britannique dans un "pari très risqué". Peter Mandelson, un ancien commissaire européen issu du parti travailliste, a prévenu que l'UE n'apprécierait pas d'être considérée "comme une cafétéria où l'on apporte son propre plateau et d'où on s'en va en emportant ce que l'on veut".
Le vice-Premier ministre, Nick Clegg, chef des libéraux-démocrates, a également critiqué l'annonce du référendum, estimant que la fragile reprise de l'économe britannique serait affectée par "des années et des années d'incertitude du fait d'une renégociation interminable et mal cadrée de notre place en Europe".
Constatant que la défiance des Britanniques envers l'Union européenne culmine "à un niveau historique", David Cameron entend mener campagne en 2015 en promettant une renégociation des termes de l'appartenance de la Grande-Bretagne à l'UE, une solution qu'il privilégie à une sortie pure et simple de l'ensemble communautaire.
"Lorsque nous aurons négocié ce nouvel accord, nous donnerons au peuple britannique un référendum avec une alternative très simple: dedans ou dehors, rester dans l'Union européenne sur ces nouvelles bases ou en sortir complètement", a-t-il dit.
La tenue de ce référendum est aussi incertaine qu'une victoire des conservateurs aux prochaines élections législatives. L'opposition travailliste est en tête des intentions de vote tandis que le gouvernement de coalition des conservateurs et des libéraux-démocrates entend poursuivre sa politique d'austérité malgré l'impopularité qu'elle engendre.
Le Parti conservateur est lui-même divisé sur la question européenne. Sa frange hostile à l'appartenance à l'UE est aiguillonnée par la concurrence de plus en plus menaçante à droite des "indépendantistes" de l'UKIP. Pour Nigel Farage, chef de file de l'UKIP, David Cameron a laissé "le génie sortir de sa boîte" avec cette idée de référendum.
Sans soutenir personnellement une sortie du Royaume-Uni, le Premier ministre défend une nouvelle Union européenne fondée sur cinq principes : compétitivité, flexibilité, pouvoir redescendant vers les Etats membres, responsabilité démocratique et justice.
La crise de la dette dans la zone euro, à laquelle la Grande-Bretagne n'appartient pas, est une des principales raisons de l'exigence d'une renégociation. "L'Union européenne qui sortira de la crise sera une institution très différente", explique le Premier ministre britannique. "Elle sera transformée, peut-être de manière méconnaissable, par les mesures nécessaires pour sauver la zone euro."
Eviter un référendum rendrait encore plus probable une sortie du Royaume-Uni, estime encore David Cameron. Cela risquerait d'alimenter le désenchantement des Britanniques alors qu'ils sont déjà, à une courte majorité selon les sondages, favorables à une telle sortie.
"Certains disent que pointer cela du doigt est irresponsable, que cela crée de l'incertitude dans les affaires et que cela met en question la place de la Grande-Bretagne dans l'Union européenne", a dit David Cameron. "Mais la question est déjà posée: l'ignorer ne la fera pas disparaître."
Source : Reuters
©Crédit photo : REUTERS/Suzanne Plunkett
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