Le chômage a poursuivi sa hausse pour le 16e mois consécutif en France au mois d'août, franchissant la barre des 3 millions dans la catégorie phare pour la première fois depuis juin 1999, ont annoncé mercredi le ministère du Travail et Pôle emploi. Le dépassement de cette barre symbolique a été mis par François Hollande sur le compte des politiques menées sous la présidence de Nicolas Sarkozy...
"Nous avons 3 millions de chômeurs dans notre pays, ils ne sont pas venus depuis 4 mois, ils sont là, c'est une situation dont nous héritons et nous allons tout faire, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault et moi-même pour endiguer et puis ensuite pour faire reculer le chômage", a dit le président français à New York, où il participait à l'Assemblée générale de l'Onu.
Le président François Hollande a promis le 9 septembre d'inverser la courbe du chômage en France d'ici fin 2013 et a demandé aux partenaires sociaux de conclure d'ici fin 2012 un "compromis historique" sur la réforme du marché du travail.
Les principales centrales syndicales et organisations patronales entreront dans le vif du sujet le 4 octobre avec le début de négociations sur la sécurisation des emplois, dont la contrepartie est l'amélioration de la compétitivité des entreprises et une flexibilité accrue du marché du travail.
Le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A (ceux n'ayant exercé aucune activité) a augmenté de 23.900 (+0,8%) le mois dernier en France métropolitaine pour s'établir à 3.011.000. Ce total est le plus élevé depuis juin 1999.
Sur un an, la progression en catégorie A est de 9,2% et elle devrait se poursuivre. Selon l'assurance chômage, les chômeurs en catégorie A seront 3.083.800 fin 2012 et 3.208.500 fin 2013. En tenant compte des personnes exerçant une activité réduite (catégories B et C), le nombre de demandeurs d'emploi progresse de 0,9% en août, soit 40.800 personnes de plus, pour atteindre 4.494.600 (+8,4% sur un an). Avec les départements d'Outre-mer, le nombre de demandeurs d'emploi en catégories A, B et C est de 4.776.800.
La dégradation a particulièrement touché les personnes les plus âgées en août, et dans une moindre mesure les plus jeunes, ainsi que les chômeurs de longue durée. Le nombre de demandeurs d'emploi âgés de plus de 50 ans a progressé de 1,7% en catégorie A (+16,9% sur un an) et de 1,5% en A, B, C (+15,5% sur un an). Le nombre de demandeurs d'emploi âgés de moins de 25 ans a augmenté de 0,7% en catégorie A (+9,0% sur un an) et de 0,9% en A, B, C (+8,0% sur un an).
Le nombre des chômeurs de longue durée (inscrits depuis plus d'un an) a quant à lui progressé de 1,1% en catégories A, B et C (+9,4% sur un an), alors que le nombre de personnes inscrites depuis moins d'un an a augmenté de 0,8% (+7,7% sur un an).
Le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, a estimé que l'objectif d'une inversion de la courbe du chômage d'ici fin 2013 fixé par François Hollande serait "difficilement" atteignable dans un contexte de croissance nulle ou "molle". "C'est un pari risqué", a-t-il dit sur Europe 1. "Quand on a une croissance proche de zéro, le chômage augmente, il y a un effet quasi mécanique."
Son homologue de la CFDT, François Chérèque, a cependant jugé sur RMC et BFM-TV que le phénomène n'était pas "inéluctable", bien que la France connaisse le chômage de masse depuis 30 ans. "Je crains qu'on ne s'habitue trop à cette situation", a-t-il dit. "Il est temps d'aller sur le fond (...) Nous avons un tissu productif qui n'est pas assez efficace et compétitif (...) La France n'est pas adaptée à la mondialisation."
Pour le dirigeant de la CFDT, qui quittera ses fonctions en novembre avant la fin de la négociation, le marché du travail français est déjà "hyper-flexible" du fait d'un recours massif des entreprises aux contrats courts ou à durée déterminée. "Si le patronat veut plus de flexibilité (...) on n'est pas d'accord", a renchéri son homologue de FO, pour qui "ce n'est pas parce que le président de la République veut un compromis historique que je vais dire 'oui chef'". "Qu'il fasse une autre politique économique et on aura moins de chômeurs", a ajouté Jean-Claude Mailly.
Pour la CGT, "il est urgent de sortir de la logique de privilégier la rémunération des actionnaires dont le coût est nettement plus élevé que le coût du travail". "C'est de nouvelles stratégies pour la création d'emplois dont le pays a besoin, en investissant dans les moyens des services publics pour l'emploi, l'éducation, la formation, la recherche et le développement", poursuit le syndicat dans un communiqué.
Source : Reuters
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