Le PIB de la France reculerait de 0,1% au 2e trimestre

L'économie française devrait avoir enregistré une légère contraction au deuxième trimestre sous l'effet d'une consommation atone et surtout d'un ralentissement de l'investissement des entreprises qui risque d'hypothéquer aussi sa croissance future. Le produit intérieur brut de la période, dont le chiffre préliminaire sera publié mardi par l'Insee, est anticipé en baisse de 0,1% par 31 économistes interrogés par Reuters, dont les estimations vont d'une croissance nulle à un repli de 0,5%...

La Banque de France table sur un recul de même ampleur et vient de publier une première estimation du PIB du 3e trimestre qui serait aussi en baisse de 0,1%, des prévisions qui, si elles se confirmaient, signifieraient que l'économie française est entrée en récession.

Dans ses dernières prévisions, fin juin, l'Insee escomptait un deuxième trimestre 2012 en croissance nulle, tout comme le premier, avant un léger rebond au second semestre qui permettrait au PIB de progresser de 0,4% sur l'année, soit légèrement plus que les attentes du gouvernement (+0,3%).

Les enquêtes publiées depuis font apparaître une baisse du moral des ménages, sur fond de poursuite de la montée du chômage, comme des industriels qui sont confrontés à une conjoncture internationale difficile, avec pour conséquence l'absence de ressorts sur lesquels un rebond pourrait s'appuyer.

"J'ai peur qu'on ait un chiffre sans grand relief, avec une demande faible, ce qui est attendu, mais surtout une composante investissement des entreprises qui risque d'être décevante" estime Philippe Waechter, responsable des études économiques de Natixis Asset Management. "Il y a un vrai souci de ce côté en Europe aujourd'hui et la faiblesse de l'investissement pose des problèmes pour la croissance potentielle à venir", a-t-il ajouté.

Le net ralentissement des importations de l'Allemagne constaté en juin ou le chiffre décevant des exportations chinoises de juillet sont autant d'autres signes de l'environnement dégradé du moment.

Ludovic Subran, chef économiste de l'assureur crédit Euler Hermes, juge de même que l'investissement des entreprises est la clé de la croissance, l'élection présidentielle française n'ayant pas vraiment créé de choc de confiance dans l'opinion. Mais selon lui, le risque est aujourd'hui qu'il ralentisse encore plus que prévu en début d'année, les entreprises, déjà en panne de compétitivité, s'adaptant à la conjoncture. "L'investissement des entreprises est la seule composante de la croissance qui n'a pas retrouvé son niveau d'avant la crise de 2008-2009", souligne-t-il. "On souffre du fait que cette composante stagne et n'a plus de contribution positive à la croissance en France", ajoute l'économiste, en appelant de ses voeux une politique de soutien du gouvernement.

Les prévisions actuelles, si elles se confirment, ne devraient avoir qu'un impact limité sur l'objectif de croissance du gouvernement pour 2012, qui sous-tend celui d'un retour des déficits publics à 4,5% du PIB. Il en serait tout autrement pour 2013, où l'objectif de croissance de 1,3% retenu à ce jour, avec des déficits ramenés à 3,0%, risque d'être hors de portée en l'absence de tout rebond au deuxième semestre.

Source : Reuters

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