PSA supprime 8.000 emplois, les politiques sous le choc

L'annonce par PSA Peugeot Citroën de suppressions de postes massives pour tenter d'endiguer ses pertes financières a provoqué jeudi un choc dans l'opinion et la classe politique, qui voient dans la fermeture de l'usine d'Aulnay un symbole des difficultés de l'industrie française...

Le premier groupe automobile hexagonal a annoncé 8.000 nouvelles suppressions d'emplois sur l'ensemble de ses sites français, notamment à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) où l'activité d'assemblage prendra fin en 2014. Aucune usine automobile n'avait fermé en France depuis Renault-Billancourt en 1992.

Des réactions de colère ont accueilli la nouvelle. La CGT a dénoncé une "injustice", l'UMP a réclamé des mesures pour la compétitivité des entreprises et le Parti communiste une loi contre les licenciements abusifs.

Du côté du gouvernement, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a évoqué un "véritable choc" pour les salariés de PSA et annoncé pour la fin juillet un plan de soutien à la filière automobile dont les contours restent inconnus. Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, en première ligne sur ce dossier, a déclaré que le gouvernement ne saurait accepter "en l'état le plan développé par PSA".

Au cours d'une conférence de presse organisée après la tenue d'un comité central d'entreprise extraordinaire au siège parisien du groupe, le président du directoire de PSA, Philippe Varin, a déclaré qu'il comprenait l'émotion suscitée par cette deuxième restructuration en moins d'un an, mais tout en assurant que c'était "la seule voie possible" face à la dégradation du marché automobile européen.

Les nouvelles suppressions d'emplois viennent s'ajouter à un précédent plan dévoilé par PSA à l'automne dernier et représentent au total pour le groupe une réduction d'effectifs de 10% environ. La direction a promis jeudi des solutions de reclassement interne ou externe à Aulnay et Rennes, et le recours au seul volontariat pour les effectifs de structure.

A Aulnay, où PSA produit la petite Citroën C3, de nombreux syndicalistes se sont rendus dans la matinée aux abords du site pour exprimer leur détresse et leur révolte, tandis qu'à Rennes, où 1.400 emplois sont condamnés, les salariés hésitaient entre colère et résignation.

Le syndicat CGT du site Peugeot Citroën d'Aulnay-sous-Bois a promis jeudi "la guerre" à la direction du constructeur automobile face à l'annonce de l'arrêt de la production en 2014 et la suppression de 3.000 postes. Le premier syndicat du site, qui représente environ 30% des salariés et s'est montré très virulent, ne prévoit toutefois pas d'actions avant la rentrée de septembre.

En revanche, Sud, troisième syndicat (13%), demande au groupe de "revenir immédiatement sur sa décision" et appelle d'ores et déjà à un blocage illimité de la production, dans la continuité du mouvement lancé jeudi. Le Syndicat indépendant de l'automobile (SIA), second syndicat du site (28%), a appelé pour sa part à la reprise du travail vendredi. "Mais les salariés sont laminés, c'est vraiment difficile", a dit Tania Susset, déléguée du SIA.

Les salariés du site ont cessé spontanément le travail jeudi matin à l'annonce du plan de la direction et l'usine est restée à l'arrêt pendant une grande partie de la journée. Plusieurs centaines de salariés ont manifesté devant l'une des entrées de l'usine en début d'après-midi.

"Varin nous a déclaré la guerre, on va lui faire la guerre. On va vendre notre peau le plus cher possible", a dit à Reuters Jean-Pierre Mercier, délégué CGT de l'usine, à propos du président du directoire de PSA Peugeot Citroën, Philippe Varin. Il a précisé que les salariés allaient "monter en puissance" à partir du mois de septembre après avoir établi au préalable un plan de bataille. Il a ajouté que les syndicats voulaient s'adresser à tous les salariés qui sont actuellement dans la même situation en France, par exemple ceux d'Air France sur le site proche de Roissy. 

Depuis la fin des primes à la casse, le marché automobile européen et français ne redémarre toujours pas. Sur le premier, PSA attend désormais une baisse de 8% cette année tandis que sur le second, Renault prévoit une contraction de 10-11% cette année.

Ce marasme, conjugué à la concurrence de modèles fabriqués hors d'Europe, a accentué les surcapacités dont souffrent les usines automobiles sur le continent. Selon le cabinet de conseil Alix Partners, quatre sites d'assemblage sur dix en Europe utilisent moins de 75-80% de leurs capacités de production, taux jugé optimum pour le secteur.

Certains syndicats craignent que les mesures choc dévoilées jeudi par PSA ne fassent boule de neige à travers le secteur. Carlos Ghosn, PDG de Renault, avait prévenu en mars au salon de l'automobile de Genève que la première restructuration d'ampleur par un constructeur européen pourrait entraîner une vague de fermeture de sites, car elle contraindrait tous les concurrents à lui emboîter le pas.

Source : Reuters

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