Alcatel-Lucent a annoncé jeudi la suppression de 5.000 emplois dans le monde d'ici fin 2013 dans le cadre d'un nouveau programme de restructuration qui doit lui permettre de réduire ses coûts de 1,25 milliard d'euros, soit 750 millions de plus que prévu initialement...
L'équipementier télécoms avait déjà douché les marchés la semaine dernière en annonçant qu'il renonçait à son objectif de marge pour 2012. La mesure affectera 6,4% des effectifs mondiaux du groupe franco-américain, qui emploie 76.000 personnes dans 130 pays.
En Bourse, le titre Alcatel-Lucent a touché un nouveau plus bas historique, tombant jusqu'à 0,7950 euro. A 14h37, il perdait 7,2% à 0,8120 euro, plus forte baisse du CAC 40 (+3,31%), le marché jugeant insuffisantes les mesures annoncées au regard des difficultés du groupe dont la trésorerie inquiète.
Alcatel-Lucent a accusé au deuxième trimestre une perte d'exploitation ajustée de 31 millions d'euros avec des revenus s'élevant à 3,545 milliards, en repli de 7,1%. "Nous pensions que 2012 serait meilleur que 2011. Nous nous sommes trompés", a déclaré le directeur général Ben Verwaayen lors d'une conférence téléphonique avec des analystes.
Les fabricants d'équipements télécoms traversent une période difficile face à la dégradation de la conjoncture qui pèse sur les revenus de leurs clients opérateurs alors que la guerre des prix continue de faire rage dans le secteur.
Affecté par le ralentissement des investissements des opérateurs, le numéro un mondial Ericsson a déçu les attentes du marché au deuxième trimestre, tandis que le chinois ZTE a averti que ses profits pourraient chuter de 80% au premier semestre.
Alcatel-Lucent a fourni un nouvel objectif de marge en précisant qu'elle serait supérieure au deuxième semestre par rapport au premier où elle s'est établie à -3,7%.
Prié de dire si le groupe serait rentable cette année, Ben Verwaayen a botté en touche, réaffirmant seulement que la marge devait s'améliorer au cours de la deuxième partie de l'année.
Il s'agit d'une nouvelle désillusion pour le groupe issu de la fusion entre Alcatel et Lucent en 2006, qui n'a dégagé ses premiers bénéfices que l'an dernier.
Le groupe, qui avait déjà manqué l'an dernier son objectif de redevenir une entreprise "normale", c'est-à-dire en croissance, profitable et qui génère du cash, risque de voir cette perspective s'éloigner encore davantage.
"Le plan de restructuration proposé n'est pas à la hauteur des difficultés et ne répond pas aux problèmes structurels", estime Pierre Ferragu, analyste à Alliance Bernstein, évoquant notamment la dispersion des activités du groupe. "Au contraire, cette restructuration va coûter cher en cash et risque d'accélérer les problèmes de liquidités", ajoute-t-il.
Historiquement faible sur le plan de la génération de trésorerie, le groupe a brûlé 674 millions d'euros sur le seul premier trimestre.
"J'ai bien peur qu'Alcatel soit en train de prendre la même route que Nortel, en s'enlisant dans une série de restructurations vouées a l'échec", estime Christian Jimenez, président de Diamant Bleu Gestion, faisant référence à l'équipementier canadien qui a déposé le bilan en 2009.
Alcatel-Lucent n'a pas apporté de précision sur les régions ou les métiers susceptibles d'être affectés par les suppressions d'effectifs, expliquant qu'il était tenu d'informer au préalable les organisations du personnel.
Seule indication, les équipes de recherche et développement, soit 26.000 personnes, ne seront pas touchées. "On en revient à de vieilles traditions de la société", réagit Hervé Lassalle, de la CFDT d'Alcatel-Lucent, rappelant que les salariés ont déjà connu plusieurs plans sociaux entre 2007 et 2010.
"On ne voit pas comment la France échapperait à tout cela parce qu'entre autres le marché européen, Afrique, Moyen-Orient qui est notre zone de chalandise principale ne va pas bien", a-t-il dit à Reuters, précisant que sur 9.500 salariés français, 3.000 font de la R&D.
L'équipementier Nokia Siemens Network a annoncé en novembre 17.000 suppressions de postes, soit un quart de ses effectifs. La coentreprise de Nokia et de Siemens avait également décidé de se recentrer sur l'activité mobile en se désengageant du fixe.
Alcatel-Lucent prévoit pour sa part de se désengager de contrats ou de marchés jugés non rentables. "Nous ne pouvons pas tout faire pour tout le monde partout", a expliqué Ben Verwaayen, tout en précisant que le groupe entendait rester un équipementier de premier ordre avec une large palette de produits.
"L'accent aujourd'hui n'est pas mis sur les ventes d'actifs mais plutôt sur la recherche d'une plus grande efficacité au niveau du groupe", a indiqué Ben Verwaayen. Il a ajouté que le groupe comptait également se montrer plus agressif dans la commercialisation de son portefeuille de brevets.
Source : Reuters
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