Hollande attaque la vraie rentrée après un séminaire raillé

La rentrée commence sérieusement ce mercredi pour François Hollande avec un conseil des ministres consacré à la réforme du statut d'auto-entrepreneur, prélude à une série d'arbitrages cruciaux sur fond de turbulences persistantes au sein de la majorité...

Après deux semaines de vacances, où François Hollande et Jean-Marc Ayrault se sont relayés pour occuper la scène médiatique, le gouvernement s'était déjà réuni lundi pour un séminaire sur "la France dans 10 ans" raillé par l'opposition et une partie de la gauche.

François Hollande y a promis pour la fin du mois des arbitrages sur la réforme des retraites et le budget 2014, pour lequel sont envisagées six milliards d'euros de hausses d'impôts.

Avec une augmentation de TVA déjà prévue en 2014 et un alourdissement du quotient familial, l'exercice s'annonce délicat et le ministre des Finances, Pierre Moscovici, s'est dit conscient du "ras-le-bol fiscal" d'une partie de l'opinion.

Ce sentiment risque d'être exacerbé par la réforme des retraites, autre sujet brûlant de la rentrée qui fera l'objet d'une rencontre entre le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et les partenaires sociaux en début de semaine prochaine.

La piste d'une hausse de la Contribution sociale généralisée (CSG) semble s'imposer pour combler l'essentiel du déficit du régime général d'ici à 2020, date possible du début d'une augmentation de la durée de cotisation. En dépit du caractère explosif du sujet, objet d'une journée d'action syndicale le 10 septembre, l'Elysée affirme vouloir éviter une "énième" réforme incapable de résoudre les déséquilibres à long terme.

"Si l'on arrive à montrer que la réforme des retraites, c'est le moyen d'intégrer l'ensemble de la problématique de la solidarité inter-générationnelle dans l'ensemble du débat sur la protection sociale, on aura plutôt réussi", juge-t-on dans l'entourage de François Hollande.

LE RETOUR DES "COUACS"

Pour le président de la République, les ennuis politiques proviennent largement de son propre camp. Près de deux mois après l'éviction de Delphine Batho du gouvernement, François Hollande est confronté à une résurgence des "couacs", dont il s'était débarrassé un temps après avoir averti en mai dans Paris-Match que personne n'était protégé au gouvernement.

La démission forcée en juillet de la ministre de l'Ecologie Delphine Batho après des critiques sur le budget de son secteur n'aura pas suffi à maintenir le silence dans les rangs du gouvernement. Jean-Marc Ayrault a ainsi dû intervenir en pleine trêve estivale pour apaiser les tensions entre le ministre de l'Intérieur Manuel Valls et sa collègue de la Justice Christiane Taubira sur la réforme pénale prévue pour septembre.

Accusé de dérive droitière par une partie de la gauche, Manuel Valls en a irrité plus d'un dans son propre camp en relançant lundi le débat sur le regroupement familial, pilier de la politique migratoire française.

Dans ce concert de dissonances, d'autres ministres tentent de faire entendre leur musique. Les socialistes Stéphane Le Foll et Philippe Martin et les écologistes Cécile Duflot et Pascal Canfin ont, par exemple, signé un texte dans le journal du Dimanche appelant à accélérer la transition écologique.

RASSEMBLER LA GAUCHE

Dans ce turbulent contexte, l'université d'été du Parti socialiste organisée de vendredi à dimanche à La Rochelle court le risque de révéler au grand jour les disputes qui encombrent les couloirs de la majorité. Au-delà de l'unité du gouvernement, François Hollande doit en effet rassembler la gauche en vue des élections municipales et européennes de 2014.

Le PS a demandé dimanche au Parti communiste français de prendre ses distances avec les "outrances" du leader du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon, qui a accusé Manuel Valls d'être contaminé par les idées du Front national. 

Les communistes, traditionnels partenaires du PS aux municipales, réclament quant à eux un changement de ligne à François Hollande. "On ne veut pas l'échec du gouvernement mais il faut un changement de cap, une inflexion", juge Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. 

Pour le Parti de gauche, tout rapprochement avec le PS semble pour l'heure exclu. "La politique du gouvernement s'inscrit dans la continuité de celle de l'équipe précédente, il ne mène pas la politique pour laquelle Nicolas Sarkozy a été battu", estime Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de gauche.

Source : Reuters
©Crédit photo : REUTERS/Benoît Tessier

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