L'Europe à la traîne de la révolution du gaz de schiste

Les participants à la conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, qui s'est tenue durant le week-end à Munich, ont souligné que le Vieux Continent devait développer une stratégie d'exploitation de ses ressources en gaz de schiste, faute de quoi les industries gourmandes en énergie risquaient de délocaliser...

"Le boom du gaz et pétrole de schiste est déjà en cours; tandis que l'Europe discute, l'Amérique du Nord en retire les avantages", a dit Jorma Ollila, président de Royal Dutch Shell.

Shell a signé voici une semaine avec l'Ukraine un accord de 10 milliards de dollars sur le gaz de schiste, le plus gros contrat de ce type en Europe. Il pourrait aider l'Ukraine à réduire sa dépendance vis-à-vis des importations russes. L'Ukraine disposerait des troisièmes réserves européennes de gaz de schiste, estimées à 1.200 milliards m3, selon l'Administration américaine d'information sur l'énergie (EIA).

Ce serait la France qui aurait les premières réserves européennes, évaluées à plus de 5.000 milliards m3. La France a interdit la technique d'extraction dite de fracturation hydraulique qui mobilise des quantités énormes d'eau et de produits chimiques que l'on injecte à très forte pression dans des trous de forage pour fragmenter les schistes.

Les écologistes craignent que cette technique n'accroisse les risques de séisme et ne pollue l'eau potable. Les Etats-Unis font valoir que grâce à un usage accru du gaz, ils ont pu réduire les émissions de gaz à effet de serre à leur niveau le plus bas depuis vingt ans. "Vu de l'autre côté de l'Atlantique, il est particulièrement frappant que le développement en Europe soit interdit ou ralenti, sans véritablement de motifs valables", a dit Daniel Yergin, vice-président d'IHS Cambridge Energy Research.

"La révolution interne de l'énergie aux Etats-Unis et l'augmentation radicale de la production de pétrole et de gaz a fait que la production de gaz a augmenté de 25%, tandis que la dépendance vis-à-vis des importations de pétrole baissait de 60% à 40%, et devrait même tomber à 30%", a dit Carlos Pascual, délégué spécial américain aux affaires énergétiques.

L'Europe, soucieuse d'écologie, admet qu'avec un prix du gaz aux Etats-Unis qui représente le tiers de celui de l'Allemagne, son industrie commence à sentir le vent du boulet. "Beaucoup d'entreprises allemandes ont choisi de délocaliser aux Etats-Unis, évoquant le facteur énergétique comme argument décisif", a dit le ministre de l'Economie allemand, Philipp Rösler.

Les Etats-Unis ont détrôné la Russie comme premier producteur de gaz mondial en 2012 et ils doivent en produire encore bien plus à partir de 2015. "Je pense que la révolution du schiste est positive, une chance pour nous tous de lancer des technologies, d'améliorer la compétitivité, de rendre nos pays énergétiquement moins dépendants et de réduire les coûts", a dit le ministre de l'Energie russe, Alexandre Novak. La Russie veut multiplier les exportations vers un continent asiatique gourmand en énergie et développer ses infrastructures pour transporter le gaz vers l'est.

Selon une étude récente des services de renseignement allemands, les Etats-Unis pourraient passer du statut de premier pays importateur d'énergie dans le monde au statut d'exportateur de pétrole et de gaz d'ici 2020, réduisant leur dépendance vis-à-vis du Moyen-Orient et s'accordant ainsi plus de liberté politique.

La Chine, au contraire, deviendrait plus dépendante du pétrole du Moyen-Orient pour alimenter sa croissance.

La production de gaz de schiste représentait seulement 1% de la production de gaz en 2005. A présent, c'est le tiers et ce sera la moitié d'ici 2040, a ajouté Carlos Pascual. "Développer une plus grande capacité pour réduire la dépendance aux importations n'affecte pas notre engagement pour la sécurité dans le monde, pour la paix et la sécurité au Moyen-Orient", a-t-il souligné.

Source : Reuters
©Crédit photo : AFP

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