Publicis surpris par une chute du marché de la pub en septembre

Publicis a enregistré au troisième trimestre une croissance nettement plus faible que prévu, pénalisé par une dégradation surprise et brutale du marché publicitaire en septembre, qui a principalement affecté l'Europe. Dans un communiqué publié vendredi, le troisième groupe publicitaire mondial fait état d'un chiffre d'affaires trimestriel de 1,627 milliard d'euros, en croissance organique de 2%, inférieure à ses attentes et à celles du marché...

Le groupe avait dit viser une progression supérieure à celle de 4,1% enregistrée sur les trois premiers de l'année et des estimations d'analystes allaient de 2,9 à 4,9%. "Alors que l'Europe du Sud connaît une chute régulière des marchés publicitaires, depuis septembre celle du Nord commence à vivre des baisses aussi sensibles que brutales", déclare le président du directoire, Maurice Lévy, cité dans le communiqué.

"Les annonceurs ont renforcé depuis la rentrée un comportement attentiste en supprimant ou décalant des campagnes", ajoute-t-il.

Ses observations font écho à celles de ses principaux concurrents, également déstabilisés par la dégradation brutale du marché publicitaire depuis septembre. Le numéro un mondial WPP a ainsi créé la douche froide sur les marchés jeudi en annonçant une révision à la baisse de sa prévision de chiffre d'affaires annuel pour la seconde fois en deux mois. L'américain Omnicom, a, lui, prévenu que le haut degré d'incertitude chez ses clients limitait la visibilité sur l'évolution des trimestres à venir.

"Alors que le cumul de juillet-août se situait en ligne avec les prévisions internes, septembre a enregistré une chute aussi brutale qu'inattendue", souligne pour sa part Publicis. Son chiffre d'affaires a reculé sur le mois de 1,6% sous l'effet de l'annulation ou du report de campagnes publicitaires alors que le groupe anticipait une croissance de 6,6%.

"La croissance organique du T3 est nettement plus faible que prévu", estiment dans une note les analystes d'Exane BNP Paribas qui jugent probable des révisions à la baisse du consensus du marché pour 2012 ainsi qu'une réaction négative du titre en Bourse.

La dégradation du marché publicitaire a été particulièrement sensible en Europe, qui affiche un repli de 3,6%, pénalisée comme les trimestres précédents par les pays du sud de la région (-8,7%) mais aussi par la France (-2,2%) et l'Allemagne (-1,8%). Les autres régions affichent en revanche des évolutions positives de leur activité, notamment dans les émergents qui enregistrent une progression de 8,5%.

Maurice Lévy a jugé difficile de dire si la tendance de septembre risquait de se poursuivre au cours des mois à venir. "Est-ce que c'est un signe annonciateur ? Je ne sais pas. Je suis très prudent là-dessus", a expliqué le dirigeant sur BFM Business, tout en soulignant que la situation actuelle du marché publicitaire n'était pas comparable avec la chute qui a suivi la crise économique et financière de 2008-2009. "Il faut se garder de lire le mois de septembre comme un indicateur avancé d'une crise forte. Ce n'est pas la panique et ce n'est pas du tout l'inquiétude que nous avons pu lire en 2008 après la chute de la maison Lehman", a-t-il ajouté.

Dans son communiqué, Publicis ne fournit pas de prévision chiffrée concernant son chiffre d'affaires pour 2012.

L'agence ZenithOptimedia, filiale du groupe, a une nouvelle fois révisé en octobre sa prévision de croissance des dépenses publicitaires mondiales pour cette année, qui s'établit désormais à 3,8% contre 4,3% précédemment.

Publicis a en revanche confirmé sa prévision d'une stabilité de sa marge opérationnelle pour 2012 et d'une amélioration de 200 à 400 points de base à moyen terme. "Les zones d'ombre sont bien identifiées et limitées tant géographiquement que sectoriellement et n'entament pas le potentiel de Publicis", assure Maurice Lévy dans le communiqué, en précisant que le groupe compte faire preuve "de la plus grande prudence" dans la gestion de ses coûts de fonctionnement.

Le titre a clôturé jeudi en recul de 1,24% à 40,895 euros. Depuis le début de l'année, il affiche une hausse de 15,1%, à comparer à la progression de 10,16% de l'indice sectoriel européen des médias.

©Crédit photo : REUTERS/Mal Langsdon

Source : Reuters

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