L'Eurogroupe inaugure le MES lundi, l'Espagne première cliente

Les ministres des Finances de l'Eurogroupe lanceront officiellement lundi à Luxembourg le Mécanisme européen de stabilité (MES), un fonds de renflouement de 500 milliards d'euros destiné aux pays de la zone euro en difficulté. L'Eurogroupe, qui constitue le conseil des gouverneurs du MES, tiendra la réunion inaugurale du fonds lundi, deux ans après l'adoption de l'idée d'un dispositif de sauvetage permanent pour la zone euro par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne (UE)...

"Le MES pourra entrer en fonction à partir de lundi après-midi; il existera officiellement et sera opérationnel", a dit un haut fonctionnaire de la zone euro. La capacité de prêt du MES sera appréciée au regard des 80 milliards d'euros de capital libéré et des 620 milliards de capital mobilisable qui constitueront la contrepartie de ses emprunts sur le marché grâce auxquels il prêtera aux pays qui n'y ont plus accès.

Une première tranche de 32 milliards d'euros de capital libéré sera débloquée en octobre, donnant au MES une capacité d'intervention initiale de 200 milliards d'euros. Une nouvelle tranche de 32 milliards d'euros s'ajoutera l'an prochain, portant la capacité à 400 milliards, et la dernière tranche de 16 milliards d'euros sera affectée en 2014, le MES atteignant alors sa pleine capacité de 500 milliards.

La première tâche du MES sera de prêter à l'Espagne pour qu'elle recapitalise son secteur bancaire, un programme hérité de l'actuel Fonds européen de stabilité financière (FESF). L'Espagne devra attendre novembre avant de toucher ses fonds, une fois que la Commission européenne aura approuvé les plans de recapitalisation de chaque banque.

Il est probable que l'Eurogroupe examinera également lundi une demande que devrait présenter Madrid pour pouvoir bénéficier d'une ligne de crédit tirée sur le MES qui permettrait à l'Espagne d'adjuger des obligations assorties d'une garantie de couverture des premiers 20 à 30% de perte. Ce mécanisme serait censé rendre l'achat d'obligations espagnoles bien plus attrayant pour les investisseurs, moyennant la mobilisation d'une cinquantaine de milliards d'euros de fonds de la zone euro.

Il autoriserait également l'achat d'obligations espagnoles par la Banque centrale européenne (BCE) sur le marché secondaire, perspective qui a permis de ramener de plus de 7% en juillet à moins de 6% actuellement le rendement de l'emprunt de référence espagnol.

Toutefois, Berlin n'a pas envie de voir Madrid formuler sa demande d'aide tout de suite. L'Allemagne préférerait regrouper l'an prochain en un seul "paquet anticrise" l'aide à l'Espagne, un renflouement de 15 milliards d'euros pour Chypre et un deuxième plan d'aide révisé de 130 milliards d'euros pour la Grèce.

Ce faisant, la chancelière allemande Angela Merkel, consciente de l'impopularité de tous ces efforts d'assistance au sein même de sa propre coalition, n'aurait qu'une seule bataille à livrer au Parlement pour faire adopter le tout, plutôt que de soutenir plusieurs affrontements distincts.

La conséquence est qu'il ne faut pas s'attendre à ce que l'Espagne sollicite une aide internationale prochainement. Le rendement de l'emprunt à 10 ans espagnol est à 5,71%, trop élevé pour pouvoir le supporter longtemps mais pas suffisamment pour réclamer une aide de toute urgence. "Si on examine la situation du marché actuellement, je ne vois aucune nécessité pour l'Espagne de postuler à quelque programme que ce soit", a dit un autre haut fonctionnaire de la zone euro.

La Grèce sera également évoquée lors de cette réunion de l'Eurogroupe mais rapidement. Elle aura en revanche droit à toute l'attention des ministres lors de la réunion du 12 novembre. "La troïka (Commission européenne, Fonds monétaire international, BCE) est en Grèce. Des délégués seront présents lors de la réunion de l'Eurogroupe et informeront les ministres des problèmes et questions délicates; ils feront un état des lieux mais je ne pense pas que cela débouchera sur des décisions cruciales", a dit un troisième haut fonctionnaire de la zone euro.

Source : Reuters

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Archives

Catégories