Pierre Moscovici réfute tout conflit d'intérêts sur Lazard

Le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, est la cible de critiques de la droite mais aussi de personnalités socialistes de premier plan pour le choix de la banque Lazard pour aider à la création de la Banque publique d'investissement. Pierre Moscovici a réfuté toute idée de conflit d'intérêts ou de "renvoi d'ascenseur", dénonçant une "insinuation malveillante"...

Dans un communiqué, le ministre de l'Economie a expliqué vendredi soir que l'Etat faisait appel à un conseil technique "sur toutes les opérations d'envergure nécessitant une expertise juridique, comptable, prudentielle et financière pointue et faisant appel à des valorisations d'actifs".

Il a précisé que Bercy avait lancé un appel d'offres et que quatre banques avaient présenté un dossier lors des auditions organisées le 7 août. Sur cette base, la banque Lazare frères a été retenue, précise-t-il. "Cet établissement a en effet présenté la meilleure offre, au regard des attentes exprimées et du prix, pour apporter un appui strictement technique à la mise en œuvre des décisions du gouvernement", ajoute le communiqué.

Le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, estime qu'il "faut faire attention" aux risques de conflit d'intérêts, même s'il pense que le dirigeant de Lazare, Matthieu Pigasse, est un "grand professionnel".

Sébastien Huyghe, secrétaire national de l'UMP s'étonne pour sa part "du règlement de comptes qui s'opère entre les deux ministres de Bercy" et s'interroge "sur leur capacité à travailler ensemble en toute sérénité".

Bercy a confié un mandat à l'établissement dirigée par le "banquier de gauche" Matthieu Pigasse, pour conseiller le gouvernement lors de la création de la future Banque publique d'investissement, promise par le candidat François Hollande.

Les regards s'étaient alors tournés vers Arnaud Montebourg, qui exerce la co-tutelle de l'Agence des participations de l'Etat et dont la compagne Audrey Pulvar travaille pour Matthieu Pigasse aux Inrocks, magazine dont il est propriétaire.

L'UMP a aussitôt interpellé le gouvernement sur ce choix, y voyant un risque de conflit d'intérêts. Pierre Moscovici a tenté de calmer la polémique en assurant avoir pris seul la décision de confier ce mandat à Lazard. Arnaud Montebourg "n'a absolument pas été impliqué dans ce choix, puisque c'est le ministère de l'Economie et des Finances qui pilote le financement de la future banque publique", a-t-il répété vendredi sur Europe 1.

Mais Arnaud Montebourg a enfoncé le clou. "Je pense que c'est une très mauvaise idée", a-t-il dit à l'issue de son intervention devant l'université du Medef. "D'autant que la Banque publique d'investissement, je trouve qu'elle ne peut pas être réalisée par des banquiers, parce que faire une banque qui ressemblerait à d'autres banques, c'est vraiment pas ce que l'on cherche à faire", a-t-il ajouté.

"Ce n'est pas moi qui l'ai prise (la décision-NDLR). Par ailleurs, je ne la connaissais pas et je l'ai découverte. Vous comprenez que je ne suis pas très content", a encore dit Arnaud Montebourg de la décision de Pierre Moscovici.

"Soyons vigilants et exigeants. L'exigence, elle est pour tout le monde, j'espère que nous veillerons à ne pas commettre ces fautes que commettait monsieur Sarkozy", mis en garde Bertrand Delanoë sur RTL.

Sébastien Huyghe juge "pour le moins étrange" que le ministre du Redressement productif, "ait été tenu à l'écart du processus de mise en place de la Banque publique d'investissement". "Soit il y a un problème de compétences et de coordination entre les divers ministres, soit on ne nous dit pas toute la vérité", écrit-il dans un communiqué.

©Crédit photo : REUTERS/Charles Platiau

Source : Reuters

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