Gaz de schiste : Montebourg veut une compagnie publique en cas d'exploitation écologique

Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg veut que l'exploitation des gaz de schiste soit confiée à une compagnie nationale publique et non au privé si une technique non polluante était mise au point, a indiqué son équipe mercredi...

"La rente captée par cette compagnie servirait notamment à financer la mutation écologique et à améliorer la compétitivité de l'industrie française", avait défendu le ministre - à titre personnel - lors d'une audition à l'Assemblée nationale mardi soir. Si exploitation il y avait, le ministre plaiderait très activement pour que ce soit par le truchement d'une compagnie nationale publique, a indiqué mercredi son entourage à l'AFP.

L'équipe d'Arnaud Montebourg a tenu à préciser que cette hypothèse se faisait bien dans le cadre fixé par le président de la République qui est de dire qu'il n'y aura pas de fracturation hydraulique, une technique controversée de fissuration des sous-sols qui présente des risques environnementaux.

A l'Assemblée nationale, M. Montebourg a souligné que pour exploiter les gaz de schiste dont le sous-sol français serait potentiellement riche, il faut d'abord régler le problème de la pollution des sous-sols, qui est un pur scandale aux Etats-Unis.

Il s'agit également de capter la rente que représenterait l'exploitation des gaz de schiste, en l'affectant pour la main droite à la compétitivité de l'industrie française, pour la main gauche au financement des énergies renouvelables.

"Pour capter la rente, et là c'est une position tout à fait personnelle qui n'engage pas le gouvernement, c'est une idée (...), c'est que nous puissions avoir une compagnie publique et nationale exploitant les gaz de schiste, et captant la rente, la partageant avec les territoires, permettant d'affecter les industries au plus près, leur diminuant le prix de l'énergie et assurant le financement de la mutation énergétique du reste du pays, et notamment nous libérant des hydrocarbures", a fait valoir M. Montebourg.

"Je pense que nous aurons une meilleure chance que si nous confions ça à l'industrie pétrolière comme aux Etats-Unis", a-t-il plaidé.

"Quant à l'hypothèse de trouver une technique d'exploitation des gaz de schiste respectueuse de l'environnement, je pense qu'on arrivera avec la technologie dans très peu de temps au gaz de schiste écologique. Où il n'y a pas de pollution", a-t-il dit.

"Pourquoi on ne pourrait pas convaincre les écologistes raisonnables ? Ils sont majoritairement raisonnables. Ils sont même tous raisonnables", a-t-il lancé. 

"J'ai noté que dans tous les scénarios d'alternative au nucléaire, on préconisait l'augmentation de l'usage du gaz (...) Nous avons là peut-être la possibilité de nous sortir de l'impasse dans laquelle se trouve aujourd'hui notre équation énergétique", selon lui. 

Les écolos sont furieux

Jean-Vincent Placé, président du groupe écologiste au Sénat, a estimé jeudi que le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, partisan d'une exploitation écologique des gaz de schiste, était désormais nuisible pour l'écologie et le gouvernement. "Montebourg sait que ce n'est pas la position du gouvernement, sait que ce n'est pas la position du président de la République (...) et il en rajoute une couche", a-t-il déclaré sur RFI, évoquant une possible provocation. 

"M. Montebourg, il ne lui reste plus que le verbe, parce qu'il vole d'échecs en échecs, de faillites en faillites, de Florange à Pétroplus, à Goodyear, à Peugeot. Partout où il passe, les emplois disparaissent et il représente un peu quelque part une faillite du verbe", a renchéri le patron des sénateurs écologistes. 

Pour M. Placé, "c'est quand même triste et pour le coup ça ne donne pas une bonne image du gouvernement [...] De fait, Arnaud Montebourg est à la fois nuisible à l'écologie et (...) nuisible au gouvernement". 

Qualifiant le ministre de "citoyen bourguignon" qui siège au Conseil des ministres et qui raconte ce qu'il pense, il a conclu sa charge en estimant que M. Montebourg commençait à "symboliser (...) l'idée d'impuissance de la politique, et lui pour le coup il est quand même très impuissant".

Source : AFP 

Samuel Cour

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