Pour Moscou, la levée de l'embargo de l'UE met à mal Genève II

La Russie a regretté mardi la fin de l'embargo de l'Union européenne sur les armes à destination de la Syrie et estime qu'elle met en péril la conférence internationale en préparation...

"Cela inflige des dégâts directs aux perspectives de réunir la conférence internationale", a estimé Sergueï Riabkov, vice-ministre russe des Affaires étrangères. La rencontre, proposée le 7 mai par Washington et Moscou, doit rassembler le mois prochain des représentants de l'opposition et du pouvoir syrien.

Réunis lundi à Bruxelles, les chefs de la diplomatie des Vingt-Sept n'ont pu se mettre d'accord sur l'avenir de leur embargo, qui expire le 1er juin.

De fait, cet échec autorise les Etats membres de l'UE à livrer des armes aux rebelles syriens, même si la France et la Grande-Bretagne, qui militent depuis des mois en faveur d'une aide militaire aux insurgés, se sont engagés à ne pas leur fournir d'armes "pour l'instant" afin de ne pas nuire à l'organisation de la conférence de Genève II.

"Il y a certaines conditions. On doit respecter le code de conduite européen et il n'y aura pas de livraisons avant le 1er août. Ça a à voir avec Genève II", expliquait-on de source diplomatique française dans la nuit de lundi à mardi. "C'est une levée théorique de l'embargo, puisqu'il n'y aura pas de décision de livrer des armes avant le 1er août au plus tôt", ajoutait-on de même source.

Paris juge que l'aide militaire fournie par la Russie et l'Iran aux forces syriennes justifie des livraisons d'armes aux insurgés afin de contraindre le régime à négocier.

Lors de sa dernière conférence de presse, le 16 mai, François Hollande s'est étonné que les Russes, "s'ils parlent d'une conférence, continuent de livrer des armes" à Damas. "Il y a urgence à régler la question sur le plan politique mais tout en maintenant la pression sur le plan militaire", a estimé le chef de l'Etat français.

Pour la France et la Grande-Bretagne, la perspective de livraisons d'armes aux insurgés permettra de renforcer l'opposition syrienne lors de ces pourparlers, même si cette dernière, divisée, n'a toujours pas décidé de participer ou non à la conférence.

Plusieurs Etats membres de l'UE, au premier rang desquels l'Autriche et la Suède, jugent en revanche qu'un afflux d'armes en Syrie va aggraver les violences et contribuer davantage à la déstabilisation de la région.

Même si la France et la Grande-Bretagne décident de fournir des armes aux rebelles, elles devront autoriser ces livraisons au cas par cas et vérifier qu'elles ne finissent pas entre de mauvaises mains.

Catherine Ashton, Haute Représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, s'est efforcée de donner le change en assurant que l'Union européenne n'avait pas perdu sa capacité à adopter "une politique commune".

"Ce que cela signifie, c'est qu'il y a une reconnaissance du fait qu'en tentant de déterminer la meilleure manière de soutenir le peuple syrien, les pays voudront prendre des décisions (par eux-mêmes)", a-t-elle dit à la presse.

Source : Reuters
©Crédit photo : REUTERS/Jim Young

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