Grèce : tout un quartier byzantin émerge sous les rails d'un futur métro

Les archéologues de Thessalonique, la deuxième ville de Grèce au nord du pays, étaient ravis en 2006, lorsqu'une voie romaine, vieille de 2.300 ans a été mise à jour, au démarrage des travaux de construction du nouveau métro de la ville. La décision toute récente de maintenir in situ l'avenue souterraine, décrite un peu rapidement par la presse locale comme une "Pompei grecque" (ou byzantine) a été saluée comme une victoire majeure des archéologues dans un pays en crise, où la plupart des budgets culturels ont été réduits à néant...

"C'est une grande victoire" dit Aristote Mentzos, enseignant d'archéologie byzantine à l'université de Thessalonique. De telles voies de passage "existent dans d'autres villes romaines, mais aucune d'entre elles n'a eu une durée d'utilisation continue sur une aussi longue période de temps que celle-ci : sept siècles", a dit M. Mentzos à l'AFP.

A cinq mètres au dessous du niveau de la ville moderne, les fouilles ont permis de mettre à jour des traces significatives de la vie urbaine entre le 4e et le 9e siècle. En plus d'un tronçon pavé de marbre de 76 mètres dont la construction initiale remonte au 3e siècle avant notre ère, qui mène au port, ils ont trouvé un portail romain monumental et les restes de plusieurs édifices publics, offrant un rare aperçu sur la vie quotidienne commerciale et sociale dans un quartier du début de l'empire Byzantin.

"Il s'agissait d'un croisement central de la ville près du grand marché et des bâtiments publics" dit Despina Koutsoumba, qui dirige l'association des archéologues grecs. "Le quartier a d'ailleurs conservé les mêmes caractéristiques aujourd'hui, au coeur de la ville moderne de Thessalonique" note-t-elle.

Plusieurs textes de l'époque, laïcs ou religieux, font spécifiquement référence à cette avenue, connue à l'époque sous le nom de "route du milieu", commerçante de jour et abandonnée aux processions religieuses et aux défilés d'icônes et de reliques la nuit, une pratique très commune durant la période byzantine en Grèce.

Au départ, la société d'ingénierie chargée des travaux de percement des tunnels et construction des voies avait demandé que l'avenue byzantine et les bâtiments trouvés soient entièrement excavés et déménagés sur un autre lieu. Mais cela aurait rendu leur conservation "techniquement impossible".

"Imaginez-vous un déménagement de la Tour Eiffel ou de Big Ben de leur lieu de construction original ?", s'indignaient les archéologues dans une pétition signée par plus de 12.000 personnes, dont de nombreux universitaires. Après la médiation du conseil municipal et d'universitaires, le tunnelier a reculé. Les plans actuels prévoient de maintenir in situ jusqu'à 84% des pièces trouvées, à l'endroit même où une station de métro doit être construite. 

Quelque 100.000 objets au total ont déjà été déterrés, au moins 50.000 pièces de monnaie, signant l'activité commerciale du lieu, bijoux, lampes, pièces de vaisselle, ainsi que 2.500 tombes des périodes hellénique et romaine.

Thessalonique, un port au riche passé cosmopolite, où l'histoire s'empile en strates depuis des siècles, a une position unique, reliant les Balkans à la grande Méditérrannée. La ville a été fondée au 4e siècle avant notre ère par le roi Cassandre de Macédoine, qui lui a donné le nom de son épouse, Thessalonique, fille d'Alexandre le Grand. Elle fut une ville juive prospère dont la communauté fut anéantie par les nazis durant la deuxième guerre mondiale.

Le projet de métro lancé en 2006 devait initialement se terminer en 2012. Il devrait désormais être opérationnel en 2016.

Source : AFP

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