La véritable histoire d'Hugo Chavez, bilan...

La mort d'Hugo Chavez a suscité l'émoi au Vénézuela et à travers le monde. Mais c'est aussi un évènement majeur dont se sont très rapidement emparés à la fois des élus du PS français, mais aussi les médias pro-impérialisme américain qui n'ont pas hésité à mentir sur le bilan de Chavez et son histoire. Cet article vient rétablir la vérité sur le bilan de l'une des plus grandes figures historiques du Vénézuela...

Hugo Chavez n'était sans nul doute pas l'un des plus grands défenseurs des libertés individuelles ou de la liberté de la presse. C'est d'ailleurs sur ce point que se sont basés ces dernières heures les journalistes pour faire passer, probablement à tort, "el comandante" pour un dictateur (en oubliant de dire qu'au Venezuela, les médias publics représentent 5.4% de l'audience totale, contre 37% en France). Les médias mainstream se sont d'ailleurs empressés de diffuser les images de rencontres entre le dirigeant vénézuélien et les plus grands "infréquentablesde la planète (selon le terme journalistique le plus souvent employé), tels que : Vladimir Poutine, Bachar Al-Assad, Mouammar Kadhafi ou encore Mahmoud Ahmadinejad.

Malheureusement, les journalistes oublient de préciser (volontairement ?), que si ces hommes étaient très proches, c'est bien évidemment car ils avaient 2 volontés communes : la lutte contre l'impérialisme exacerbé du gouvernement américain (notamment pour M. Chavez, dans le cadre de la toute-puissance américaine en Amérique Latine), mais aussi car ils défendaient pour la plupart un idéal socialiste, impliquant une redistribution des richesses vers le Peuple.

Ces 2 luttes ont été le fer de lance de toute la politique de Chavez pendant ses 14 ans au pouvoir. En 1992, Chavez organise un coup d'Etat contre le gouvernement libéral alors aux ordres du FMI et de la Banque Mondiale. Il accuse le président de l'époque, Carlos Andrés Pérez, de mener une politique contraire aux engagements électoraux et d'avoir engagé l'armée dans une vague de répressions sanglantes. Pour ce coup d'Etat, Chavez écope de 2 ans de prison. Une fois en liberté, il fonde le Mouvement Cinquième République et est élu président en 1998. Son slogan : "Fléau de l'oligarchie et héros des pauvres". 

Après s'être employé à modifier la constitution et les institutions démocratiques, dans le but de faciliter les réformes, Chavez est réélu une seconde fois en 2000 avec 59,5% des voix. C'est alors que l'homme prend de l'importance à l'international en étant le premier dirigeant à se rendre en Irak suite à la première guerre du Golfe. 

Chavez, chef de file de l'anti-impérialisme américain

Malgré les pressions américaines, il rencontre alors Saddam Hussein, avec lequel il signe une lettre d'intention pour la création d'une commission mixte destinée à promouvoir la coopération bilatérale entre l'Irak et le Venezuela et discute des moyens de renforcer le rôle de l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole - NDLR). Il faut dire que le Venezuela est le deuxième producteur mondial de pétrole (et accessoirement, le 4e fournisseur des USA), ce qui explique cette visite en Irak ainsi que son tour des pays de l'OPEP à cette époque. A ce moment même, il fait également une visite officielle en Iran et rencontre son homologue Mohammad Khatami. Cette tournée dans les pays du golf lui vaut les foudres des Etats-Unis. Commence alors une vive contestation de Chavez vis-à-vis des américains et une volonté farouche d'affirmer la souveraineté du Vénézuela.

Suite à ces évènements  Chavez dénoncera régulièrement ce qu'il considère comme les actions directes de l'impérialisme américain. Lorsque Clinton menace la Russie et la Chine pour avoir défendu Bachar Al-Assard (lors de la révolte en Syrie - NDLR), le président vénézuélien s'insurge : " Nous avons vu des menaces proférées par la secrétaire d’Etat à l’égard de la Russie et de la Chine, selon lesquelles ces pays devraient payer cher s’ils ne faisaient pas ce qu’on exigeait d’eux. Vous comprenez ? C’est la folie flagrante de ceux qui se croient les maîtres du monde entier"; ajoutant par la suite "Il y a de nombreux problèmes à l’intérieur des Etats-Unis, mais cela ne les empêche de chercher à faire en Syrie ce qu’ils ont déjà fait en Libye".

Défenseur de Khadafi, il déclarera à propos des printemps arabes : "Nous devons défendre la souveraineté de tous les pays… Comment ne pas appuyer le gouvernement si c’est un gouvernement légitime." Accusant les Américains et Israël d'être impliqués dans les soulèvements au Moyen-Orient, il pointe également du doigt la propagande des médias occidentaux en les accusant de mentir.

S'il défend les résistants arabes et maghrébins à l'impérialisme américain, Chavez a également fortement tenté de mettre un terme à l'emprise des Etats-Unis sur l'Amérique Latine (emprise dont on connait les conséquences, notamment avec la prise de pouvoir au Chili du sanguinaire et ultra-libéral Augusto Pinochet, avec le soutien de la CIA). En effet, son élection en 1998 et l'arrivé au pouvoir de Lula au Brésil et de Nestor Kirchner en Argentine, permettent de faire tomber à l'eau le projet de grand marché commun des Amériques, l’Alca, défendu par George Bush.

Hugo Chavez a expliqué que la fin de l’Alca a permis de préserver le continent du néolibéralisme sauvage et de sauver le Mercosur (marché commun du cône sud) d’une disparition certaine, de créer l’Unasur (Union des Nations Sud-Américaines  l’Alba (Union bolivarienne pour les peuples de l’Amérique) et la Celac (Communauté des Etats d’Amérique et des Caraïbes) et ainsi de se départir de la tutelle étatsunienne. C’est la lutte entre le "Monroïsme (du nom de la doctrine Monroe qui faisait de l’Amérique une chasse gardée de Washington) et du Bolivarianisme (le rêve de Bolivar d’une Amérique latine unie)" avec le triomphe de ce dernier.

Le Chavisme au service du petit Peuple
Durant ces 14 années au pouvoir, le Vénézuela a beaucoup changé. La priorité d'Hugo Chavez était la redistribution des richesses nationales au Peuple. Ainsi, une grande partie de la manne pétrolière a été utilisée pour financer la politique sociale du pays. Cette politique sociale s'est traduite de diverses façons, comme par exemple la vente de produits alimentaires à prix subventionnés qui a permis à des millions de pauvres de sortir de la misère. 

Chavez s'est également fortement impliqué dans le développement du système éducatif du pays, notamment en construisant de nombreuses écoles et en fournissant aux plus pauvres des livres et des ordinateurs gratuitement. La santé était aussi le fer de lance du programme du dirigeant : des millions de Vénézuéliens ont ainsi pu accéder à un programme de sécurité sociale. Des dizaines de milliers de logements ont également été construits pour les plus démunis. Enfin, grâce à Chavez, se sont désormais 2 300 000 retraités qui peuvent toucher une pension chaque mois pour subsister. 

Du côté de l'agriculture, les paysans ont également bénéficié de la révolution bolivarienne : grâce à la réforme agraire, le pays est passé de 17 160 577 tonnes d’aliments produits en 1998 à 24 686 018 tonnes en 2010, soit une augmentation de 44 % ! 

Au final, la pauvreté a régressé entre 2002 et 2010, passant de 48,6 % à 27,8 %, tandis que l’extrême pauvreté suivait la même courbe — de 22,2 % à 10,7 %. Le Venezuela affiche par ailleurs le niveau d’inégalités le plus faible de la région : l’antithèse du néolibéralisme sauvage qui étrangle les Européens. Le PIB/habitant Vénézuélien est désormais quasiment au même niveau que celui d'un Brésilien ou d'un Mexicain ! 

Un bilan en demi-teinte

Bien que le bilan de Chavez soit globalement positif, notamment pour les classes populaires, affirmer qu'il n'y a aucun point noir serait également aussi malhonnête que les propos des journalistes que nous avons entendus depuis mardi soir. Il faut en effet noter que de nombreux problèmes subsistent encore au Vénézuela, à savoir le manque de liberté dans les médias, la corruption encore très forte, l'insécurité et la faiblesse de l'appareil productif. C'est d'ailleurs en proposant des solutions sur ces thèmes que Chavez avaient été réélu le 7 octobre 2012.

En effet, l'opposition libérale et une partie du Peuple s'était souvent plainte d'un laisser-aller économique : le dirigeant Vénézuélien était accusé de s'être simplement assis sur la manne du pétrole, sans réellement chercher d'autres axes de développement, voir même à délaisser l'industrie.

Sources : NouvelObs  - Associated Press - La Voix de la Syrie - CIA.gov - Le Monde - Wikipédia - Le Figaro - CEPAL

Samuel Cour

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