L'ONU veut une enquête sur la mort d'un Palestinien en prison en Israël

L'ONU a demandé lundi une enquête indépendante sur la mort d'un Palestinien dans une prison israélienne, et a mis en garde contre de nouvelles flambées de violence dans les territoires occupés après des tensions ces derniers jours...

Le coordinateur des Nations unies pour le Moyen-Orient, Robert Serry, a demandé cette enquête impartiale après s'être entretenu avec le Premier ministre palestinien Salam Fayyad de la mort d'Arafat Jaradat, un militant du Fatah mort samedi dans une prison israélienne. Son décès, selon l'Autorité palestinienne, est dû à des tortures. M. Serry a souligné que des experts israéliens et palestiniens avaient pu examiner le corps de la victime au cours d'une autopsie commune.

"Les Nations unies attendent que l'autopsie soit suivie d'une enquête indépendante et transparente sur les circonstances de la mort de M. Jaradat, dont les résultats seront rendus publics aussi vite que possible", a déclaré Robert Serry.

Les autorités pénitentiaires israéliennes ont indiqué que M. Jaradat semblait mort d'une crise cardiaque. Mais le ministre palestinien en charge des Prisons, Issa Qaraqqa, citant les résultats préliminaires d'une autopsie commune, a rapporté des traces de coups sur le corps de la victime, des côtes cassées ainsi que des lésions musculaires.

Des milliers de personnes ont assisté aux obsèques d'Arafat Jaradat lundi dans une ambiance tendue. Des militants ont crié vengeance et, selon M. Serry, ces tensions croissantes présentent un vrai risque de déstabilisation.

La semaine passée, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait fait part de son inquiétude concernant les grèves de la faim de prisonniers palestiniens retenus dans les cellules israéliennes. Il avait demandé à ce que les droits des détenus palestiniens soient pleinement respectés.

Arafat Jaradat ne faisait pas partie des 11 prisonniers palestiniens en grève de la faim dont le mouvement a déclenché d'importantes manifestations de solidarité ces derniers jours. Ils protestent contre les mauvais traitements infligés par l'administration pénitentiaire israélienne et la détention administrative. Quatre d'entre eux observent depuis plusieurs mois une grève de la faim par intermittence pour exiger leur libération. Les deux premiers, relâchés dans le cadre de l'échange d'un millier de prisonniers palestiniens contre le soldat israélien Gilad Shalit en 2011, ont ensuite été de nouveau arrêtés, pour violation des conditions de leur libération, selon Israël. Les deux autres, arrêtés en novembre, sont en détention administrative.  

Un premier mouvement de grève de la faim de détenus avait déjà eu lieu au printemps dernier. Il avait été suspendu après qu'Israël, craignant une flambée de violence en cas de décès de l'un des grévistes, eut cédé sur trois des revendications des prisonniers : levée de la détention illimitée sans jugement, de l'isolement carcéral et autorisation des visites pour les prisonniers originaires de Gaza, en échange d'un engagement signé à "s'abstenir de tout acte de terrorisme" ainsi que de toute nouvelle grève de la faim. Mais la grève a repris après qu'une quarantaine de prisonniers élargis dans le cadre de l'échange avec Gilad Shalit, ont été à nouveau arrêtés et remis en prison. 

La détention administrative est une disposition héritée du mandat britannique sur la Palestine, qui permet aux tribunaux militaires israéliens d'ordonner des détentions sans inculpation pour une période de six mois, renouvelable indéfiniment. Selon le droit international, la détention administrative ne peut être utilisée qu'à titre exceptionnel. Son usage systématique par l'administration pénitentiaire israélienne viole donc ce droit international souligne l'organisation israélienne des droits de l'Homme B'Tselem. 4800 prisonniers palestiniens sont actuellement détenus en Israël dont 200 en détention administrative, selon l'ONG palestinienne Addameer. 

"L'administration pénitentiaire israélienne est par ailleurs régulièrement accusée de mauvais traitements sur les prisonniers palestiniens par les organisations de défense des droits de l'Homme", rappelle Julien Salingue, thésard à Paris 8. "700 plaintes ont été déposées pour mauvais traitements depuis 2003, mais aucune n'a débouché sur des poursuites", complète-t-il.  

Sources : AFP - Romandie - L'Express
Crédit photo : Reuters/Ammar Awad

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Archives

Catégories